Synopsis: Julian, un madrilène, reçoit la visite inattendue de son ami Tomas qui vit au Canada. Ils sont loin de se douter qu’ils vont passer avec Truman, le chien fidèle de Julian, des moments émouvants et surprenants…
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Cesc Gay, à qui l’on doit En la ciudad en 2003 ou Les Hommes! De quoi parlent-ils ? en 2012, revient sur les écrans avec une oeuvre la plus internationale. Si le cinéaste catalan n’a pas obtenu de récompenses importantes ni une vraie visibilité internationale avec ses films précédents, Truman a fait la tournée de plusieurs festivals, comme Toronto et San Sebastian, et a surtout reçu cinq Goyas (l’équivalent des César) l’année dernière, dont ceux des meilleurs film, réalisateur et scénario original. Cette comédie dramatique hispano-argentine, emmenée par des comédiens chevronnés comme l’Argentin Ricardo Darín et l’Espagnol Javier Cámara, retrace les quatre derniers jours d’un homme atteint d’un cancer en phase terminale. L’intrigue se concentre essentiellement sur les retrouvailles de deux amis d’enfance, Julián (le malade) et Tomás (qui lui rend visite). Outre le sujet principal – la maladie -, le fil conducteur de ce récit est porté par Truman, le chien de Julián, lequel s’efforce par tous les moyens de lui trouver un foyer convenable. Le cinéaste offre ici une mise en scène très intimiste où les conversations fusent et les émotions jaillissent. Hormis la visite aux pompes funèbres et le voyage express à Amsterdam pour rendre visite à son fils, les derniers moments de Julián se déroulent essentiellement dans ses lieux habituels : sa maison, chez son vétérinaire, la loge du théâtre dans lequel il joue, son bar et restaurant préférés.
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Dans ce parcours introspectif, il s’agit d’apprendre à mourir, comme l’évoque l’un des livres que lui offre Tomás, de dire au revoir à ses proches et à ses espaces de vie. L’attitude pragmatique de Julián est renforcée par la brillante prestation de Darín, qui incarne très souvent des personnages sournois, cocasses et très ironiques. Sa manière de se confronter à sa propre mort est un exemple qui prouve la générosité du personnage. Il est plus inquiet par le fait de donner à Truman un avenir heureux que de s’enfermer dans la peine et l’auto-compassion. Javier Cámara excelle aussi dans son rôle de compagnon de route vers cette mort certaine. La retenue de son jeu, sa gestuelle et la subtilité de ses répliques lors des conversations décisives confirment une fois de plus qu’il est l’un des meilleurs acteurs du cinéma espagnol actuel. Cesc Gay parvient ainsi à nous plonger au coeur d’un sujet bouleversant avec élégance, sincérité, courage et savoir-vivre. Truman, ce chien attachant et meilleur ami de Julián, offre un parti pris vraiment original et nouveau. La leçon de vie donnée par les deux personnages, à savoir apprendre à mourir dignement et à vivre la disparition d’un être aimé, mérite le détour et nous laisse entrevoir, avec force et émotion, la perte d’un personnage attachant.
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- TRUMAN réalisé par Cesc Gay en salles le 6 juillet 2016
- Avec : Ricardo Darín, Javier Cámara, Dolores Fonzi, Eduard Fernández, Alex Brendemühl, Pedro Casablans, José Luis Gomez, Javier Gutierrez…
- Scénario : Cesc Gay, Tomás Aragay
- Production : Marta Esteban, Diego Dubcovsky
- Photographie : Andreu Rebes
- Montage : Pablo Barbieri Carrera
- Décors : Irene Montcada
- Musique : Nico Cota, Toti Soler
- Distribution : La Belle Company
- Durée : 1h48
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