Chez les Harmon, les choses vont mal. Vivien a fait une fausse couche, son mari Ben l’a trompée et leur fille Violet est dépressive. Pour tenter de résoudre leurs problèmes, ils décident de quitter Boston pour s’installer dans une vielle maison victorienne de Los Angeles. Mais pour cette famille au bord de la rupture, il n’est pas certain que ce soit le meilleur endroit pour se reconstruire. La demeure abrite bien des secrets…
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Diffusée à partir du 5 Octobre 2011 sur la chaîne FX, American Horror Story est une série américaine créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk dont la première saison compte 12 épisodes de 42 minutes. Il y a des séries comme ça qu’on n’attend pas et qu’on va regarder par curiosité sans trop savoir ce que c’est. Dès les premières scènes, et surtout après un générique particulièrement bien fait (conçu par Kyle Cooper, à qui l’on doit le générique de WALKING DEAD), on sait qu’on se trouve face à quelque chose qu’on n’a encore jamais vu et de furieusement intrigant. La question est alors de savoir si la série va tenir toutes ses promesses au fil des 12 épisodes. Dès que l’on parle maison hantée, on pense aussitôt au chef-d’œuvre de Robert Wise, La Maison du Diable, un des très rares films à avoir véritablement suscité la peur chez les spectateurs. On peut aussi citer des œuvres comme La Maison des Damnés de John Hough, Amytiville de Stuart Rosenberg ou bien encore Shining de Stanley Kubrick. Mais American Horror Story se démarque complètement de ces références car ici ce n’est pas la peur qui est le propos mais un certain sentiment de malaise suscité non pas par une demeure aux allures inquiétantes mais par une ribambelle de personnages aussi torturés les uns que les autres. Ici, pas de force invisible, pas de bruits étranges la nuit, pas de sang qui suinte des murs ou d’objets qui se déplacent tout seuls. Non, la maison est bien hantée mais par des esprits assez particuliers car ici les fantômes sont très loin d’être des goules monstrueuses ou des êtres immatériels cherchant à terroriser les habitants. Non, on ne les distingue pas forcément des vivants… et puis il y a d’autres fantômes, plus insidieux, ceux qui hantent les esprits des habitants de la demeure, leur culpabilité, leurs doutes, leurs faiblesses.
La série propose quelque chose d’assez novateur, une manière différente d’aborder le sujet. On se demande d’ailleurs au cours des premiers épisodes où nous mènent les scénaristes et si leur montage scénaristique ne va pas s’écrouler à un moment ou à un autre quand ils se prendront les pieds dans un scénario qui semble assez complexe. Ce qui inquiète aussi, c’est l’accueil qu’une telle série peut recevoir aux Etats-Unis où les taux d’audience sont à ce point vitaux. Pas le moindre humour, très peu d’action, une ambiance malsaine à souhait… pas vraiment la meilleure recette pour le marché américain. C’est donc avec un mélange d’inquiétude et de curiosité qu’on découvre cette histoire assez particulière. Et le résultat est particulièrement convaincant. Le scénario (dont nous ne dévoilerons aucun détail pour ne pas trahir son intérêt) s’avère parfaitement bien maîtrisé. Tous les éléments s’intègrent parfaitement dans le récit et constituent un tout cohérent. Et pourtant la tâche n’est pas simple tant il y a de personnages qui vont et viennent dans cette étrange maison. Presque à chaque épisode on en découvre de nouveaux tous aussi intéressants et tous aussi dérangés.
D’ailleurs la grande force d’American Horror Story, ce sont ses personnages et les acteurs qui les interprètent. En commençant pas les Harmon, bien entendu. Ben (Dylan McDermott) veut sauver sa famille coûte que coûte mais il est rongé par la culpabilité et constamment soumis à la tentation quand il rencontre Moira la femme de ménage (remarquables Frances Conroy/Alexandra Breckenridge) qu’il voit jeune alors que presque tous les autres la voient âgée. Pour couronner le tout, Ben est psychiatre et les scénaristes se font un malin plaisir d’ébranler ses certitudes dans ce domaine. Vivien (Connie Britton) souffre d’avoir été trompée pas son mari mais aussi par la perte de l’enfant qu’elle portait. Les nerfs à vif, au bord de la dépression, elle veut croire à un nouveau départ qui passe d’abord par un nouvel enfant. Enfin, pour compléter le tableau, Violet (Taissa Farmiga) est une adolescente solitaire, mal dans sa peau et qui souffre de dépression. Autant dire que les Harmon sont les parfaits candidats pour les tortures que la maison et certains de ses résidents ne manqueront pas de leur infliger. Parmi la vingtaine de protagonistes qui vont graviter autour des Harmon, il faut aussi citer deux personnages principaux : Constance (interprétée par une Jessica Lange sublime et inquiétante à souhait) qui semble faire partie des murs puisqu’elle passe son temps à venir rendre visite aux Harmon même s’ils ne le veulent pas, et Tate (Evan Peters) un garçon suivi par Ben pour de très graves problèmes psychologiques.
Maîtrisée de bout en bout, avec une ambiance originale et particulièrement malsaine, brillamment interprétée et réalisée, American Horror Story s’avère une parfaite réussite. Cerise sur le gâteau, avec de très bons taux d’audience, la série est renouvelée et on aura droit à une suite. Par contre, la saison 1 constitue une histoire terminée et la saison 2 présentera donc une nouvelle intrigue et de nouveaux protagonistes. Espérons qu’elle sera du même calibre.
Philippe Tessier
Série américaine AMERICAN HORROR STORY créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk de 12 épisodes de 52 minutes et diffusée sur FX à partir du 5 Octobre 2011 avec Dylan McDermott, Connie Britton, Evan Peters, Taissa Farmiga, Denis O’Hare, Jessica Lange. La série est diffusée en France sur Ciné+ Frisson à partir du 5 Mai 2012.
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