Synopsis : Danny Collins, une rock-star vieillissante, a décidé de ne rien changer à ses habitudes. Mais un jour, son agent lui fait ouvrir une lettre gardée secrète pendant quarante ans, écrite de la main de John Lennon, le célèbre Beatle. A la suite de cette découverte inattendue, Danny va chercher à redécouvrir sa famille et à trouver l’amour.
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Danny Collins fait partie de ces films emplis de bons sentiments que les critiques détestent et le public adore. Cette histoire de star vieillissante fatiguée par la vie peut en effet agacer. Elle a comme un air de déjà-vu. De Crazy Heart à Hearts of Fire en passant par le très récent Ricky and the Flash, les histoires de rockers en quête de rédemption ne manquent pas. Le sujet est donc convenu, et de plus le scénario joue ici un peu trop avec le pathos. Mais contre toute attente, il séduit. Dan Fogelman manie les truismes avec assez de tact pour faire de Danny Collins une comédie douce-amère plutôt attachante. Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, le scénariste de Cars et Crazy, Stupid, Love vise donc juste. Le récit part d’une histoire vraie, celle de Steve Tilston, un chanteur folk anglais qui a reçu, avec trente-quatre ans de retard, une lettre du grand John Lennon. La réalité s’arrête là, car comme le précise avec humour le réalisateur : « Ce film s’inspire vaguement d’une histoire qui pourrait être vraie. » La première réussite de Danny Collins émane donc de son casting. Cette histoire de père qui renoue avec son fils après quarante ans d’absence n’aurait pu être qu’un scénario de sitcom. Mais grâce aux acteurs, le récit prend une toute autre dimension. Al Pacino, nommé ici aux prochains Golden Globes, est visiblement à son aise dans le rôle principal. Comme Mary Sinclair (Annette Bening), la patronne de l’hôtel qu’il poursuit sans relâche de ses avances, on tente d’abord de lui résister. Pacino cabotine, il en fait un tout petit peu trop. Il est même presque ridicule avec sa chemise ouverte et son bronzage orange qui sent l’autobronzant. Mais le charme finit par agir et le spectateur découvre chez l’acteur des talents comiques insoupçonnés. Face à Pacino, Annette Bening se révèle particulièrement inspirée et on prend plaisir à la regarder flirter. Dans les rôles de Tom et Samantha, le fils oublié et sa femme très enceinte, Bobby Cannavale et Jennifer Garner sonnent juste et évitent au récit de tomber dans une certaine mièvrerie. Autre second rôle remarquable, Christopher Plummer. Il est Frank, le meilleur ami de Danny. Du haut de ses 85 ans, l’acteur canadien n’a rien perdu de sa superbe.
Quant à la mise en scène de Fogelman, elle reste simple et efficace. L’ouverture du film est particulièrement réussie. Après un court flash-back dans les années 1970 où Danny Collins, à l’orée de sa gloire, est interviewé par un journaliste un peu roublard, le spectateur se retrouve propulsé à l’époque actuelle. Pas de long discours, juste une série de gros plans qui soulignent la déchéance du chanteur. Danny est une ligne de coke, un verre de whisky, un spray d’autobronzant et un peu de teinture noire sur les cheveux blancs. Le décor est planté, l’histoire peut commencer. Le réalisateur choisit souvent de filmer Al Pacino de dos. Cette multiplication de plans souligne la façon dont les autres voient Danny et permet ainsi de mesurer le décalage entre l’être et le paraître.
Au-delà des sourires et des applaudissements du public, on découvre toute l’inanité de cette vie de star. Si le propos est parfois sérieux, la forme reste enlevée. Il y a beaucoup d’humour et certaines répliques, particulièrement drôles, empêchent le long métrage de virer au mélodrame. La photographie soignée et le choix de couleurs chaudes viennent elles aussi dédramatiser le discours. La bande son enfin, fait sans surprise la part belle à John Lennon : Working Class Hero souligne la lassitude du chanteur alors qu’il franchit la porte de sa maison très grande et très vide, Beautiful Boy arrive après sa rencontre avec son fils et Cold Turkey résonne alors qu’il se réveille avec la gueule de bois. Cette utilisation de l’œuvre de Lennon est un peu trop premier degré, certes, mais toujours agréable. Au final, Danny Collins se révèle un divertissement de qualité ; un feel-good movie comme sait si bien les faire le cinéma américain. Autant de bonnes raisons de ne pas bouder son plaisir, d’autant qu’il sort directement en VOD.
- DANNY COLLINS écrit et réalisé par Dan Fogelman disponible exclusivement en VOD dès le 11 janvier 2016.
- Avec : Al Pacino, Annette Bening, Jennifer Garner, Bobby Cannavale, Christopher Plummer, Katarina Cas, Melissa Benoist, Giselle Eisenberg, Josh Peck…
- Production : Jessie Nelson, Nimitt Mankad
- Photographie : Steve Yedlin
- Montage : Julie Monroe
- Décors : Dan Bishop
- Costumes : Sophie de Rakoff
- Musique : Theodore Shapiro, Ryan Adams
- Tarif VOD : À partir de 3.99 €
- Edition : TF1 Vidéo
- Durée : 1h48
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