À l’ouest du Jourdain de Amos Gitaï : critique

Publié par Philippe Descottes le 11 octobre 2017

Synopsis : Amos Gitaï retourne dans les territoires occupés pour la première fois depuis son film documentaire Journal de Campagne (1982). Gitaï circule en Cisjordanie, où il est témoin des efforts de citoyens israéliens et palestiniens pour tenter de dépasser les conséquences d’une occupation qui dure depuis cinquante ans.

♥♥♥♥♥

 

A louest du jourdain de Amos Gitai - affiche

À l’Ouest du Jourdain de Amos Gitaï – affiche

Avec son nouveau long métrage, Amos Gitaï poursuit son travail de documentariste et d’observateur du conflit israélo-palestinien, comme il l’a déjà fait auparavant dans son documentaire-fleuve Donnons une chance à la paix (1993), ou encore L’Arène du meurtre (1996) et le docu-fiction Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin. Ces deux derniers films sont consacrés à Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien assassiné par un extrémiste juif en novembre 1995, et aux conséquences de sa mort sur le processus de paix et les accords d’Oslo de 1993 dont il fut l’un des principaux artisans. Trente-cinq ans après l’un de ses premiers documentaires, Journal de campagne, tourné avant et pendant la guerre du Liban de 1982, le réalisateur retourne en Cisjordanie, dans les Territoires occupés depuis 1967 et la Guerre des Six jours. À la manière d’un journaliste, il associe reportages sur le terrain et entretiens et apparaît souvent à l’écran. Des moments complétés par des extraits d’une très longue conversation qu’il a eu avec Yitzak Rabin, très peu de temps avant son assassinat. Un document qui va bien au delà de l’habituelle dichotomie terroristes/colons de biens des médias. Sans surprise, le constat qu’il dresse de la situation est des plus sombres. La politique d’extrême droite du gouvernement Netanyahou empêche toute solution du conflit. Les accords d’Oslo et de Camp David (2000) sont bel et bien morts et enterrés. Pourtant, Amos Gitai croit toujours en des lendemains meilleurs. Au cours de son voyage, il rencontre des mères israéliennes et palestiniennes membres de The Parents Circle, une association réunissant des familles ayant perdu des enfants à cause du conflit. Il fait découvrir B’Tselem, une organisation non gouvernementale qui aide les femmes palestiniennes à filmer les exactions dans les Territoires occupés, ou filme également une fête où israéliens et palestiniens partagent leur passion de la danse orientales et du backgammon. Le film abonde d’exemples d’hommes et de femmes qui agissent au nom de leur conscience civique. Mais il souffle également le froid. Difficile alors de partager ces moments optimistes, d’autant plus que la musique triste et lancinante d’Amit Poznansky qui accompagne le documentaire n’y aide pas. Les déclarations de Rabin révèlent son côté visionnaire, en prévoyant notamment l’émergence du terrorisme. Hormis le fait qu’ « (…) il n’a pas eu de successeur dans sa recherche sobre et réaliste d’une paix juste », souligne l’éditorialiste du quotidien Ha’Aretz, Ari Shavit, co-auteur de reportages réguliers dans les Territoires. C’est bien là le drame, malgré toutes les bonnes volontés sur le terrain d’avancer, d’aller plus loin, pour trouver des solutions. D’autant plus que, toujours devant la caméra, on entend ces propos, l’un et l’autre terrifiants pour des raisons opposées, ceux d’un enfant palestinien pour qui : « la vie est belle, mais mourir en martyr c’est mieux », et ceux de la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, qui revendique le droit à occuper les terres palestiniennes « au nom de la religion (…) » ! Si À l’ouest du Jourdain, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier Festival de Cannes, entretient malgré tout une lueur d’espoir, celle-ci reste bien mince et risque de s’éteindre à tout moment.

 

 

 

  • À L’OUEST DU JORDAN (West of the Jordan River – Field Diary revisited)
  • Sortie salles : 11 octobre 2017
  • Réalisation et Scénario : Amos Gitaï
  • Production : Romain Picard, Amos Gitaï
  • Photographie : Oded Kirma, Eitan Hai, Vladimir Truchovski
  • Montage : Tal Zana, Vincent Schmitt, Yuval Orr
  • Musique : Amit Poznansky
  • Distribution : Sophie Dulac Distribution
  • Durée : 1h24

 

Commentaires

A la Une

Cannes 2024 : Le Studio Ghibli sera récompensé d’une Palme d’or d’honneur

Pour la première fois de son histoire, le comité d’organisation du Festival de Cannes va décerner une Palme d’Or d’honneur collective à un studio de cinéma. Un choix audacieux pour …

Y a-t-il un flic : Pamela Anderson rejoint Liam Neeson dans le remake 

Le projet de remake de la saga Y a-t-il un flic va raviver la nostalgie de nombreux fans, avec l’arrivée de l’icône Pamela Anderson aux côtés de Liam Neeson.

Cannes 2024 : La Quinzaine des cinéastes dévoile sa sélection officielle

La 56e sélection de la Quinzaine des cinéastes se révèle avec des films indépendants, engagés et atypiques à travers le globe.

Cannes 2024 : La sélection de la Semaine de la Critique

La Semaine de la Critique, qui aura lieu entre le 15 et le 23 mai, a dévoilé sa sélection qui vise toujours à mettre en avant les premiers et seconds longs-métrages.

Cannes 2024 : La sélection officielle dévoilée

La sélection officielle de cette 77e édition du Festival de Cannes promet d’être intéressante. Un nouveau film de Yórgos Lánthimos avec Emma Stone, le retour de la saga Mad Max, un projet de Francis Ford Coppola vieux de presque 40 ans, et bien d’autres surprises…

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 S.O.S FANTOMES : LA MENACE DE GLACE 308 185 1 308 185
2 KUNG FU PANDA 4 300 396 3 1 460 893
3 GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE 245 400 2 688 104
4 NOUS, LES LEROY 204 366 1 204 366
5 DUCOBU PASSE AU VERT ! 163 343 2 394 526
6 LA MALEDICTION : L'ORIGINE 104 374 1 104 374
7 DUNE DEUXIEME PARTIE 92 500 7 3 957 190
8 LE MAL N'EXISTE PAS 69 187 1 69 187
9 PAS DE VAGUES 63 322 3 328 687
10 ET PLUS SI AFFINITES 58 491 2 208 240

Source: CBO Box office

Nos Podcasts