Synopsis : A 18 ans, Maria Enders a connu le succès en incarnant Sigrid, jeune fille ambitieuse et au charme trouble qui fascine et conduit au suicide une femme mûre, Helena. Vingt ans plus tard, à l’apogée de sa gloire, elle reçoit à Zurich un prix prestigieux au nom de Wilhelm Melchior, l’auteur et metteur en scène de la pièce qui, quelques heures avant la cérémonie, meurt subitement. On propose à Maria Enders de reprendre cette pièce, mais cette fois de l’autre côté du miroir, dans le rôle d’Helena.

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Sils Maria d’Olivier Assayas – affiche

Olivier Assayas a marqué son retour sur la Croisette en compétition officielle pour ce 67e festival de Cannes, après Les Destinées Sentimentales, Demonlover et Clean, valant à Maggie Cheung (son ex-épouse) le prix d’interprétation féminine. Le cinéaste français a foulé ainsi à nouveau le tapis rouge quatre ans après Carlos, le buzz hors compétition de l’édition 2010, et propose non seulement un intéressant et délicat portrait de femmes, emmenées par Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Grace Moretz, mais aussi une mise en abyme du monde du théâtre et du cinéma, dont les figures féminines se font à la fois échos entre elles et à leurs véritables parcours. Sils Maria, qui fait référence à un village des Alpes suisse rendu célèbre par plusieurs personnalités, dont Nietzsche, explore l’une des thématiques de prédilection du cinéaste : les effets du temps qui passe tout en sillonnant la question générationnelle. Juliette Binoche – toujours aussi bouleversante – se glisse dans la peau d’une comédienne au sommet de sa gloire qui, à l’approche de la quarantaine, se voit offrir la possibilité de rejouer une pièce théâtrale de Wilhelm Melchior, qui l’a révélée adolescente. Si elle a porté à son apogée Sigrid, une jeune fille aussi ambitieuse que fascinante qui poussa au suicide Hélèna, une femme mûre, il est question pour elle d’explorer désormais l’intériorité de cette dernière, et de se confronter à une jeune star montante (Chloé Moretz) qui reprend le rôle de ses 18 ans. Assayas nous immerge alors dans des discussions, sur et autour de la pièce, essentiellement entre l’actrice et son assistante personnelle, campée par une Kristen Stewart, dont la nonchalance donne étrangement un effet de surjeu à son interprétation, et à leur relation très proche. Cette dernière tente de la soutenir et de lui faire passer sa propre vision afin de la convaincre d’accepter ce nouveau rôle aussi attirant que terrifiant. Si le récit est enveloppé de mystère, Sils Maria parvient à brouiller les frontières dans cette notion où la vie réelle se voit rattraper par la vie fictive du personnage. A travers toutes ces réflexions existentielles, Assayas y entremêle des images panoramiques sublimes des montagnes avec cette brume se transformant en nuages flottants, qui se déplacent comme le temps qui passe. Introspectif, cérébral, feutré, vaporeux et élégant, Sils Maria est une Å“uvre sensible à effets de miroir avec au cÅ“ur du récit, une multitude d’interrogations qui taraudent cette femme, comme l’angoisse de faire face à sa propre mort si elle rejoue dans la pièce, la confrontation entre actrices montantes et chevronnées, le rapport de la femme avec son passé et la jeunesse perdue…

• SILS MARIA écrit et réalisé Olivier Assayas en salles le 20 août 2014.
• Casting : Juliette Binoche, Kirsten Stewart, Chloé Grace Moretz, Lars Eidenger, Johnny Flynn, Angela Winkler, Hanns Zischler, Brady Corbet, Aljoscha Stadelmann, Claire Tran, Stuart Manashil…
• Production : Karl Baumgartner, Thanassis Karathanos, Jean-Louis Porchet, Gérard Ruey.
• Photographie : Yorick Le Saux.
• Décors : François Renaud Labarthe
• Costumes : Jurgen Doering
• Montage : Marion Monnier
• Son : Daniel Sobrino
• Distribution : Les Films du Losange
• Durée : 2h03

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