Synopsis : Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.
♥♥♥♥♥
Après Sexy Beast en 2000 et Birth avec Nicole Kidman en 2004, le troisième long métrage de Jonathan Glazer – principalement connu pour ses vidéoclips de Radiohead, Jamiroquaï, Massive Attack ou encore Blur – a quand même tout pour, à la fois fasciner et déconcerter. Under the Skin a un rythme lent, une narration répétitive et sans réel objectif, de prime abord, une intrigue secondaire diffuse avec un motard et, un propos final pour le moins convenu. Pourtant, on ne peut que saluer l’audace de l’univers singulier imposé par le cinéaste britannique, au beau milieu d’un marché cinématographique assez formaté, avec son aspect expérimental et minimaliste, ses effets visuels organiques, son atmosphère glauque, sa magnifique photographie, ses couleurs hivernales de l’Ecosse, ses paysages humides et glaciaux et sa bande sonore lancinante et anxiogène. Bien que sa thématique se rapproche de celle de L’Homme qui venait d’ailleurs de Nicolas Roeg avec David Bowie (1976), Under the Skin, adapté du roman éponyme de Michel Faber paru en 2001, s’en échappe très rapidement. On se concentre ainsi sur Scarlett Johansson qui, après avoir incarné une beauté affriolante et candide dans Don Jon, se transforme ici en une extraterrestre prédatrice et ensorcelante, venue sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître. Si dans HER de Spike Jonze (notre critique), la musicalité de sa voix suave cristallisait à elle seule la tournure du récit, il est question maintenant de laisser exprimer sa plastique pulpeuse et sexy, qui lui sert ici d’enveloppe extérieure pour attirer ses proies.
Ainsi après avoir pris l’apparence d’une humaine écossaise disparue, cette créature étrangère – aux cheveux noirs et rouge aux lèvres – écume les endroits isolés de Glasgow au volant de sa voiture et chasse le mâle particulièrement solitaire. Jonathan Glazer et son coscénariste Walter Campbell restent volontairement vague dans le récit, manipulant l’ellipse avec cette volonté de nous attirer progressivement dans leur filet. Under the Skin contient peu de dialogues afin de suivre le point de vue de cette extraterrestre, qui finit par voir naître en elle une humanité indiscernable au contact de l’une de ses victimes au visage déformé, affaiblissant son pouvoir. De la séquence d’ouverture aux résonances kubrickiennes, en passant par l’antre angoissant en forme de lac noir et froid qui engloutit les soupirants dévêtus, hypnotisés par les courbes sensuelles de cette alien, jusqu’au dénouement final paroxystique, Glazer nous immerge dans un décor dépouillé de toute forme d’excentricité numérique. Si sa forme arty et conceptuelle nous ravit les pupilles, c’est sans doute le propos ou la mécanique de pensée qui réfrène pleinement l’enthousiasme, en dépit du dernier acte dans lequel réside l’ironie du film. Car en s’interrogeant sur sa place, son identité, son individualité et son attraction érotique sur Terre, cette prédatrice s’expose, vulnérable, à la face sombre de l’expérience humaine dans cette forêt. Si Under the Skin offre une expérience sensorielle, contemplative et réflexive sur la condition humaine, la vision de Glazer entremêle diverses sensations (fascination, ennui, attente, indifférence, charme, perplexité) qui dépeint la singularité de cette œuvre tout en semant la confusion dans les émotions…
- UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer en salles le 25 juin 2014.
- Casting : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay, Dougie McConnell, Kevin McAlinden, D Meade, Andrew Gorman….
- Scénario : Walter Campbell et Jonathan Glazer d’après le roman de Michel Faber.
- Producteurs : James Wilson, Nick Wechsler
- Photographie : Daniel Landin
- Montage : Paul Watts
- Décors : Chris Oddy
- Musique : Mica Levi
- Effets Spéciaux : One of Us
- Distribution : MK2/Diaphana
- Durée : 1h47
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