Photo Paramount Theatre – ©Matt Lambros – Galerie Sakura

Photo Variety Theatre – ©Matt Lambros – Galerie Sakura

Des fauteuils déchirés, des lopins de terre au pied des sièges, une vitrine de confiserie vide… ‘‘After the final curtain’’ de Matt Lambros a de quoi fasciner et émouvoir plus d’un cinéphile. Ouverte tous les jours de 11h à 20h jusqu’au 30 avril à la Galerie Sakura (Bercy-Village, 14 cour Saint-Emilion), l’exposition du photographe américain traduit bel et bien ce mélange de beauté et de mélancolie qu’il a lui-même éprouvé à la découverte de ces cinémas privés, pour la plupart fermés depuis les années 70 ou 80. Ils n’ont d’ailleurs jamais connu de projet de réhabilitation depuis leur abandon.

Parmi la quarantaine de ces établissements que Lambros a photographiés sur plusieurs années aux quatre coins des Etats-Unis, 11 sont donc actuellement offerts au regard des visiteurs de la galerie Sakura. Un sacré privilège puisqu’il s’agit de la première présentation en France des œuvres du photographe. Chacun peut même admirer les détails des vestiges et deviner le luxe d’antan puisque les photographies sont exposées en grand format, soit 1 mètre sur 1,5 mètre pour la majorité des toiles. « Nous avons découvert Matt Lambros sur internet il y a quelques mois et nous avons pris contact avec lui, tout s’est fait très vite, raconte Jean-Baptiste Simon, l’un des galeristes. Nous avons tout de suite aimé son travail de fond, et son approche mêlant exploration et documentation. Il était ensuite important de choisir des photos très différentes. »

Photo Salle de Projection Proctor’s Palace – ©Matt Lambros – Galerie Sakura

Mission accomplie : les perspectives, des légères plongées sur la largeur d’une salle à une vue latérale depuis un balcon, ne manquent pas de diversité, et les images soulignent toutes à leur façon l’ambivalence de ces cinémas américains datant des années 20 et 30, entre splendeur passé et décadence actuelle. Judicieusement alignées sur le mur gauche de la galerie, elles peuvent difficilement laisser indifférent. On peut ainsi aisément deviner la majesté qui fut celle du Paramount Theatre de Netwark, commune du New Jersey. L’établissement à 2003 places a beau avoir fermé en 1986, le rouge de son plafond et de ses fauteuils attirent autant que son fond de scène délabré. Quelques pas plus loin, et on se retrouve face aux débris du Majestic Theatre de Saint-Louis, fermé en 1960, dont les sols ne sont plus que poussière.

Mais si ‘‘After the final curtain’’ suscite l’intérêt, c’est aussi parce que le visiteur peut s’étonner de ces décors et ces architectures qui résistent parfois aux années, même si aucune de ces salles n’a gardé trace de son grand écran. Il y a par exemple cet escalier et ces mosaïques au plafond qui dominent encore le hall d’accueil du Loew’s Palace de Bridgeport, ville du Connecticut, près de 40 ans après la fermeture des lieux. On peut presque imaginer les quelques milliers de spectateurs que l’endroit pouvait accueillir monter les marches parées de rouge. Et que dire des lustres toujours dressés du Proctor’s Troy de New York. Autant de détails qui témoignent de la richesse d’un patrimoine culturel et architectural qui mériterait d’être sauvegardé.

Les curieux apprécieront également de découvrir ces photographies, ainsi que quelques autres non exposées, sur le site internet de la Galerie Sakura. Toutes signées par Matt Lambros, elles sont également en vente à prix variable selon les formats et les collages. On ne sait jamais, si vous craquez sur un tirage…