Synopsis : Huit ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublants semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.
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Six ans après Adoration, Atom Egoyan a marqué son retour en compétition officielle au festival de Cannes 2014 avec Captives. Le cinéaste canadien des Beaux Lendemains, lauréat du Grand Prix du Jury en 1997, signe un thriller à la structure complexe qui aborde les thématiques de l’enlèvement d’enfants, de la séquestration, du deuil, de la culpabilité, du voyeurisme, des hautes technologies et des réseaux pédophiles sur internet. De séquences en séquences, le récit immersif alterne passé et présent sur les huit ans qui ont suivi la disparition d’une fillette, pour reconstituer le puzzle de l’enquête. Rien n’est jamais montré, tout est toujours soigneusement suggéré, se combinant assez bien avec la texture visuelle élégante. C’est ce qui rend aussi le cheminement narratif prenant, en dépit d’un dénouement vite emballé et relativement convenu. Captives n’est bien sûr pas sans rappeler l’excellent PRISONERS (notre critique) de Denis Villeneuve, avec certainement moins de tension palpable du point de vue de son traitement scénaristique. Mais Atom Egoyan n’est pas tant porté sur les révélations que sur le fait de se focaliser sur toutes ces institutions qui garantissent confiance, foi et sécurité. Si rien n’est nouveau sous le soleil, il joue néanmoins sur toute une approche artistique appréciable, notamment celle de l’étrangeté d’une singulière efficacité. Elle enveloppe ce thriller de bout en bout, tout en jouant à semer la confusion chez chacun des personnages.
On se polarise ainsi sur Ryan Reynolds et Mireille Enos dans les rôles des parents de Cassandra, leur fille de dix ans enlevée. Celle-ci, d’abord incarnée par Peyton Kennedy puis par Alexia Fast, se retrouve cloisonnée pendant huit ans dans une chambre sous caméra de surveillance. Elle est embrigadée par le chef d’un réseau pédophile, campé par un trop propret et maniéré Kevin Durand, qui l’utilise pour appâter d’autres enfants. Cette attention la marque en outre du syndrome de Stockholm. Si la star de The Killing porte physiquement tout le poids de ce traumatisme dans son rôle de mère, le personnage central reste cependant Ryan Reynolds qui incarne, en demi-teinte, malgré son interprétation légitime et sobre, un père rapidement soupçonné d’être à l’origine de l’enlèvement. Face à eux, Rosario Dawson complète ce duo en femme flic qui lutte contre ces réseaux pédophiles experts en hautes technologies, ayant une relation avec son coéquipier de son unité (Scott Speedman). Au final, si Atom Egoyan joue à fond sur l’esthétique et les décors neigeux canadien, Captives n’en demeure pas pour autant froid ni dénué d’émotion. Son traitement, son tempo et son étrangeté permettent à ce thriller de se concevoir comme un objet de curiosité qui parvient à capter l’attention, en dépit des nombreux clichés et des raccourcis qui abondent.
- CAPTIVES (The Captive) d’Atom Egoyan en salles françaises le 7 Janniver 2015.
- Casting : Ryan Reynolds, Mireille Enos, Scott Speedman, Rosario Dawson, Kevin Durand, Alexia Fast, Peyton Kennedy, Bruce Greenwood
- Scénario : Atom Egoyan, David Fraser
- Production : Simone Urdl, Jennifer Weiss, Stephen Traynor.
- Photographie : Paul Sarossy.
- Direction Artistique : Kim McQuiston.
- Musique : Mychael Danna
- Décors : Phillip Barker, Robert Hepburn.
- Costumes : Debra Hanson.
- Montage : Susan Shipton.
- Distribution : ARP Sélection
- Durée : 1h52
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