Splice : fusion(s) réussie(s)!

Publié par Nathalie Dassa le 18 juin 2010

Clive et Elsa – deux scientifiques experts en génétique – poussent l’expérience, au-delà des limites autorisées par le laboratoire pharmaceutique, en fusionnant secrètement de l’ADN animal à de l’ADN humain. Le résultat s’appelle Dren.

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Par ses approches ingénieuses et novatrices, le scénariste, réalisateur et storyboarder canadien, Vincenzo Natali – mordu de SF depuis sa prime jeunesse – se révèle un peu plus dans chacun de ses films, dans lesquels on retrouve son acteur fétiche, David Hewlett. Spécialiste de la mise en scène géométrique, il nous avait bluffé avec Cube en 1997, primé dans de nombreux festivals, dont Prix du Meilleur Premier Film au TIFF et Prix de la Critique et Prix du Public à Gerardmer. Ce premier long-métrage plongeait un groupe de personnes dans un labyrinthe, constitué de pièces cubiques, où chacun avait une fonction précise afin de résoudre l’énigme et de trouver la sortie. Cypher projetait son personnage dans l’espionnage industriel futuriste. Quant à Nothing, cette comédie fantastique potache propulsait deux rejetés de la société dans un monde parallèle, au décor minimaliste, d’une immensité lumineuse à la texture élastique.

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Après dix longues années de gestation et de bataille, son projet Splice – initialement titré Hybrid – va enfin prendre corps sur grand écran. Coproduit par Guillermo del Toro (Mimic, Le labyrinthe de Pan) – qui a donné une forte légitimité à la concrétisation du film – Natali met les petits plats dans les grands en combinant Whale, Cronenberg avec un zest de Zulawski. A l’arrivée, Splice – au budget supérieur à ses précédents films réunis – est un psychodrame SF horrifique plutôt efficace, qui propose un regard analytique sur les dérives des manipulations génétiques et la folie de l’homme.

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Natali part du postulat fondé sur le mythe de Frankenstein et du désir insatiable du scientifique d’avoir l’apanage du monde et de la vie. A partir de ce constat, en créant l’hybride à base de génome humain, c’est-à-dire un humain à son image sans l’aide de Dieu, le cinéaste pousse plus loin son expérimentation et franchit la zone interdite. Entre facteur humain – un des thèmes fondateurs – métamorphoses et manipulations génétiques, il n’hésite pas à fouler les terres d’Embryo, de La Mouche et même de Possession en pénétrant les névroses de l’être humain et ses perversions refoulées : un monstre dort en chacun de nous. Alors oui on peut dire que Natali fait dans le recyclage de concept, mais… avec talent et ingéniosité ! En se réappropriant les genres, son film mue, tend vers l’horreur et offre au spectateur une réflexion multiple.

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Le travail d’Howard Berger – maquilleur américain sur des films de Romero, Raimi, Craven, Carpenter, Rodriguez ou encore Lynch – sur les effets spéciaux et celui de Bob Munroe (Mimic, Cube…) pour les effets visuels, projettent à l’écran un résultat bluffant de réalisme. Dren est un mélange d’humain, de digital et de prothèses sur laquelle ils ont travaillé les détails de la peau, des yeux, de la queue, et des jambes qui possèdent une troisième articulation. Dren bébé est à 100% en images de synthèse; lorsqu’elle devient enfant incarnée par Abigail Chu, elle ne l’est plus qu’à 50%, pour terminer à 30% en tant qu’adulte avec Delphine Chanéac. Les yeux de l’actrice élargis au-delà de la norme humaine ont été substitués aux yeux de Dren enfant, grâce à une technique d’infographie. Ce travail colossal a permis à l’actrice française, Delphine Chanéac, de faire passer avec justesse toute une gamme d’émotions au travers de son visage grimé, et ce, dans une absence totale de dialogues.

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L’intérêt du film réside essentiellement dans les personnages, dont Dren (Nerd à l’envers) est le point d’ancrage.  Sarah Polley et Adrian Brody campent leurs rôles – en pleine découverte d’eux-mêmes après avoir mis au monde leur progéniture tant espérée – de manière complémentaire et progressive. L’opposition dans la composition des personnages et leur conflit génèrent l’empathie envers cette créature fascinante, d’une beauté androgyne, à la fois dangereuse et vulnérable, imprévisible et prédatrice, agile et endurante. Dans ce triangle familial particulier, Natali soulève la question morale sur les ravages de la génétique, l’hérédité, la maternité, la maltraitante, la torture, les bouleversements du corps, l’éducation, l’inceste et les traumatismes chez l’enfant : le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit…

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Avec des images cadrées souvent serrées dans trois décors principaux (le labo, la grange, la forêt), Splice semble s’essouffler à chaque fin d’action et tomber dans le déjà-vu. Certaines scènes d’ailleurs peuvent virer au ridicule, mais par des rebondissements et retournements, installés intelligemment dans le scénario – coécrit avec Antoinette Terry Bryant et Doug Taylor – le cinéaste rattrape le spectateur au vol…. d’oiseau ! Superbe !

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A découvrir en salles le 30 juin!



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