Le cinéma d’Art et d’Essai Méliès à Montreuil dans le département de la Seine Saint Denis fête ses 40 ans d’existence et deviendra début 2013 un véritable espace culturel dédié avec des salles supplémentaires performantes et innovantes accessibles à tous, y compris aux publics handicapés, un café, un lieu d’exposition et une terrasse.
Créé à Montreuil en 1971 par UGC puis racheté ensuite par la municipalité, le cinéma Méliès est sous la direction de Stéphane Goudet depuis 2002. Les trois salles, actuellement installées au rez-de-chaussée du centre commercial de la Croix de Chavaux avec une capacité de 495 places, réalisent 200.000 entrées par an. Début 2013, 6 nouvelles salles – comptant 1120 fauteuils – ouvriront dans le quartier nouveau de la mairie avec un café, un lieu d’exposition et une terrasse. C’est une belle réussite face à deux grands groupes d’exploitation cinématographique UGC et MK2 qui avaient dénoncé le projet pour abus de position dominante, mais c’est aussi le résultat d’une volonté de diffuser les œuvres plus longtemps et d’entretenir la convivialité.
Le succès de cette salle est dû essentiellement à l’impulsion de son directeur qui, au travers de nombreuses actions organisées autour du cinéma, a su attirer les spectateurs, mais aussi les cinéphiles, les cinéastes et les jeunes voire les très jeunes. Des débats sont régulièrement organisés en présence de grands cinéastes ou d’acteurs, comme récemment Wes Anderson, Peter Bodganovich, les frères Dardenne, Manuel de Oliveira, Jacques Audiard, Laurent Cantet, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Todd Solondz, Nuri Bilge Ceylan, Milos Forman, Fanny Ardant… Des avant-premières ont eu lieu en présence des cinéastes tels Apichatpong Weerasethakul, Ken Loach, Stephen Frears et prochainement seront présentés Putty Hill de Matthew Porterfield, Un été brûlant de Philippe Garrel, l’Appolonide – souvenirs de la maison close de Bertrand Bonnello et Restless de Gus Van Sant.
Le Méliès a projeté Une séparation d’Asghar Farhadi (Ours d’Or et Ours d’Argent pour les interprètes à Berlin) trois mois avant sa sortie. Devant le succès reçu par ce film iranien en France (plus de 500.000 entrées), le Méliès a décidé de le rediffuser et d’ajouter un cycle dédié au réalisateur Asghar Farhadi (du 10 au 23 août). Une autre rétrospective, celle de Stanley Kubrick, surfant sur le succès de l’exposition organisée par la Cinémathèque de Paris, est programmée jusqu’au 30 août (voir le programme du cinéma).
Mais la liste des activités et des manifestations citées ici, est loin d’être exhaustive car Stéphane Goudet, toujours à la recherche de nouveaux publics, multiplie les coopérations. Deux festivals sont co-organisés avec l’équipe du Méliès : Les Rencontres du cinéma documentaire et Les Rencontres cinématographiques de la Seine Saint Denis. Et l’équipe du Méliès, cherchant toujours à satisfaire un public exigeant, lui donne rendez-vous également le samedi 10 septembre de 14 à 20h, pour une vente exceptionnelle de plusieurs centaines d’affiches originales de cinéma (voir la liste jointe).
La ville de Montreuil est la ville du cinéma par excellence ! Georges Méliès, créateur du cinéma et des effets spéciaux, a aménagé le premier studio au monde dans sa propriété en 1896, boulevard du Président-Wilson. En 1904, Charles Pathé s’installe dans une ancienne écurie située au 52, rue du Sergent Bobillot et y fonde à son tour un nouveau studio pour concurrencer Méliès et sa société Star Film. Lors de la révolution russe de 1917, de nombreux artistes quittent leur pays, emménagent dans le studio loué par les frères Pathé et créent la fameuse société des Films Albatros, dont certaines productions sont très connues : Napoléon d’Abel Gance (1927), Carmen de Jacques Feyder (1926) ou encore Un Chapeau de Paille d’Italie de René Clair (1927). C’est la période de prospérité car plus de 1.200 films y seront tournés et selon Françoise Christmann de Montreuil Dépêche : « On peut lire dans un journal de cinéma qu’il n’est nul besoin d’aller à Los Angeles pour produire des somptuosités ; on fait tout aussi bien à Montreuil ! ». Malheureusement, le Studio Albatros ne survivra pas au passage du parlant à la fin des années 1920 et l’ensemble des archives de cette société de production est désormais détenu par la Cinémathèque Française. Montreuil sous bois, qui a aussi vu naître Niels Arestrup ou encore Elodie Bouchez, reste fidèle à son histoire et de nombreux professionnels du cinéma s’installent aujourd’hui encore dans cette cité où ont lieu également de nombreux tournages…
Pour découvrir et feuilleter le programme jusqu’au 6 septembre, c’est par ici.