Le grand réalisateur britannique Alan Parker, connu pour ses grands succès critiques et publiques, est décédé à l’âge de 76 ans ce 31 juillet des « suites d’une longue maladie », a rapporté le porte-parole de sa famille.
Alan Parker, né en 1944 à Islington, Angleterre, restera dans l’Histoire du cinéma pour le souffle de violence qui animait ses films les plus célèbres. Une violence psychologique d’abord qui caractérise le parcours de Billy Hayes, le jeune touriste américain incarcéré dans la prison turque de Midnight Express (1978). Scénarisé par Oliver Stone, le second long métrage de Parker marque son arrivée tonitruante dans le système hollywoodien.
Marqué par ses débuts dans la publicité (une formation propre à toute une génération de réalisateurs qui émergèrent dans les années 1980), Parker marque ses films d’une recherche visuelle qui fait le prix de ses productions suivantes. La violence esthétisée de Angel Heart (1987) ou l’atmosphère nébuleuse de Birdy (1984) s’offrent comme des transports vers la symbolique d’un imaginaire aussi précieux que sidérant.
Difficile alors de ne pas reconnaître en Parker un précurseur de la nouvelle génération de réalisateurs américains qui émergera à la fin des années 1980 et au tout début des années 1990 : David Fincher, le Michael Bay première manière, et, bien sûr, Oliver Stone. On retrouve chez eux une même volonté de surprendre le public à travers une mise en scène qui complaît en même temps qu’elle agresse l’œil du cinéphile le plus aguerri.
Par ailleurs, Parker partage avec ses cadets un goût prononcé pour la musique. Si la bande musicale composée par Giorgio Moroder pour Midnight Express est restée dans les annales, l’identité orchestrale du cinéaste s’affirme avec le musical Fame (1980) et le génial The Wall (1982), pendant à la sauce Pink Floyd du Tommy (1975) réalisé par Ken Russell (avec lequel Parker partage d’ailleurs un certain nombre d’affinités).
Près de dix ans plus tard, ce sera à nouveau par le biais de la musique que le réalisateur reviendra vers sa Grande-Bretagne natale avec Les Commitments (1991) qui narre le parcours musical de chômeurs irlandais. Impossible enfin, de ne pas mentionner la comédie musicale Evita (1996) qui permet à Parker de retrouver Oliver Stone à l’écriture du scénario. Si le film profite pleinement de l’aura de son tandem de stars composé par Madonna et Antonio Banderas, il n’en propose pas moins une réflexion intéressante sur la politique et le succès, l’attachement à ses racines et la perte de l’innocence.
La singularité de Parker aura pourtant du mal à s’affirmer avec le temps. À partir de Mississippi Burning (1988), le cinéaste choisit de s’orienter vers les films à thèse. Bienvenue au Paradis (1990), Les Cendres d’Angela (1999), et La Vie de David Gale (2003), sa dernière production, ont moins la forme de brûlots que de plaidoyers en faveurs de valeurs nobles et universelles.
On retiendra cependant de Parker son talent protéiforme qui lui permit de s’épanouir autant dans le drame intimiste (L’Usure du temps) que dans la fresque historique (Aux bons soins du docteur Kellogs).