Synopsis : Boston, dans les années 20. Malgré la Prohibition, l’alcool coule à flot dans les bars clandestins tenus par la mafia et il suffit d’un peu d’ambition et d’audace pour se faire une place au soleil. Fils du chef de la police de Boston, Joe Coughlin a rejeté depuis longtemps l’éducation très stricte de son père pour mener une vie de criminel. Pourtant, même chez les voyous, il existe un code d’honneur que Joe n’hésite pas à bafouer : il se met à dos un puissant caïd en lui volant son argent et sa petite amie. Sa liaison passionnelle ne tarde pas à provoquer le chaos. Entre vengeance, trahisons et ambitions contrariées, Joe quittera Boston pour s’imposer au sein de la mafia de Tampa…
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Depuis ses débuts comme réalisateur, Ben Affleck a un intérêt certain pour les grands sujets de cinéma. De Gone Baby Gone (2007) à Argo (2012), la star hollywoodienne traverse tous ses films et tous ses personnages. Il n’est donc pas étonnant que cet amoureux de cinéma choisisse à nouveau d’adapter sur grand écran un des bestsellers de Dennis Lehane, après Gone baby Gone. D’autant que l’auteur de polar voit souvent ses romans adapter à Hollywood, comme Shutter Island (Martin Scorsese , 2010) et Mystic River (Clint Eastwood, 2003). De cette grande saga consacrée au clan Coughlin, Affleck s’est donc tourné vers le deuxième tome d’une trilogie qui raconte le destin du gangster Joe Coughlin, fils d’un capitaine de police qui a grimpé les échelons de la criminalité organisée ; des bas-fonds de la capitale du Massachusetts aux rues ensoleillées de Tampa. Le souffle épique de la saga littéraire de Lehane se retrouve dans cette oeuvre qui n’hésite pas à voir grand. D’un point de vue formel, Live by Night respecte les codes du genre et transpire le classicisme hollywoodien, avec ces plans larges qui font échos aux premiers films noirs, sa maîtrise des scènes d’action et une construction rythmée qui entraîne le spectateur vers le revirement final. On suit donc aisément Joe qu’interprète Ben Affleck, ce hors-la-loi qui tente de se faire un nom et une place dans le milieu. La morale repose sur la tension entre cet homme et son entourage.
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Joe Coughlin a tout du personnage tragique dont le destin le pousse vers des aventures dangereuses malgré sa bienveillance, son envie de bien faire. Il se trouve alors pris dans un tourbillon entre ses amours qui le dévorent et les trahisons qui le détruisent. Joe se rend compte progressivement qu’il n’est qu’un engrenage dans une machine violente et sordide. Toute sa lutte intérieure est alors basée sur la conviction qu’il peut être un gangster tout en gardant son humanité. Mais est-ce suffisant pour survivre dans le milieu de la pègre ? Son côté romantique lui permet de se considérer comme une exception, de croire qu’il peut bénéficier du système et continuer de fonctionner à part. L’enjeu s’inscrit donc dans cette dualité entre bien et mal, avec toutes ces zones grises qui la séparent.
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Il est clair que Live by Night est un hommage aux films de gangsters des années 1930, produit par une Warner à l’origine du genre. L’influence des classiques hollywoodiens, comme ceux de Howard Hawks ou Mervyn LeRoy, reste palpable. Mais le cinéaste semble avoir étrangement oublié qu’entre Scarface (Howard Hawks, 1932) et Live by Night, il y a eu 80 ans et Martin Scorsese, Brian de Palma ou encore plus récemment des séries comme Peaky Blinders. Dès lors, se plonger dans un classicisme exacerbé du genre se reflète mal dans un scénario qui se perd dans des clichés qui n’ont qu’une valeur symbolique. Le film se veut une grande histoire à l’américaine. Ben Affleck dresse le portrait de cette Amérique de la Prohibition, du marché noir, des affrontements entre mafieux italiens et irlandais, du KKK, mais le fossé se creuse entre la profondeur qu’il cherche désespérément à atteindre et son acharnement à respecter à la lettre tous les codes. S’il a tenté de « voir grand » selon ses propres mots, cette grandeur semble l’avoir finalement quelque peu dépassé. Live by Night s’avère donc une oeuvre mineure dans sa filmographie mais reste néanmoins imposante formellement avec un excellent casting féminin.
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- LIVE BY NIGHT réalisé par Ben Affleck en salles le 18 janvier 2017.
- Avec : Ben Affleck, Zoe Saldana, Elle Fanning, Sienna Miller, Brendan Gleeson, Scott Eastwood, Chris Cooper…
- Scénario : Ben Affleck d’après l’œuvre de Dennis Lehane
- Production : Leonardo DiCaprio, Ben Affleck, Chay Carter, Jennifer Davisson Killoran, Jennifer Todd
- Photographie : Robert Richardson
- Montage : William Goldenberg
- Décors : Jess Gonchor
- Costumes : Jacqueline West
- Musique : Harry Gregson-Williams
- Distribution : Warner Bros
- Durée : 2h09
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