L’actrice, nommée deux fois aux Oscars et qui a incarné l’image du cinéma indépendant américain des années 1970 et 1980 avec son mari John Cassavetes, s’est éteinte ce mercredi 14 août 2024 dans sa demeure d’Indian Wells en Californie.
« Donnez-lui n’importe quoi et elle saura toujours être créative. Elle n’essaie pas de faire la différence, elle EST différente ». Ces mots sont ceux de son défunt mari, John Cassavetes, pour décrire celle avec laquelle il a partagé sa vie pendant trente-cinq ans et collaboré dix fois en tant que réalisateur, scénariste et acteur.
Gena Rowlands, décédée ce mercredi 14 août est l’une des actrices les plus talentueuses et influentes de sa génération. Elle a notamment été citée comme modèle par des d’autres de consœurs, telles que Sharon Stone ou Jessica Lange.
Née sous le nom de Virginia Cathryn Rowlands le 19 juin 1930 à Madison, Wisconsin, Gena Rowlands n’était pas prédestinée à faire du cinéma. C’est en voyant jouer Bette Davis que cette fille d’un banquier sénateur décide de quitter l’Université du Wisconsin pour rejoindre l’Académie Américaine d’Arts dramatique de New York afin d’y poursuivre ses études.
Diplômée à 22 ans, elle décroche son premier rôle à la télévision dans la série Top Secret (1954) au côté de Paul Stewart qu’elle retrouvera dans Opening Night (1977). Son premier rôle au cinéma est dans la comédie romantique L’amour coûte cher (The High Cost of Loving, 1958), réalisée par José Ferrer.
Mais Gena Rowlands est surtout connue pour sa collaboration prolifique avec son mari, le cinéaste John Cassavetes, qui a révolutionné le cinéma indépendant américain. Ensemble, ils ont créé des chefs-d’œuvre qui resteront gravés dans l’histoire du cinéma, tels que Une femme sous influence (1974) et Opening Night (1977). Dans ces films, elle incarnait des personnages féminins profonds et nuancés, aux prises avec des tourments émotionnels intenses. Des rôles qui ont mis en lumière son talent incontestable, mais aussi redéfini la représentation des femmes à l’écran.
Une femme sous influence lui a d’ailleurs valu une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice en 1975. Son interprétation est souvent citée comme l’une des plus grandes performances de l’histoire du cinéma.
Elle a continué à travailler avec John Cassavetes jusqu’à sa mort d’une cirrhose en 1989, cimentant ainsi leur place comme l’un des couples les plus dynamiques et créatifs du cinéma indépendant américain des années 1970 et 1980. Ils financent eux-mêmes leurs films, hypothéquant leur propre maison et empruntant à leurs familles et amis pour Une femme sous influence, par exemple. Gena Rowlands révèle d’ailleurs que la moitié de leurs films ont été faits dans leur maison.
Elle déclare également : “Nous voulions un certain mode de vie. Nous voulions nous lever et faire ce que nous voulions vraiment faire ce jour-là. Nous ne voulions pas faire quelque chose que tout le monde nous disait de faire. Croyez-moi, tout le monde disait que nous faisions la mauvaise chose, tout le temps. Mais c’était terriblement satisfaisant”.
Les dix collaborations du duo : Un enfant attend (1963), Faces (1968), Machine Gun McCain (1969), Minnie and Moskowitz (1971), Une femme sous influence (1974), Un tueur dans la foule (1976), Opening Night (1977), Gloria (1980), Tempête (1982) et Love Streams (1984).
Gena Rowlands a également laissé son empreinte dans le cinéma grand public, avec des rôles marquants dans des films : Gloria (1980), pour lequel elle a reçu une autre nomination aux Oscars, Une autre femme (1988) de Woody Allen, ainsi que dans des œuvres plus récentes comme Taking Lives (2004) ou N’oublie jamais (The Notebook – 2004). Réalisé par son fils, Nick Cassavetes, elle incarne dans ce dernier une femme âgée atteinte de la maladie d’Alzheimer. Maladie dont elle était elle-même touchée depuis cinq ans selon son fils.
Tout au long de ses six décennies de carrière, elle a reçu de nombreux honneurs, dont quatre Emmy Awards, un Golden Globe et un Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Venise. En 2015, elle a également reçu un Oscar d’honneur en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au cinéma.
Gena Rowlands laisse derrière elle une filmographie riche et un héritage cinématographique à la hauteur de son talent. Elle laisse avant tout derrière elle ses enfants, Nick, Alexandra et Zoe, ainsi que son mari Robert Forrest, qu’elle a épousé en 2012.
Florian Rouaud