Lorsque le député chevronné Cam Brady commet une gaffe monumentale en public à l’approche des élections, un tandem de PDG milliardaires entend bien en profiter pour placer leur candidat et étendre leur influence sur leur fief, en Caroline du Nord. Leur homme n’est autre que le candide Marty Huggins qui dirige l’office du tourisme du coin. Si, au départ, Marty ne semble pas le candidat idéal, il ne tarde pas à se révéler un redoutable concurrent pour le charismatique Cam grâce à l’aide de ses bienfaiteurs, d’un directeur de campagne sans vergogne et des relations de ses parents dans la politique. Alors que le jour du scrutin approche, les deux hommes s’engagent dans un combat impitoyable : désormais, tous les coups sont permis entre Cam et Marty qui n’hésitent plus à s’insulter et à en venir aux mains dans un affrontement à mort. Car dans cet univers où la déontologie n’existe plus depuis bien longtemps, la politique prouve qu’on peut encore faire reculer les limites des pires bassesses…

 

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Après Austin Powers et Mon beau-père et moi, le cinéaste Jay Roach revient avec une comédie satirique politique désopilante, pour un face à face avec une équipe de comiques hors normes du Saturday Night Live et de Funny or Die. Moi, Député (The Campaign), c’est un peu Un Fauteuil pour Deux à la sauce politique et on adhère bien volontiers. Ce n’est pas tant l’histoire mais la construction du scénario et de certains de ses personnages qui rappellent à bien des égards l’œuvre culte de John Landis. Ici Cam Brady (Will Ferrell) et Marty Huggins (Zach Galifianakis) sont deux opposants politiques qui briguent un siège au Congrès lors d’une élection dans une petite circonscription de la Caroline du Nord. Cam Brady attend son cinquième mandat sans inquiétude. Ce mégalomane et feignant patenté, qui manipule la rhétorique et les phrases toutes faites, ne fait rien pour la communauté qu’il promet de défendre corps et âme. Soutenu par une épouse forte et tout aussi déjantée (superbe Katherine LaNasa), il n’a jamais perdu les élections, mais il n’a jamais eu non plus d’opposant. Sauf que cette fois la donne change pour lui, après avoir commis l’erreur de laisser un message outrancier et graveleux sur le répondeur d’une gentille famille croyante, dont le père est joué par Jack McBrayer (30 Rock), en s’imaginant s’adresser à l’une de ses maîtresses. Son directeur de campagne (Jason Sudeikis) tente de lui expliquer que cet incident l’a fait chuter de près de 20 points dans les sondages. S’il ne se rend pas compte de ce scandale, il en prend la mesure lorsque Marty Huggins (Zach Galifianakis) vient poser sa candidature pour le parti Républicain, soutenu par les frères Motch, hommes d’affaires milliardaires, calculateurs et sans scrupules, incarnés par Dan Aykroyd et John Lithgow, qui ne sont pas sans rappeler les frères Duke dans Un Fauteuil pour Deux. Amusant d’ailleurs de voir Dan Aykroyd passer du manipulé au manipulateur 20 ans plus tard.

 

 

Marty Huggins, lui, a tout du plouc, benêt, simplet et excentrique. Galifianakis nous concocte ici une sorte de mix entre DATE LIMITE (notre critique) et Very Bad Trip. Petit de taille et dénigré par son père (Brian Cox) et son frère, il gère l’office du tourisme local, vide la plupart du temps, et donne tout son amour à sa femme (Sarah Baker), ses enfants et à ses deux carlins. S’il n’a strictement aucune expérience en politique, il a en revanche les meilleures intentions du monde pour aider sa circonscription.  Sur une histoire d’Adam McKay – à qui l’on doit notamment l’excellent Anchorman dont la suite est en préparation -, avec la collaboration de Chris Henchy et Shawn Harwell, The Campaign livre ainsi un cocktail savoureux de punchlines hilarantes et de scènes absurdes et cocasses dans cette guerre de toutes les bassesses, poussée à son grand n’importe quoi dans les débats et les publicités politiques. C’est parfois lourd, vulgaire et potache, mais l’équipe nous offre tout de même des moments vraiment très drôles. On retient particulièrement les séquences, dont une au ralenti, des deux coups de poing de Will Ferrell, qui a mis KO un bébé et Uggie, le chien-star de THE ARTIST (notre critique). Jay Roach, qui a récemment réalisé les téléfilms HBO Recount et GAME CHANGE sur la défaite de John McCain et Sarah Palin face à Obama dans l’élection présidentielle américaine en 2008, maîtrise relativement bien son Å“uvre et pose un regard jubilatoire sur l’actualité des campagnes électorales extravagantes américaines, avec néanmoins des élans moraux et patriotiques foulant alors les terres de Mr Smith au Sénat de Capra.

 

 

Des valeurs familiales à la religion et du terrorisme à l’emploi, aucun sujet n’échappe à la plume acérée des scénaristes. Comme les personnages, tous grandioses, mais on salue toutefois la performance de Dylan McDermott (AMERICAN HORROR STORY – notre critique), qui incarne un conseiller politique requin dans l’ombre, payé pour mener Marty Huggins à la victoire. Si Jason Sudeikis est plus posé dans son rôle pour trancher avec la personnalité désinvolte et totalement irresponsable de Will Ferrell, Dylan McDermott impose un personnage de comédie mémorable à l’écran. Manipulateur, diabolique, sans scrupules et ultra sexy, il transforme et relooke le personnage de Zack Galifianakis, visiblement à l’aise et paré à toutes les trahisons. C’est aussi la réussite de The Campaign qui gère bien l’émotion, plutôt efficace ici, et surtout l’équilibre dans le tempo du récit, soutenu par la bande son de Theodore Shapiro (Tonnerre sous les Tropiques) donnant une véritable force à ces deux candidats complètement dégénérés et manipulés.

 

 

 

MOI, DÉBUTÉ (The Campaign) de Jay Roach en salles le 29 août 2012 avec Will Ferrell, Zach Galifianakis, Jason Sudeikis, Dylan McDermott, Dan Aykroyd, John Lithgow, Brian Cox, Katherine LaNasa et Sarah Baker. Scénario : Chris Henchy, Shawn Harwell, d’après une histoire d’Adam McKay, Chris Henchy et Shawn Harwell. Producteurs : Will Ferrell, Adam McKay, Jay Roach, Zach Galifianakis. Photographie : Jim Denault. Montage : Craig Alpert, Jon Poll. Musique : Theodore Shapiro. Distribution : Warner Bros : Durée : 1h37.

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