Une rentrée décidément sous le signe du deuil. Le monde du divertissement et de la presse est en émoi depuis l’annonce ce lundi 7 octobre du décès de Patrice Chéreau, emporté par un cancer du poumon à l’âge de 68 ans. Né le 2 novembre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), ce boulimique du travail, friand de création et curieux de tout est devenu l’une des figures majeures de la culture française, à la fois metteur en scène de théâtre et d’opéra, réalisateur, scénariste et acteur de cinéma.
Si sa renommée est établie dès la fin des années 60 où il prend la direction du Théâtre de Sartrouville, puis du Théâtre National Populaire de Villeurbanne et enfin du fameux Théâtre des Amandiers à Nanterre, sa mise en scène de Hamlet de Shakespeare en 1988 au Festival d’Avignon, avec dans le rôle-titre Gérard Desarthe, marque les esprits et lui vaut de recevoir cinq Molière. Il remporte également le Molière de la meilleure mise en scène en 1996 avec l’adaptation de Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, lequel a influencé sa création, avec en vedette l’un de ses acteurs fétiches, Pascal Greggory. De ce dramaturge, Patrice Chéreau adapte également La Nuit juste avant les forêts, présenté au Théâtre de l’Atelier en 2011, qui marque les premiers pas de Romain Duris sur les planches. L’acteur a tenu formidablement la scène sur plus d’une heure, seul dans un long monologue. Ces derniers mois, il planchait sur la mise en scène de COMME IL VOUS PLAIRA de Shakespeare qui sera programmé à l’Odéon en mars 2014. Mais c’est semble-t-il sa collaboration avec le compositeur et chef d’orchestre français Pierre Boulez qui lui permet d’atteindre la notoriété internationale en mettant en scène les quatre opéras de la Tétralogie de Wagner pour le centenaire du Festival de Bayreuth (Allemagne) en 1976. Se succèdent de nombreuses productions à succès au théâtre et à l’opéra.
Parallèlement, il tente d’assouvir son appétit de création au cinéma dès son premier film La Chair de l’Orchidée en 1974. S’enchaînent de nombreuses oeuvres qui marquent l’histoire du septième art français. Multirécompensé, on lui doit notamment L’Homme Blessé pour lequel il remporte le César du meilleur scénario en 1984, La Reine Margot, coécrit avec Danièle Thompson, qui fut lauréat du Prix du Jury et du Prix d’interprétation féminine pour Isabelle Adjani au Festival de Cannes en 1994 et de cinq César l’année suivante, et Ceux qui m’aiment prendront le train en 1998 qui lui vaut le César du meilleur réalisateur. Il signe en 2001 INTIMITÉ, un drame érotique captivant, comportant des scènes de sexe explicite, tiré des textes de l’écrivain anglo-pakistanais Hanif Kureishi, qui lui a valu l’Ours d’or à Berlin et le prix Louis-Delluc du meilleur film français. C’est le premier des quatre longs-métrages (Son Frère, Gabrielle et Persécution) qui a marqué sa collaboration avec la scénariste Anne-Louise Trividic, soeur de Pierre Trividic avec lequel il a cosigné Ceux qui m’aiment prendront le train.
Extrait de La Reine Margot avec Isabelle Adjani et Daniel Auteuil (1994)
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Trailer de Ceux qui m’aiment prendront le train (1998)
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Patrice Chéreau sur Intimité (2001)
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Trailer de Persécution (2008)
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Patrice Chéreau présente Hamlet au Festival d’Avignon (1988)
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