Synopsis : Bouleversé par la mort de sa mère, Charlie Countryman quitte les Etats-Unis et atterrit dans l’une des villes les plus survoltées d’Europe : Bucarest. En plein deuil, seul parmi des inconnus, entre virées en boîte et trip hallucinogènes, il rencontre la très énigmatique Gabi… et en tombe violemment amoureux. Harcelée par son ex, un dangereux caïd local, Gabi tente toutefois de repousser Charlie pour mieux le protéger… Mais rien ne fait entendre raison au jeune homme – pas même la peur de mourir. Pour Charlie Countryman, cet amour-là vaut tous les sacrifices…
♥♥♥♥♥
Après avoir fait ses gammes dans la publicité où il a été plusieurs fois récompensé, Fredrik Bond – réalisateur suédois installé à Londres – signe ici son premier long métrage, présenté aux festivals de Sundance, Deauville et Berlin. Si dans l’ensemble Charlie Countryman a dû mal à convaincre, il possède néanmoins plusieurs atouts non négligeables : une réalisation dynamique, une belle photographie et direction artistique, un traitement du récit souvent inattendu et une succession de quelques scènes d’action, rapides ou au ralenti, bien orchestrées.Mais tout ce potentiel visuel perd progressivement en intensité dès que l’intrigue se confronte au coeur de son récit, à savoir l’histoire d’amour entre Charlie et Gabi. Shia LaBeouf, qui dévoile souvent une palette d’émotions intéressantes dans les films indépendants, incarne ici Charlie Countryman, un jeune homme fragilisé par le décès de sa mère (Melissa Léo). Alors qu’elle lui apparaît après sa mort, elle lui demande une dernière faveur, celle de vivre des aventures à Bucarest. Dans l’avion, il fait la rencontre d’un homme, qui meurt dans son sommeil. A l’instar de sa mère, ce dernier l’enquiert d’un dernier message à transmettre à sa fille, Gabi (Evan Rachel Green), de laquelle il va tomber éperdument amoureux. Cette jeune violoncelliste aux cheveux courts rouges s’avère être l’ex-femme d’un mafieux, emmené par le charismatique Mads Mikkelsen. Dès lors Charlie est entraîné dans une spirale dont l’ultime conséquence sert d’ouverture au film. On le découvre ensanglanté et suspendu par une corde au pied au-dessus d’une rivière, avant de remonter dans le temps afin de comprendre le pourquoi du comment.
Si le postulat de départ du scénariste Matt Drake est de s’inspirer librement de sa propre expérience tout en arpentant les thématiques du chagrin, du deuil et de l’amour, Charlie Countryman nous propulse dans un drame d’action romantico-onirique qui se perd parfois en incohérence et en conjectures. Car d’une part, le fait qu’il puisse parler aux morts n’est jamais vraiment justifié, relevant plus de l’aspect onirique que du genre fantastique pour surmonter sa douleur. Et d’autre part la passion qui attire et lie ces deux êtres profondément affectés en raison de la perte d’un de leur parent, n’atteint jamais pleinement son paroxysme. Ce manque de force émane essentiellement d’Evan Rachel Wood qui incarne de manière linéaire, sans réelle conviction ni profonde évolution, une Gabi souvent froide et distante jusqu’au bout, face à l’amour absolu exprimé intensément par Shia LaBeouf. Quant à Mads Mikkelsen, si l’acteur danois en impose toujours autant par son charisme inhérent et son regard perçant, on ne parvient jamais vraiment à croire à son personnage redoutable de chef de la Pègre. Le reste du casting – si sympathique soit-il – avec notamment Rupert Grint (Harry Potter), en colocataire de Charlie dans une auberge de jeunesse, n’est jamais non plus pleinement convaincant ni réellement fondamental dans le déroulement de l’intrigue. Pourtant… si le traitement narratif de Charlie Countryman est souvent désordonné et décousu, il peut se laisser regarder comme un premier long métrage clipesque, tripal et sentimental, dans les rues insalubres de Bucarest, au rythme d’une bande son envoûtante assez nineties…
- CHARLIE COUNTRYMAN de Fredrik Bond en salles le 14 mai 2014.
- Casting : Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen, Rupert Grint, Vincent d’Onofrio, Melissa Leo…
- Scénario : Matt Drake
- Production : Albert Berger, Ron Yerxa, Craig J. Flores, William Horberg
- Photographie : Roman Vasyanov.
- Montage : Hughes Winborne
- Musique : Crhistophe Beck et Deadmono
- Direction Artistique : Joel Collins
- Décors : Adrian Curelea
- Costumes : Jennifer Johnson
- Son : Chad Hughes, Aaron ‘Luc’ Levy
- Distribution : Distrib Films, Marco Polo – Aventi,
- Durée : 1h48
.