World War Z de Marc Forster: critique

Publié par Philippe Tessier le 10 juillet 2013

Alors qu’une pandémie fulgurante ravage toutes les villes du monde en transformant les contaminés en morts-vivants, Gerry Lane, un ancien membre de l’ONU, se retrouve chargé d’en découvrir l’origine et d’y mettre un terme.

 

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World War Z affiche teaserWorld War Z aura suscité beaucoup d’attentes et d’espoirs. Cette adaptation du roman de Max Brooks promettait de nous offrir une œuvre spectaculaire avec cette histoire de pandémie de zombies à l’échelle mondiale. Malheureusement, le tournage s’est fait dans la douleur et les déboires rencontrés par la production n’ont rien arrangé. Certains membres de l’équipe ont qualifié l’élaboration de ce film de « cauchemar du début jusqu’à la fin ». Les multiples réécritures du scénario étant certainement ce qui aura le plus nui à l’œuvre finale. Nous ne reviendrons pas sur les différences avec le roman, différences qui ont suscité un très grand nombre de critiques, pour nous focaliser uniquement sur le blockbuster de Marc Forster. World War Z est très loin d’être le ratage complet annoncé par certains, mais il est aussi très loin d’atteindre le potentiel du grand film espéré. En fait, il s’avère frustrant tant il y a d’éléments enthousiasmants qui promettent un morceau d’anthologie avant de se fracasser sur une dernière partie sans grand intérêt. On a un peu l’impression d’une œuvre bridée qui aurait pu franchir le panthéon des grands films à la fois fantastiques et de guerre. Etonnamment, le manque de scènes d’horreur, généralement associées aux zombies, afin d’éviter une classification trop limitative, ne gêne absolument pas car World War Z traite de ce sujet à l’échelle mondiale. C’est ici une vision globale de la pandémie, une sorte de vue aérienne de la situation.

 

World War Z

 

Ce n’est d’ailleurs pas vraiment un film de zombies. Ces derniers évoquent davantage les enragés de 28 Jours plus tard que les corps en décomposition de Romero ou Fulci. Les contaminés apparaissent plus comme une horde d’insectes, une nuée de sauterelles qui déferle sur les vivants en vagues ininterrompues. C’est une approche assez étonnante du zombie et l’on ne peut être que fasciné par ces plans larges où l’on voit des milliers de fourmis humaines courir dans les rues des villes dévastées. Il y a là quelque chose d’angoissant, un aperçu du chaos absolu. En cela, les deux premiers tiers de World War Z offrent des scènes particulièrement efficaces avec, comme point d’orgue, la destruction de Jérusalem et la vision de l’Apocalypse qui en résulte. La soudaineté de la situation et la rapidité de la contamination sont extrêmement bien rendues et le film évolue à un rythme effréné sans aucun temps mort. On a d’emblée la sensation d’une véritable course contre la montre qui se déclenche dès les premières minutes. Et pour accompagner ces images dantesques, la musique composée par Marco Beltrami et Matthew Bellamy (Muse) s’avère ultra-efficace et sert parfaitement l’ambiance, notamment celle du générique d’ouverture. Elle n’est pas sans rappeler les thèmes composés par John Carpenter. Le clip de Muse de quatre minutes, qui reprend le morceau Isolated System, parvient d’ailleurs à retransmettre tout le potentiel de World War Z.

 

World War Z brad pitt

 

Seulement voilà, plusieurs problèmes viennent ternir le tableau. Le premier est très certainement le choix scénaristique de la dernière partie, réécrite par Damon Lindelof, qui laisse sans voix surtout quand on sait ce qui était prévu et déjà en partie filmé. Les errances de scénario laissent aussi pantois que PROMETHEUS (notre critique) ou les fins remaniées de films comme L’Effet Papillon ou Je suis une légende. Après la fuite de Jérusalem, l’action se déroule dans un laboratoire et on se retrouve avec vingt zombies amorphes et trois pèlerins qui vont nous régler le problème trop rapidement. Quand on passe de l’ampleur cataclysmique du début à une fin expéditive en milieu clos, ça choque. A l’origine, la dernière partie se déroulait en Russie et se concentrait sur un affrontement gigantesque contre les infectés. Cette fin s’avérait beaucoup plus violente et plus sombre. On y évoquait des solutions expéditives pour remédier au problème, comme les exécutions sommaires ou l’enrôlement forcé de la population pour massacrer du zombie à coup de « lobotomiseurs ». Une évocation à peine dissimulée de la bataille de Stalingrad pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le personnage de Brad Pitt y gagnait en profondeur en devenant un véritable tueur de morts-vivants dans les égouts de la ville avant d’aller former les survivants à l’art du combat. World War Z se faisait ainsi plus noir en s’intéressant à ce qui arrivait à son épouse dans le camp de réfugiés et à la croisade de Brad Pitt pour la retrouver. Cette fin a été abandonnée. Pourquoi ? Difficile à expliquer. Brad Pitt affirme « qu’elle ne marchait pas ». C’est pourtant ce qu’on aurait préféré voir. La bataille de Moscou aurait offert à World War Z cette ampleur de film de guerre tant attendu, cette noirceur salutaire qui aurait donné toute sa dimension à l’œuvre.

 

Wolrd War Z

 

L’autre problème de World War Z provient de sa durée, 1h56. Pour un sujet de cette ampleur, c’est relativement insuffisant. Impossible alors de s’attarder sur les diverses situations et différents points de vue. Les personnages sont survolés, à l’image de l’extraordinaire Mireille Enos dont le rôle se limite à mettre son mari en danger au pire moment, alors qu’elle avait une importance capitale dans le scénario d’origine. Idem pour James Badge Dale ou David Morse qu’on ne fait qu’entrapercevoir. Il est parfois carrément criminel de sous-exploiter le talent. Et c’est d’autant plus dommage qu’avec un temps plus long, on aurait pu respirer à pleins poumons ce parfum d’apocalypse au lieu de le subodorer dans quelques scènes véritablement grandioses. En définitive, World War Z évoque davantage une gigantesque bande annonce de luxe qu’un blockbuster achevé. Car si ce projet avait tout pour réussir l’exploit de s’affirmer comme une Å“uvre immense où l’on retrouverait les sensations des films catastrophes, de guerre, de zombies et de contagion, la machine se dégonfle et nous laisse un goût de trop peu. Frustrant, voilà ce qui le résume le mieux. Malgré tout, l’oeuvre de Forster intéresse, a du succès et une suite semble programmée…

 

 

WORLD WAR Z de Marc Forster en salles le 3 Juillet 2013 avec Brad Pitt, Mireille Enos, David Morse, Eyles Gabel, James Badge Dale, Fana Mokoena, Matthew Fox. Scénario : Matthew Michael Carnahan, Jospeh Michael Straczynski, Damon Lindelof. Producteurs : Brad Pitt, Dede Gardner, Jeremy Kleiner, Ian Bryce Production : Skydance productions, Hemisphere Media Capital, GK films, Plan B Entertainment. Photographie : Ben Seresin. Décors : Nigel Phelps. Costumes : Mayes C.Rubeo. Musique : Marco Beltrami Distribution : Paramount Pictures. Durée : 1h56.

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Source: CBO Box office

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