[Copyright©ND – archive web dec 2009] Après la comédie surréaliste ‘Dans la Peau de John Malkovich’ (Being John Malkovich) en 1999 et la mise en abyme du principe d’adaptation cinématographique dans ‘Adaptation’ en 2003, ‘Max et les Maximonstres’ (Where the Wild Things Are) est le nouveau petit bijou de Spike Jonze.
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Présent à l’avant-première, animée par Lionel Delplanque (Promenons nous dans les Bois, Président) au Cinéma des Cinéastes, Spike Jonze – réalisateur, producteur, acteur et maintenant scénariste dans ce troisième long-métrage – confirme ses talents novateurs, inventifs et narratifs. Dès ses débuts, ce faiseur inspiré skateur dans l’âme s’oriente sur des projets atypiques entre publicités, vidéos de skateboard, clips musicaux (Björk, Beastie Boys, Kanye West, REM, Chemical Brothers, Fatboy Slim), courts-métrages et documentaires. Jonze produit également la série TV foutraque Jackass, diffusée sur MTV, dont il est créateur et auteur avec Johnny Knoxville, Jeff Tremaine et Aron Watman, ainsi que les deux longs-métrages, adaptés de la série.
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Mais c’est en formant le duo talentueux scénariste/réalisateur avec Charlie Kaufman pour le cinéma, qu’il trouve la reconnaissance internationale. Dans la Peau de John Malkovich lui vaut une nomination Meilleur Réalisateur aux Oscar et une aux César dans la catégorie Meilleur Film Étranger. Adaptation, nominé 6 fois aux Golden Globe, dont Meilleur Réalisateur, récompense Chris Cooper (qui a également remporté l’Oscar) et Meryl Streep en tant que Meilleurs Seconds Rôles.  En parallèle, Jonze produit également Human Nature de Michel Gondry, coécrit par Charlie Kaufman, et Synecdoche, New York, première réalisation de ce dernier.
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Max et les Maximonstres est en quelque sorte « un mixe » de ses deux précédentes œuvres : cette adaptation a pour objectif d’entrainer le spectateur dans le monde intérieur d’un enfant. Pour la première fois, Jonze se retrouve sans Charlie Kaufman et se soumet à l’écriture en coécrivant avec Dave Eggers, écrivain, scénariste et ami. Cette vision sur l’adaptation du livre éponyme de l’auteur/illustrateur Maurice Sendak, également coproducteur du film, est un véritable plaidoyer universel sur l’enfance.
Dans ce conte d’aventure poétique et visuel, où s’entrecroisent réalité et imaginaire dans une parfaite alchimie de couleurs et de sons oniriques, Jonze réussit à faire renaître tous les sentiments juvéniles qui sont en nous. Car qui n’a pas été un enfant hyperactif, enjoué, imaginatif, incompris et révolté ? Qui ne s’est pas rêvé au centre du monde, capable de pouvoir changer l’univers ? Édité en 1963, Where the Wild Things Are est devenu très vite culte chez les anglo-saxons. Maurice Sendak l’a imaginé en 100 et quelques mots, Spike Jonze l’a développé en 1h40, tout en préservant la valeur, l’essence et la fraîcheur de sa trame narrative.
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Jonze et Eggers nous montrent le point de vue subjectif de Max (Max Records), un enfant de 9 ans, vêtu d’un costume de loup, qui souhaite trouver sa place au sein d’un nouveau royaume à la mesure de son imagination. Les Maximonstres cherchent un leader et Max se sent prêt à le devenir. Cet enfant roi s’engage à leur apporter le bonheur attendu. Mais gouverner n’est pas si facile…
Un voyage initiatique où la rencontre avec ces créatures géantes poilues sur une île mystérieuse, entraîne le spectateur dans une réalité extraordinaire, tangible, palpable, sensitive et émotionnelle. Les Maximonstres, tout aussi complexes que l’être humain, sont capables de sentiments profonds, d’humour, de tendresse et de férocité. Les étreintes, le toucher, leur proximité, leur respiration, leurs dimensions, leurs poids : tous les sens en alerte, sont ressentis comme vrais.
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Sans avoir recours au full 3D habituel très en vogue, Jonze se démarque et sublime le réalisme. Il met en scène des acteurs cachés dans des costumes, avec des raccords 3D sur les visages des créatures. Il crée ainsi une interaction entre le comédien et les monstres, évoluant dans des décors réels (désert, forêt, mer, plage…) Filmé le plus souvent caméra à l’épaule pour renforcer l’énergie débordante de l’enfant, le spectateur est amené à vivre une expérience auditive dans la scène où Max se réveille sur les épaules du monstre Carol. Le son de sa voix et de sa respiration, rendu par des haut-parleurs cachés dans ses poils, nous arrive en direct.
Mais toute la force et l’émotion du film résident presque dans une seule et même parole prononcée deux fois, qui provoque à la fois le départ et le retour de Max et devient de surcroît les fondements du scénario. Jonze et Eggers créent un parallèle, reflet émotionnel de l’enfant, qui se révèle lors de la querelle fatidique entre Carol et Max. Une prise de conscience naît dans le regard expressif de Max. Oui, on a tous en nous quelque chose de « Wild Thing »… Ainsi, il peut prendre le recul suffisant pour distinguer ses peurs, ses colères et ses envies afin de les comprendre à leur juste mesure.
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Coproduit également par Tom Hanks et l’actrice Catherine Keener (Dans la Peau de John Malkovich, Adaptation) qui incarne la mère de Max, Max et les Maximonstres est le fruit créatif et artistique d’un travail d’équipe où tout est en harmonie : le scénario, la mise en scène, l’image esthétique et pastellisée, le décor imaginatif des habitats en forme circulaire, la bande originale rock et douce comme les mélodies enfantines (à l’écoute sur Deezer) et le casting des personnes réelles et vocal.
Jonze travaille toujours avec les mêmes personnes. Il retrouve ainsi les compositeurs Carter Burwell et Karen O du groupe Yeah Yeah Yeah’s, le directeur de la photographie Lance Acord, le décorateur K.K Barrett, le monteur Eric Zumbrunnen, le costumier Casey Storm et le producteur, Vincent Landay avec qui il collabore depuis 16 ans. Ce dernier a produit récemment le documentaire, nominé aux Oscars, Tell Them Anything You Want : A Portrait of Maurice Sendak, coréalisé par Spike Jonze et Lance Bangs et diffusé sur HBO en octobre 2009..
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Max et les Maximonstres sorti le 16 décembre 2009
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