La femme du Vème : critique film

Publié par Nathalie Dassa le 17 octobre 2011

Tom Ricks, romancier américain, la quarantaine, vient à Paris dans l’espoir de renouer avec sa fille. Mais rien ne se passe comme prévu : logé dans un hôtel miteux, il se retrouve contraint de travailler comme gardien de nuit. Alors qu’il croit toucher le fond, Margit fait irruption dans sa vie, elle est anglaise, sensuelle et mystérieuse. Mais les règles qu’elle lui impose sont strictes, il ne devra lui poser aucune question et ne pourra la voir que deux fois par semaine. Cette étrange relation glisse progressivement vers une liaison des plus passionnelles…

 

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Après le succès critique et public de l’adaptation cinématographique de L’HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE (lire notre critique) réalisée par Eric Lartigau avec Romain Duris, c’est maintenant au tour de La Femme du Vème de prendre vie sur grand écran sous la direction de Pawel Pawlikowski, primé par le BAFTA du meilleur film avec My Summer of Love en 2004. Le cinéaste polonais, installé à Londres, transpose ici l’un des bestsellers de l’écrivain américain Douglas Kennedy paru en 2007, qui s’aventurait pour la première fois aux frontières du surnaturel dans sa bibliographie. Si Pawlikowski reprend certains éléments constitutifs du thriller littéraire, il s’en écarte très vite pour se réapproprier une intrigue plus resserrée et dépouillée. Il propose ainsi une nouvelle trajectoire à ce romancier et professeur universitaire américain, d’une quarantaine d’années, interprété par un bouleversant Ethan Hawke parlant français, qui débarque dans la ville lumière avec l’espoir de renouer avec sa fille de 6 ans, et fait la rencontre d’une femme magnifique, mystérieuse et sensuelle, jouée par Kristin Scott Thomas. Ce duo, qui fonctionne très bien à l’écran, nous fait découvrir – sans grand étonnement – une nouvelle facette de l’acteur américain, capable d’exploiter avec force son potentiel dramatique dans un cinéma beaucoup plus confidentiel.

 

 

 

Si le contexte reste codifié dans les scènes d’exposition dès son arrivée à Paris, avec sa femme qui le rejette et lui interdit de revoir sa fille, entrainant sa fuite puis le vol de ses valises, pour finalement trouver refuge dans un hôtel miteux et devenir gardien de nuit pour survivre, le cinéaste entraîne ensuite progressivement le spectateur dans la spirale de cet individu qui touche le fond et développe une schizophrénie latente. Pour les lecteurs réguliers de l’écrivain, Pawlikowski déconstruit ici volontairement les chemins balisés des romans de Kennedy bâti sur la vie ordinaire, le déclic, le libre-arbitre, la seconde vie, les conséquences et la rédemption. Tout comme les visions de la capitale où Kennedy exprime également sa passion pour le cinéma en décrivant les salles obscures, les cinéastes et les films d’art et d’essai de la rue des Ecoles et son goût prononcé pour les films noirs. Dans une photographie stylisée, Pawlikowski pose ici un regard à la fois réaliste, mais plus contemplatif et onirique sur les personnages plongés dans les décors parisiens occultes, taggés, vétustes et désincarnés si familiers qu’ils en deviennent étrangers. Cependant, il parvient à retranscrire l’atmosphère du livre au travers de la chute de cet homme et de cette relation passionnelle et privée avec cette femme énigmatique, véritable personnage clé qu’il ne peut retrouver seulement après 16h, auprès de laquelle se déclenche une série d’événements étranges.

 

 

La Femme du Vème devient alors plus trouble avec des situations plus imperceptibles, se transformant en un espace mental où tout prend forme via la vision de ce personnage solitaire tant sympathique que paumé, dépressif, contradictoire et suicidaire. Au final, Pawlikowski suit le point de vue subjectif de cet individu complexe, en filmant à la dérobée sa femme et sa fille qu’il observe caché derrière un arbre ou un bâtiment, le raccrochant à une certaine existence déjà révolue comme une entité anonyme. Mais il déconcerte néanmoins le spectateur par la tournure de cette adaptation qui s’en octroie hélas le terme uniquement dans les trente premières minutes du film.

 

 

 

‘La Femme du Vème’ de Pawel Pawlikowski en salles le 16 novembre, avec Kristin Scott Thomas, Ethan Hawke, Joanna Kulig, Samir Guesmi, Delphine Chuillot, Julie Papillon. Scénario : Pawel Pawlikowski inspiré de l’oeuvre de Douglas Kennedy. Production : Caroline Benjo, Carole Scotta. Directeur de la Photo : Ryszard Lenczewski. Décorateur : Benoît Barouh. Musique : Max de Wardener. Costumes : Julian Day, Shaida Day. Distribution : Haut et Court. Durée : 1h25.

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