Synopsis : En 2137, environ 15 ans après les événements d’Alien, Amanda Ripley, la fille d’Ellen Ripley, embarque à bord du vaisseau Torrens pour rejoindre la lointaine station Sébastopol afin d’y récupérer la boîte noire du Nostromo.
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Alien fait partie de ces Å“uvres qui ont enflammé l’imagination de millions de personnes de par le monde et dont les ramifications s’étendent à tous les domaines de la culture. Rappelons qu’il y a toujours eu des liens très étroits entre les différents domaines artistiques. Le jeu vidéo, qui en est assurément un, s’est nourri de multiples influences, comme le jeu de rôle, la bande dessinée, les romans et, naturellement, le cinéma. Bien entendu, avec des résultats plus ou moins heureux, le septième art s’est également abreuvé des productions pour consoles ou PC. D’autant plus que ces dernières offrent des aventures de plus en plus scénarisées avec des univers extrêmement vastes et un travail de conception, qui n’a rien à envier aux plus grosses licences cinématographiques. L’énorme succès de la trilogie Mass Effect illustre parfaitement ce point puisqu’après avoir joué aux trois titres, produits par la firme canadienne BioWare, on reste avec le profond sentiment d’avoir vécu une formidable expérience à la fois ludique et cinématographique. Cette fusion entre le cinéma et le jeu est encore plus évidente avec les petits bijoux concoctés par la société française Quantic Dream, notamment Heavy Rain et Beyond Two Souls qui sont de véritables films interactifs. Avec des récits souvent complexes, des univers ultra-détaillés, des thèmes forts et parfois même profondément psychologiques, les jeux vidéo ont acquis leurs lettres de noblesse et conquis un public adulte de plus en plus exigeant. Le jeu n’est plus une activité de loisir uniquement réservé à des adolescents nolife, incapables de réflexion. Si depuis l’explosion de la vente de consoles les grandes sociétés cinématographiques lancent presque toutes le développement de jeux pour accompagner la sortie de leurs films, on se retrouve rarement avec des expériences ludiques mémorables. Et pourtant, il y a des univers qui font saliver les joueurs et notamment… Alien avec ici l’excellent ALIEN ISOLATION.
Depuis l’Atari 2600, il y a eu entre 1982 et aujourd’hui une vingtaine de tentatives d’adaptation du chef-d’œuvre de Ridley Scott ou de ses suites et dérivés (notamment Alien vs Prédator). Aucun n’a véritablement laissé un souvenir impérissable. Aussi, à l’annonce d’Alien Isolation, personne n’était réellement intrigué par cette nouvelle tentative qui se solderait très certainement par un jeu de plus où il s’agit de dégommer du xénomorphe à chaque coin de coursive. Le dernier titre en date, Colonial Marines, s’était avéré un désastre dans tous les domaines. Sous peine de voir s’enliser définitivement la licence, il était grand temps que les studios proposent un jeu à la hauteur du mythe.
Si, jusqu’ici, c’était plutôt le côté « marines » du Aliens de James Cameron qui retenait l’attention des développeurs, avec Alien Isolation, l’éditeur Sega et l’équipe de développement The Creative Assembly, changent leur fusil d’épaule et reviennent aux sources originelles de l’oeuvre de Ridley Scott. Plus de marines, plus de hordes d’aliens… cette fois-ci, le joueur se retrouve dans la peau de la fille d’Ellen Ripley, Amanda, brièvement mentionnée dans la version longue d’Aliens de James Cameron, et quasiment dans la même situation. Le jeu devient donc un survival horror avec comme ambition de retranscrire une ambiance similaire à celle du premier Alien. Il n’y a qu’un seul monstre et, pour survivre, il faut se cacher et économiser ses précieuses ressources. C’est un pari osé, accueilli avec scepticisme par certains. Mais le résultat est là , Alien Isolation est une véritable réussite et une aventure passionnante, un jeu du chat et de la souris où, pendant environ 20 heures, vos nerfs sont mis à rude épreuve puisque la souris… c’est vous.
L’aventure commence peu après l’arrivée sur la station Sébastopol d’Amanda, de Christopher Samuels, un androïde de la société Weyland-Yutani, de Nina Taylor, une employée de cette même société, et du capitaine Verlaine qui commande le vaisseau Torrens. Bien entendu, un accident sépare tout ce beau monde et Amanda se retrouve seule dans une gigantesque base spatiale qui, apparemment, a sombré dans le chaos. Les civils se sont mués en pillards qui tentent de survivre tant bien que mal, tandis que les androïdes, impassibles, hantent les coursives. Mais il y a bien pire, il y a quelque chose d’autre sur Sébastopol, quelque chose qui se déplace dans les conduites d’air, un tueur mystérieux.
Le jeu est découpé en 19 chapitres qui nous font découvrir les différents lieux de la station spatiale, dont le design s’inpire fortement de celui du Nostromo. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent l’ambiance particulièrement réussie du jeu. Les concepteurs ont travaillé tous les décors et les détails des installations pour qu’on les identifie immédiatement au vaisseau du premier film. Que ce soit les coursives, les salles de réveil, les cuisines, la salle de l’ordinateur de bord APOLLO, ou bien encore l’excursion sur la planète LV-426 et la découverte du vaisseau-croissant extraterrestre, tout est fait pour plonger le joueur dans l’univers de Ridley Scott. Il est ainsi mis à la place des héros d’Alien et revit même certaines des scènes marquantes.
Au cours des différents chapitres, Amanda doit accomplir des missions durant lesquelles elle peut récupérer du matériel afin de fabriquer des gadgets. Ces derniers l’aident à survivre ou à collecter des plaques d’identité, enregistrements et messages du Nostromo pour en savoir davantage sur l’histoire. Elle dispose également d’un autre accessoire fondamental : le détecteur de mouvement. Cet appareil, avec son bip-bip aussi stressant que vital, nous permet d’éviter bien des déboires. Car dans ce jeu, autant esquiver le combat. La plupart du temps, nous sommes accroupis ou en train de ramper dans les conduites de ventilation. Si les adversaires humains peuvent être vaincus, l’Alien, lui, est invincible. Seul le lance-flammes permet de le faire fuir, une arme qui nous fait revivre certaines scènes du film comme si on y était.
Les autres adversaires du jeu sont les synthétiques, une formidable réussite tant ils s’avèrent aussi inquiétants que le monstre lui-même, avec leur voix monocorde qui nous affirme que tout va bien, juste avant de nous briser les vertèbres. On peut les combattre mais ce sont des adversaires coriaces qu’il faut électrocuter avant de les tabasser à grand coup de barre à mine. Donc, plus on se montre discret, plus on a de chances de s’en tirer. Mais même en prenant toutes les précautions, il est parfois bien difficile d’échapper à la créature. Il faut de la concentration ! Si un peu de bave dégouline d’une bouche d’aération, c’est que l’alien attend pour nous emporter. Traverser des coursives s’avère ainsi très, très stressant. On se surprend à retenir notre souffle jusqu’à trouver refuge dans un tube de service, voire même un placard.