Synopsis : Lorsque le détective d’une section d’élite enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue, il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges.
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Depuis sa sortie dans les salles, The Snowman subit les critiques virulentes outre-Atlantique. Son réalisateur, Tomas Alfredson (La taupe, Morse), a lui-même désavoué en partie son projet, estimant que faute de temps de tournage suffisant, il manquait « 10 à 15 % du scénario ». C’est donc un produit entouré d’une mauvaise réputation qui nous arrive, avec en prime une traduction de titre pour l’hexagone dont on se serait volontiers passé. S’il est clair que Le Bonhomme de neige est une erreur de parcours pour Alfredson, et un cas d’école de post-production ratée, il n’est pas non plus la catastrophe abyssale annoncée théâtralement par la critique américaine et anglaise. Tiré d’une série de romans noirs de l’écrivain norvégien Jo Nesbø, dans la continuité du polar scandinave comme Millenium, on suit les déboires du détective Harry Hole, interprété sans conviction par Michael Fassbender, dans sa traque d’un serial killer au modus operandi dicté par un traumatisme d’enfance. Harry Hole compile tous les stéréotypes du flic de polar : désabusé, alcoolique mais fin limier. Ces caractéristiques sont malheureusement très mal exploitées, et jamais l’intrigue ne questionne ces clichés ou ne les met à contribution d’une intrigue linéaire avare en retournements de situations. Tout est trop littéral, trop attendu, au point que Fassbender apparaît comme une épave unidimensionnelle plutôt qu’un personnage contrasté et équivoque. Le rôle de Rebecca Ferguson en partenaire d’enquête est plus subtile et ses motivations secrètes constituent l’intrigue parallèle la plus intéressante, mais elle est au final trop peu exploitée. Le développement multiplie les sous-intrigues diversement intéressantes, du scandale politique aux poncifs rabâchés des relations père-fils. Charlotte Gainsbourg en ex-femme n’a pas d’existence et ne sert que d’enjeu scénaristique pour le personnage de Harry Hole. Toutes les cases du polar scandinave sont cochées sans éclats et il est difficile de s’impliquer émotionnellement dans quoi que ce soit.
De bonnes idées sont en revanche à créditer du côté de la mise en scène. La direction artistique est globalement réussie, et l’on retient des plans iconiques de bâtisses isolées au milieu de la toundra enneigée, propices à une atmosphère pesante. De même, une utilisation intelligente du climat norvégien neigeux, avec un pervertissement des jeux enfantin. L’apparition de ce bonhomme de neige dans le cadre annonce un danger sourd et larvé. Si certaines situations relèvent des clichés peu inspirés du genre (le climax sur un lac gelé craquelant), certaines trouvailles viennent malgré tout casser la monotonie de l’intrigue.
Il est dommage alors que ces éléments soient dévoyés par un montage chaotique, pourtant assuré par Thelma Schoonmaker, monteuses d’Hollywood triplement oscarisée. Si on passe sur plusieurs faux raccords gênants, l’enchaînement de scènes n’ont cependant aucun lien de causalité. Ces ellipses narratives entraînent des incohérences dans le développement, et l’intrigue avance de manière douteuse, sans justification. D’ailleurs, certaines scènes dévoilées dans les bandes annonces sont tout simplement absentes du cut final. Ce problème vient confirmer les rumeurs de production et post-production bâclées qui entourent le long métrage. Et la bande originale quelconque ne vient pas sauver l’ensemble. Le bonhomme de neige devient dès lors un polar pétri de bonnes intentions mais terne et paresseux.
- LE BONHOMME DE NEIGE (The Snowman)
- Sortie salles : 29 novembre 2017
- Réalisation : Tomas Alfredson
- Avec : Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Val Kilmer, J. K. Simmons, Toby Jones, Chloë Sevigny, David Dencik, James d’Arcy
- Scénario : Sorein Sveistrup, Hossein Amini, Matthew Michael Carnahan, d’après le roman de Jo Nesbø
- Production : Tim Bevan, Eric Fellner, Robyn Slovo, Peter Gustafsson
- Photographie : Dion Beebe
- Montage : Claire Simpson, Thelma Schoonmaker
- Décors : Maria Djurkovic
- Costumes : Julian Day
- Musique : Marco Beltrami
- Distribution : Universal Pictures France
- Durée : 1h59
- Site officiel du film