Machete est un ancien membre de la police fédérale mexicaine qui a une prédilection pour les machettes et autres armes blanches. Camouflant son identité dans un job de travailleur journalier au Texas pour oublier son passé, il devient l’homme le plus recherché du pays et un bouc émissaire idéal lorsqu’il se trouve mêlé malgré lui à un coup monté après la tentative d’assassinat d’un sénateur… Mais Machete est bien décidé cette fois à se laver de ces accusations et à dénoncer une corruption rampante et tentaculaire…
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Contrairement aux rumeurs, le projet Machete ne provient pas uniquement de la fausse bande-annonce du programme Grindhouse, sorti en 2007, mais remonte au début des années 90 au moment de Desperado. Le cinéaste avoue avoir accepté de réaliser le film pour Danny Trejo, grand fidèle de sa filmographie, et pour tous les fans qui le réclament.
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Au delà de cette mise au point et après le plantage de sa dernière production Predators, à l’arrivée Machete – présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2010, présidée par Tarantino – possède tous les ingrédients caractéristiques du cinéma de prédilection de Robert Rodriguez : un mexploitation gore qui tranche, gicle, envoie des punchlines déjà cultes, bourré d’humour (ou pas) avec des stars et ses revenants spécialistes du direct-to-video, armés de AK-47, M16 et autres shotguns. Le tout projeté sur de la pellicule sale comme une bonne série B qui se respecte et rythmé par une bande-son à plein volume. S’ajoute à cela un scénario de vengeance sur fond de politique d’immigration dans l’air du temps avec un justicier mexicain, fana d’armes blanches, qui parle peu, se tape des femmes et qui ne faut surtout pas faire chier trop longtemps. En somme, Machete a tout pour devenir le mythe mexicain dans les salles obscures. Oui mais…
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En combinant film d’exploitation et cinéma engagé, Rodriguez promettait un beau mélange du genre, bien ancré dans son époque. Dès la scène d’ouverture rythmée, directe et sans concession, le cinéaste annonce la couleur et sort du cadre des bandes-annonces et autres clips qui auguraient Machete comme un grindhouse pas très sérieux. L’empathie pour le héros latino – qui offre ici à Danny Trejo son premier plus grand rôle – est acquise dès les premières minutes, suite à l’assassinat de sa femme sous ses yeux. Malheureusement le scénario, coécrit avec son cousin Alvaro Rodriguez, pêche par endroit notamment avec l’arrivée de trop de personnages au cours de l’histoire, qui multiplie les intrigues secondaires souvent sous exploitées. La tuerie du dénouement souffre des lacunes préalables avec un défilé de personnages qui surgissent de l’écran sans qu’on sache ni par où ni comment.
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Ce qui fait la force de Machete, c’est principalement son casting éclectique de têtes d’affiches 5 étoiles, qui réunit dans un même film la légende du cinéma Robert de Niro, l’ex star du cinéma d’action et expert en DTV Steven Seagal dans son premier rôle de méchant, et l’ex vedette de la série culte Deux flics à Miami, Don Johnson. Rien que pour cette improbabilité, on réserve sa place en avance. Et le reste de la distribution est la cerise sur le gâteau, certaines stars retrouvant pour l’occasion le cinéaste tels Jessica Alba (Sin City) ou encore Tom Savini (Planète Terreur). A l’instar de son acolyte Tarantino, Robert Rodriguez laisse une place importante à la gent féminine qui dépasse souvent le cadre réducteur de la jeune femme à la plastique sexy (Salma Hayek en reine des vampires dans Une nuit en Enfer). Hormis Lindsay Lohan qui finalement joue – certes avec ironie – presque son propre rôle à l’écran, Michelle Rodriguez et Jessica Alba incarnent des personnages forts, tenaces, intelligents, indépendants et en quête de justice. De vraies meneuses qui manient la gâchette avec talent.
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Tout au long du film, Rodriguez dénonce et satirise les politiques d’immigration conservatrices – qui ne datent certes pas d’hier – entre les Etats-Unis et le Mexique et qui, en septembre 2010, ont refait surface avec la polémique de la nouvelle loi promulguée en Arizona permettant aux policiers d’interpeller les étrangers suspectés d’être des clandestins. Le cinéaste suscite d’autant plus l’intérêt que le sujet surfe sur une problématique internationale actuelle qui convie le public tricolore à donner aussi de son côté un bon coup de machette…
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‘Machete’ de Robert Rodriguez en salles le 1er décembre 2010
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