Synopsis : Nous sommes en 1920 : un gentleman anglais est appelé dans le midi de la France pour y démasquer une escroquerie. A ces fins, il doit se jeter dans la vie dévergondée des riches et des beaux, faite de villas, parties fines et musique de jazz. Il est tant humainement que professionnellement mis à rude épreuve.
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Woody Allen nous convie une nouvelle fois à son rendez-vous annuel en signant avec Magic in the Moonlight une fable lumineuse sur la vie, l’amour et la magie. Des thèmes de prédilection chers au réalisateur fasciné depuis toujours par l’illusion et l’invisible, à l’instar entre autres de Scoop où il campait Splendini le magicien. Colin Firth interprète ici un gentleman anglais et un prestidigitateur qui ne croit pas au surnaturel, ni au spiritisme et encore moins aux sciences occultes. Il a une très haute opinion de sa propre intelligence, et son caractère cynique fait que seuls son ami d’enfance (Simon McBurney) et sa fiancée (Catherine McCormack) le supportent. Sa rencontre avec une médium (Emma Stone), qu’il va tenter de démasquer, va bouleverser toutes ses convictions et lui redonner goût à la vie. Car dans Magic in the Moonlight, il est bien sûr question d’amour, de ce sentiment indescriptible qui nous traverse lorsque l’on rencontre son âme sœur. L’alchimie entre Colin Firth et Emma Stone fonctionne dès lors à merveille et la magie opère. On croit en leur idylle grâce aux dialogues et aux moments savoureux que Woody Allen a mis en scène comme un fabuleux tour de magie où les apparences sont trompeuses. Emma Stone, qui retrouvera en outre le cinéaste dans son prochain long-métrage avec Joaquin Phoenix, est toujours aussi sublime et nous envoûte dans son monde surnaturel. Sa performance est d’autant plus admirable qu’elle réussit le tour de force de nous plonger dans ses « vibrations mentales » grâce auxquelles elle peut lire dans les pensées, connaître le passé des individus et entrer en contact avec l’au-delà. Les seconds rôles ne déméritent pas et sont tout aussi attachants comme Hamish Linklater dans celui de son fiancé, naïf et aveuglé par sa beauté, qui lui chante des sérénades toute la journée. Ou encore Eileen Atkins en Tante Vanessa qui incarne cette fameuse voix de la sagesse. Leurs répliques nous enchantent et sont l’une des plus grandes qualités de cette comédie romantique, qui se déroule du point de vue du personnage principal, laissant ainsi le champ libre à Woody Allen d’agir comme un parfait illusionniste en détournant notre attention sur le tour de magie qu’il est en train d’effectuer. L’esthétique visuelle soignée et aux teintes pastels parviennent à sublimer la Côte d’Azur lui conférant un charme naturel. Les costumes sont également de toute beauté tandis que l’éternelle et coutumière bonne bande son Jazz nous immerge d’emblée dans l’atmosphère festive des années 20 tout en nous renvoyant à certaines séquences de Minuit à Paris. Si Magic In The Moonlight reste une oeuvre sans doute mineure dans la carrière de Woody Allen, elle étincelle particulièrement grâce à son écriture et à son humour si brillants qui a fait toute la renommée de ce magicien du cinéma…
François Taing
- MAGIC IN THE MOONLIGHT écrit et réalisé par Woody Allen en salles le 22 octobre 2014.
- Avec : Emma Stone, Colin Firth, Eileen Atkins, Marcia Gay Harden, Hamish Linklater, Simon McBurney, Jacki Weaver, Erica Leerhsen, Catherine McCormack, Jeremy Shamos…
- Production : Letty Aronson, Stephen Tenenbaum et Edward Walson
- Photographie : Darius Khondji
- Montage : Alisa Lepselter
- Décors : Anne Seibel
- Costumes : Sonia Grande
- Musique : Jean-Marie Blondel
- Distribution : Mars Distribution
- Durée : 1h38
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