Le portrait d’une jeune fille de 17 ans, en quatre saisons et quatre chansons. En dehors de ses cours de lycée, elle joue avec son corps, séduit et se prostitue. Mais ce n’est ni la misère ni l’argent qui la motivent…
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C’est François Ozon qui a ouvert la danse avec Jeune et Jolie des projections en compétition officielle au 66e festival de Cannes dans le théâtre Lumière. Après la comédie Potiche et le drame Dans la Maison, le cinéaste français, qui est parvenu à imposer rapidement son univers si singulier, renoue ici avec un cinéma plus contemplatif et intimiste à l’image de Swimming pool avec Ludivine Sagnier et Charlotte Rampling, qui fut également présenté en compétition à Cannes en 2003. Jeune et Jolie dresse le portrait ou plutôt conte le parcours initiatique sexuel, en quatre saisons et quatre chansons de Françoise Hardy, de la double vie d’Isabelle/Léa, une adolescente mélancolique qui vient de souffler ses 17 bougies. Pour son premier grand rôle au cinéma, Marine Vacth, mannequin de 23 ans aux faux airs de Laetitia Casta, aperçue dans le spot publicitaire YSL de La nuit de L’homme avec Vincent Cassel, capte l’attention et incarne en toute simplicité et sobriété cette jeune fille en fleur, qui décide de s’inscrire sur un site de rencontres et de vendre son corps librement pour le plaisir à des hommes plus âgés. Si Ozon transgresse les règles du bien fondé et aborde une thématique épineuse et fragile sur bien des points, il en dégage d’emblée toutes nécessités financières pour se concentrer essentiellement sur l’ascension sexuelle et sentimentale de cette adolescente insatisfaite, issue d’une famille bourgeoise, tout en tissant également la sexualité naissante de son petit frère.
Entre plans fixes et gros plans, François Ozon pose ainsi un regard désenchanté et impatient sur cette jeunesse actuelle à l’ère du tout numérique, empreint étonnamment d’amour, de poésie, de mélancolie et de délicatesse tout en insufflant, avec intelligence, un humour appréciable favorisant le recul sur cette situation dramatique pour des parents. Ainsi Jeune et Jolie questionne : comment réagir lorsque son enfant se prostitue par pure envie ? Ozon en révèle ses réponses au travers de quelques saillies plutôt cocasses opérant un changement de ton plus léger. Il quitte le point de vue subjectif, où tout passait par le regard de cette jeune fille, dès lors que sa mère (Géraldine Pailhas) et son beau-père (Frédéric Pierrot) découvrent ses activités annexes, après la mort d’un client, dont l’épouse est interprétée par l’excellente Charlotte Rampling. Mais tout ne sera que momentané pour cette beauté angélique à la moue boudeuse, qui passe prestement l’étape du monde adulte se transformant en femme, maîtresse de son corps et de ses désirs…
JEUNE ET JOLIE écrit et réalisé par François Ozon en salles le 21 août avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Charlotte Rampling. Producteurs : Eric et Nicolas Altmayer. Photographie : Pascal Marti. Montage : Laure Gardette. Son : Brigitte Taillandier. Décors : Katia Wyszkop. Distribution : Mars Distribution. Durée : 1h35.
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