Nouvelle adaptation du roman « Carrie » de Stephen King, dans lequel une jeune lycéenne, surprotégée par sa mère, use des pouvoirs télékinésiques qu’elle a récemment acquis le jour où ses camarades vont trop loin.

 

 

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Carrie la Vengeance afficheC’est toujours l’éternelle même question. Est-ce un remake utile ou seulement le besoin frénétique d’Hollywood de resservir un plat goûteux et sanglant à la nouvelle génération ? Ce produit mercantile possède déjà sa réponse, mais Carrie, la vengeance s’en sort finalement. Si la jeunesse d’aujourd’hui n’a pas vu l’original de Brian de Palma, qui reste incontestablement la meilleure adaptation cinématographique, Kimberly Peirce propose une version correcte sans écorcher la mythologie du bestseller littéraire culte de Stephen King. Si elle connait Carrie au bal du diable, c’est une proposition néanmoins honnête, toute proportion gardée. Il n’offre aucun apport supplémentaire mais parvient toutefois à se hisser parmi la pile réduite des remakes qui fonctionnent malgré tout. Bien sûr ici tout n’est que prétexte à mettre en avant les pouvoirs télékinésiques de notre légendaire adolescente, frêle et fragile, Carrie White. C’est sans doute le plus grand reproche que l’on puisse faire d’ailleurs. Bâti sur le même modèle, cette nouvelle adaptation reste toujours en surface dans son traitement et exploite rarement les nombreuses thématiques soulevées chez Stephen King, brillamment réappropriées chez Brian de Palma. Car il est question d’explorer des thèmes forts et universels comme les douleurs de l’enfance et de l’adolescence, la maltraitance, l’intimité féminine, la nudité et le rapport au corps, les premiers émois, les relations profondes entre une mère et sa fille, la déconstruction du noyau familial et le fanatisme religieux (paradis perdu, malédiction, enfer et damnation, etc..).

 

Carrie - Chloe Moretz et Julianne Moore

 

Si tous ces éléments sont évoqués dans ce remake, le tout reste cependant bien trop linéaire dans le déroulement narratif et n’explore pas véritablement les tourments de ce personnage féminin écartelé entre deux mondes, celui de l’intérieur (le cocon familial) et celui de l’extérieur (le lycée). Carrie devient sensiblement conventionnelle dans cette nouvelle approche qui s’échappe de son contexte réflexif et torturé pour se concentrer finalement sur l’expression de ses pouvoirs. L’œuvre emblématique par excellence de De Palma, qui a contribué à façonner le cinéma de genre dans les années 70, marquait une réelle rupture angoissante entre la vision fragile et perdue de cette jeune fille à part et le reste du monde configuré dans le microcosme d’un lycée, lui-même reflet social de l’Amérique. Près de quarante ans plus tard, Carrie la vengeance devient davantage un film d’horreur codifié selon les bonnes règles hollywoodiennes, surfant sur l’évolution du tout numérique, qu’une véritable tragédie intimiste auteurisante, bouleversante et désenchantée, à la touche hitchcockienne. Tout tend même à s’inverser du point de vue de ces nouvelles interprètes. La talentueuse Chloé Grace Moretz, déjà convaincante dans le remake de Morse du Suédois Tomas Alfredson, qui permettait un espace libre suffisant pour une réinterprétation américaine efficace, dévoile une Carrie bien plus vengeresse, assurée et terrifiante s’éloignant de toute la fragilité, la vulnérabilité et la naïveté de la touchante Sissy Spacek à fleur de peau. Et inversement proportionnel, Julianne Moore est bien moins effrayante que la redoutable Piper Laurie en mère surprotectrice, dévote excessive, malade mentale qui s’automutile, névrosée et tyrannique, convaincue que le sang du Christ est l’ultime guérison et le sang menstruel, la triste malédiction d’Eve.

 

Carrie Chloe Moretz

 

Pourtant l’œuvre de Kimberly Peirce, qui a sondé les troubles de l’adolescence, les différences et les bouleversements des corps dans BOYS DON’T CRY, fonctionne à sa manière malgré cette conception mécanique des remakes d’horreur pop corn dédiés à la nouvelle génération d’adolescents. Si Carrie au bal du diable a su fondre son drame psychologique en un drame horrifique, on reste ici d’emblée solidement accroché à l’environnement fantastique d’un film d’horreur populaire et commercial. Carrie la vengeance propose un regard bien plus mainstream jusqu’à la séquence finale expiatoire tant attendue du fameux bal de fin d’année où elle est aspergée de sang de porc. Peirce choisit d’exhiber visuellement les capacités paranormales déjà bien contrôlées de sa Carrie révoltée, qui se confronte à la méchanceté de ses camarades de classe dans une colère terriblement maitrisée. On fait donc face à une scène cruciale décortiquée où l’on voit cet être meurtri et trahi se libérer de tous ses oripeaux, qui montre au spectateur les possibilités de son don de manière réfléchie. Elle a le choix de vie ou de mort sur chacun d’eux, de son professeur de gymnastique (Judy Greer) à sa pire ennemie sous les traits d’une Portia Doubleday très loin de la classe et de la perversité de Nancy Allen, jusqu’à son repli funeste dans les bras de celle qui l’a mise au monde. Nonobstant la comparaison inévitable avec l’œuvre de de Palma, ces nombreuses anicroches ou l’idée même du ‘remake’, Carrie la vengeance parvient à se frayer un chemin sur grand écran grâce certainement à la puissance d’un récit et de personnages déjà acquis.

 

 

 

CARRIE LA VENGEANCE de Kimberly Pierce en salles le 4 décembre 2013 avec Chloé Moretz, Julianne Moore, Judy Greer, Gabrielle Wilde, Portia Doubleday, Alex Russell, Ansel Elgort. Scénario : Roberto Aguirre-Sacasa, Lawrence D. Cohen d’après le roman de Stephen King. Photographie : Steve Yedlin. Compositeur : Marco Beltrami. Costumes : Luis Sequeira. Décors : Carol Spier. Montage : Lee Percy, Nancy Richardson. Distribution : Sony Pictures : Durée : 1h40.

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