The Dictator : critique

Publié par Nathalie Dassa le 25 mai 2012

L’histoire héroïque d’un dictateur qui va jusqu’à risquer sa vie pour s’assurer que son cher pays oppressé ne devienne jamais une démocratie.

 

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Mais qu’il est bon de rire. The Dictator – qui a réalisé le deuxième plus gros démarrage de l’histoire au box office international pour une comédie pour adultes selon le communiqué de Paramount – est vraiment à l’image de toute la promo de dingue de Sacha Baron Cohen. Avec le réalisateur Larry Charles, il signe ici sa troisième comédie satirique, qui donne le ton dès l’ouverture, avec un hommage dédié à la mémoire de Kim Jong Il. Si The Dictator est moins outrancier et virulent que Borat, le film reste furieusement drôle, en dépit d’un humour potache, souvent en dessous de la ceinture et qui traîne en longueur. Si certains disent qu’il doit passer à autre chose, ici on ne lui en tient pas rigueur. L’acteur et humoriste britannique confirme qu’il est passé maître du politiquement incorrect et enquille avec brio sur son quatrième personnage créé de toutes pièces, après celui du rappeur Ali G qui l’a révélé, adapté au cinéma dans Ali G Indahouse, du reporter kazakh Borat sexiste et antisémite – qui faisait d’ailleurs une première incursion dans Ali G – et du journaliste de mode autrichien homosexuel Brüno, matérialiste et égocentrique. Si les deux précédents longs-métrages prenaient la forme de faux documentaires, The Dictator se traduit dans le format traditionnel de la comédie fictionnelle – comme Ali G -, qui enchaîne punchlines et gags non stop pendant toute la durée du métrage.

 

On suit ainsi le Général Amiral Aladeen depuis l’enfance dans sa République de Wadiya, où il est élevé par son père avant de prendre le pouvoir à l’âge de 7 ans. Dès lors, notre cher oppresseur bien-aimé terrorise son peuple tout en jouissant d’une vie luxueusement abjecte dans son pays riche en ressources pétrolières. Il fait exécuter toute personne qui doute de lui ou le contredit, joue à la Wii sur les jeux olympiques de Munich, multiplie les conquêtes avec des célébrités telles Megan Fox, qu’il immortalise ensuite sur des polaroids accrochés sur tout un pan de mur, abolit des mots et change la signification de certains termes du dictionnaire, ce qui procurent notamment des instants de tension mémorables dans une scène se déroulant dans une clinique wadiyenne. En résumé, le Général Aladeen est un tyran mégalomane, phallocrate, misogyne, ignorant, vulgaire, immature, homophobe, raciste et obsédé par les grosses armes massives nucléaires. Il est favorable à l’enrichissement de l’uranium dans son pays, véritable menace pour la paix mondiale. Mais à quelques jours de son discours à l’ONU, pour défendre son programme nucléaire et éviter qu’un nouveau mandat démocratique soit signé, Aladeen est victime d’une trahison. Méconnaissable sans sa barbe emblématique et vêtu comme un clochard, il est laissé pour mort. L’anonyme erre alors comme un sans papier dans les rues de New York.

 

Mais alors qu’il tente de franchir les grilles des Nations Unies, il est à la fois chassé par les gardes et secouru aussitôt – comme Jamie Lee Curtis avec Dan Aykroyd dans Un Fauteuil pour Deux – par une jeune manifestante (Anna Faris) de Brooklyn au look garçonne qui le prend sous son aile et lui propose de travailler dans son magasin d’alimentation bio, avec d’autres réfugiés. Dans cette volonté de reconquérir son pouvoir, il fait face à deux situations. Celle de retrouver tous les membres qu’il avait ordonné d’exécuter dans un restaurant du quartier de Little Wadiya à New York, dont son ancien scientifique nucléaire (Jason Mantzoukas) qu’il pensait mort depuis longtemps. Et celle d’entretenir une relation inattendue avec cette jeune féministe, démocrate et pacifiste, tout en mettant en pratique ses talents de despote pour réorganiser sa boutique avec des employés réfugiés pas toujours très honnêtes.

 

 

Si Larry Charles et Sacha Baron Cohen s’en prennent à tout le leadership capitaliste, à la pop culture, aux attentats du 11 septembre et aux médias américains, toute la force et la véritable charge émotionnelle de cette comédie tient dans cette relation improbable entre ces deux personnages que tout oppose, même physiquement, mais dont l’alchimie émeut et fonctionne assez bien à l’écran. Avec un casting accrocheur, en dépit d’un Ben Kingsley sous exploité, et des caméos d’Edward Norton et de Gad Elmaleh, Sacha Baron Cohen déjoue avec intelligence les stéréotypes et les pensées unilatérales en transmettant une réflexion contre l’oppression, la corruption, le racisme et l’intolérance aux spectateurs pensant ne voir qu’une simple comédie burlesque et superficielle qui livre son pesant de scènes mémorables…

 

 

 

 

THE DICTATOR de Larry Charles en salles le 20 juin 2012 avec Sacha Baron Cohen, Ben Kingsley, Anna Faris, Megan Fox, John C. Reilly. Scénario : Sacha Baron Cohen, Alec Berg, David Mandel, Jef Schaffer. Producteurs : Scott Rudin, Sacha Baron Cohen, Alec Berg, David Mandel, Jef Schaffer. Photographie : Lawrence Sher. Décors : Victor Kempster. Costumes : Jeffrey Kurland. Montage : Greg Hayden, Eric Kissack. Distribution : Paramount. Durée : 1h23.

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Source: CBO Box office

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