Ressortie/ L’usure du temps de Alan Parker: critique

Publié par Thierry Carteret le 10 décembre 2015

Synopsis : Faith et George se sont sûrement aimés l’un l’autre dans le passé. Mais un jour, ils décident de se séparer. Avec leurs quatre enfants, ils tentent de trouver l’équilibre dans cette famille éclatée, malgré la rudesse des sentiments, la rancune et la souffrance accumulées.

 

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LUsure du Temps -affiche

L’Usure du Temps -affiche

Sorti la même année que l’excellent The Wall, L’usure du temps est bien sûr à des années-lumière de l’opéra rock flamboyant sur Pink Floyd. Alan Parker s’intéresse ici à décrire le lent mécanisme qui mène un couple d’Américains moyens, à priori sans histoire, à la séparation. Un sujet que le réalisateur britannique, derrière Midnight Express, Birdy, Fame ou encore Angel Heart, maîtrise parfaitement puisque c’est aussi sa propre expérience personnelle qu’il raconte à travers ce drame poignant. L’usure du temps est relativement passé inaperçu en 1982, en partie à cause du succès de The Wall et ce, malgré sa sélection en Compétition officielle au Festival de Cannes. Le distributeur Splendor Films redonne une seconde chance à cette oeuvre intimiste, l’une des préférées du réalisateur de son propre aveu, en le ressortant en salles en version restaurée le 23 décembre. Bo Goldman (Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, The Rose) signait là son premier scénario de cinéma, sous l’impulsion de Burt Lancaster. La star hollywoodienne a en effet rapidement repéré ses talents de dramaturge lors de leur rencontre sur Playhouse, série télévisée multi-récompensée que le scénariste a également produite. Après avoir circulé durant dix ans sur les tables de réflexion à Hollywood pour être finalement jugé infaisable, le scénario, titré initialement Switching avant d’être baptisé L’usure du temps, atterrit donc entre les mains d’Alan Parker. Cette histoire racontée par Goldman, récompensé par la Writers Guild of America en 1983, lui a été adressée par les cadres de la 20th Century Fox, décidés encore à prendre des risques suite au succès inattendu d’un « petit » space opera, Star Wars de George Lucas.

 

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Sur un rythme lent et aux accords mélancoliques du morceau au piano Don’t Blame Me, L’usure du temps déroule son action intimiste. Pourtant loin d’être nombriliste, ce drame amoureux se révèle très attachant grâce à la véracité et à la justesse des situations. Porté par les talents d’Albert Finney (Wolfen) et de Diane Keaton (Annie Hall), primés en 1983 par un BAFTA (pour Finney) et deux Golden Globes (pour Finney et Keaton), le récit nous fait suivre la désagrégation de ce couple, en proie aux rancÅ“urs et aux frustrations accumulées. Alan Parker décrit une union en pleine dérive qui ne parvient pas à mettre le mot ‘fin’ à leur histoire. Constamment tourmentés entre présent et passé, ils passent leur temps à vouloir éviter l’inéluctable et la séparation définitive, en tentant de préserver la cellule familiale avec leurs quatre enfants, pris dans cette tempête.

 

S’ils ne s’aiment plus, un lien de complicité les unit fortement encore. Cette dimension est magnifiquement exposée, notamment dans une belle séquence où Faith et George se retrouvent dans un restaurant, suite au procès de leur divorce, avant de refaire une dernière fois l’amour. Face à eux, dans le rôle des deux amants, Karen Allen (Les aventuriers de l’Arche perdue) incarne une jeune femme ambiguë et intéressée, et Peter Weller (Robocop), un amant macho et solide, à l’opposé de la délicatesse et la fragilité de son ainé et rival. Leur présence apporte une réflexion plus large sur le couple, mais aussi sur le temps, le désir et les corps usés par le sexe, les disputes, les concessions, les compromis et les mensonges. Intensifié par la photographie de Michael Seresin (LA PLANÈTE DES SINGES – L’AFFRONTEMENT – notre critique), ce drame psychologique alterne sans cesse entre légèreté et gravité via des séquences tantôt joyeuses, tantôt tristes. L’ensemble est superbement rythmé par des morceaux des Rolling Stones, de Bob Seeger et de The Eagles. Une expérience de cinéma cathartique pour Alan Parker qui, à l’égard de sa propre tragédie intime, tend un miroir à tout un chacun.

 

 

 

  • Ressortie de L’USURE DU TEMPS (Shoot the Moon) réalisé par Alan Parker en salles le 23 décembre 2015 en version restaurée.
  • Avec : Albert Finney, Diane Keaton, Karen Allen, Peter Weller, Dana Hill, Viveka Davis, Tracey Gold, George Murdock, Leora Dana, Irving Metzman, Kenneth Kimmins, Michael Alldredge…
  • Scénario : Bo Goldman
  • Production : Alan Marshall
  • Photographie : Michael Seresin
  • Montage : Gerry Hambling
  • Décors : Robert Nelson, Doug von Koss
  • Costumes : Kristi Zea
  • Distribution : Splendor Films
  • Durée : 2h04
  • Date de sortie initiale : 19 février 1982

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