« Le jour où la Chine s’éveillera … le monde tremblera » avait écrit le diplomate, l’homme politique et écrivain Roger Peyrefitte. Si l’on peut constater une avancée économique et surtout la richesse d’une certaine classe, il y a encore du chemin à parcourir en ce qui concerne la liberté individuelle. La 11e édition du festival du film indépendant qui se déroule habituellement à Beijing, Pékin a été cette année purement et simplement interdite par les autorité chinoises. Il s’agit de la plateforme la plus importante pour la distribution des films dissidents.
Selon le quotidien britannique Le Guardian des mesures de rétorsion ont été prises envers les dirigeants. « Le samedi précédant l’évènement, environ 15 officiers de police, des gardes de sécurité et des individus menaçants en civil se sont placés devant le bureau de Li Xianting – l’organisateur du festival – Le Fonds cinématographique Li Xianting qu’il a créé, situé dans une ruelle poussiéreuse de la banlieue de Pékin, chassant les quelques douzaines de personnes qui tentaient de rentrer. Lorsque quelques réalisateurs et des membres du public se sont réunis dans une rue proche, les civils se sont dirigés vers eux, les ont dispersés, ont saisi les portables des spectateurs qui filmaient la scène et ont détruit les images. De plus, les trois dirigeants ont été arrêtés pendant cinq heures et ont été forcés de signer des documents déclarant qu’ils n’organiseraient plus ce festival. Les autorités ont également confisqué des documents qui se trouvaient dans le bureau. »
Antérieurement le festival et ses dirigeants avaient subi des pressions, mais ils se débrouillaient pour trouver d’autres lieux ou organiser des séances privées. Certains cinéastes ont réussi à se faire modestement un nom en montrant les aspects insalubres de la société chinoise dans des documentaires à très petits budgets. Les sujets abordaient entre autres : la disparition des certaines tribus du grand nord de la Chine, les conditions quotidiennes de vie des mineurs et les prisonniers dans le couloir de la mort. Certains ont réussi à être présentés dans des festivals internationaux.
Le directeur artistique du festival, Wang Hongwei déclarait dans une interview en juillet dernier que son bureau avait été visité une douzaine de fois en deux mois : « Ils viennent de nombreux départements différents, police, officiels de l’éducation, officiels du commerce, dans tous les cas ce ne sont pas des forces de sécurité ni la police qui se déplacent, c’est le gouvernement. ». Fan Rong, le directeur exécutif du festival ajoute : « Notre objectif principal est d’ouvrir les esprits des jeunes étudiants, leur apprendre à appréhender la vie et le cinéma différemment. Nous ne cherchons pas à lutter contre le parti ou le gouvernement, nous sommes une organisation transparente. ».