Je venais d’avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J’étais amoureux. Ensuite, on m’a demandé de partir sur une base militaire et d’être le tireur du premier tank à traverser la frontière libanaise. Cela devait être une mission d’une journée toute simple mais ce fut une journée en enfer. Je n’avais jamais tué quelqu’un avant cette terrible journée. Je suis devenu une vraie machine à tuer. Quelque chose là-bas est mort en moi. Sortir ce tank de ma tête m’a pris plus de 20 ans. C’est mon histoire.

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Aujourd’hui, une nouvelle génération de réalisateurs dépasse la simple volonté de raconter, de narrer ou de reporter des faits sur la guerre et transforme la mise en scène en une expérience cinématographique extrême, qui évite ainsi toutes explications superflues. Buried de Rodrigo Cortes en est la référence à date. Samuel Maoz signe avec Lebanon, son premier long-métrage de fiction et s’inspire de son vécu pour mieux exorciser des blessures émotionnelles post-traumatiques de plus de 20 ans.

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Le cinéaste israélien, ex soldat de Tsahal, réussit un véritable tour de force en cloîtrant le spectateur dans l’espace exigu, étouffant, sombre et crasseux d’un tank où tout est filmé du point de vue subjectif de quatre jeunes soldats, avec pour seule vision extérieure parcellaire, la lunette de visée. Maoz ressert l’étau et aborde sur une journée, de manière radicale et sans concession sa propre histoire et force le spectateur à vivre sa tension permanente sensorielle et auditive où se mêlent tirs, explosions, échos et bruits de ferraille. Lebanon au budget réduit coproduit par Arte, a été refusé au festival de Cannes, mais fut sacré par un Lion d’or à la Mostra de Venise en 2009.

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Lebanon est le dernier film en date à traiter de la guerre du Liban au travers du regard d’un cinéaste israélien. Tout comme le film d’animation Valse avec Bachir d’Ari Folman (César, Golden Globe et Oscar du Meilleur film Etranger), qui retraçait le massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, Lebanon est une plongée dans la mémoire et les traumatismes en écartant tout point de vue politique. Dans l’espace confiné, le cinéaste rend compte de l’absurdité de la guerre et de la mise en abyme de jeunes soldats qui perdront à jamais leur innocence.

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Tout comme Beaufort de Joseph Cedar (Ours d’argent à la Berlinale 2008), adapté de l’article de Ron Leshem « S’il existe un Jardin d’Eden », qui dépeignait la tragédie des soldats postés dans la forteresse de Beaufort quelques jours avant le retrait israélien du Liban, le char de Lebanon devient le principal protagoniste physique. Maoz multiplie les gros plans et dans une perspective qui n’offre en visibilité pas plus de 30 à 40° au travers du viseur, supprime de surcroît toute profondeur de champ. De l’ennemi invisible, on n’entendra que le son des tirs. Des combats, on ne verra dans le périscope que des corps déchiquetés et ensanglantés, étalés le long de la route. Maoz nous embarque dans ses souvenirs pour partager cette journée en enfer avec lui et les jeunes appelés où chaque instant est teinté de panique, de colère et de peur. « L’homme est d’acier, le tank n’est que ferraille », phrase gravée dans le char, Maoz en démontrera sa fragilité. C’est ce qui fait la force, la dureté et le réalisme de Lebanon dans lequel on retrouve Zohar Strauss (Tu n’aimeras point) ou encore Oshri Cohen (Beaufort).

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Lebanon de Samuel Maoz, disponible en DVD dès le 22 septembre 2010

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