My Cousin Rachel de Roger Michell : critique

Publié par Camille Carlier le 24 juillet 2017

Synopsis : Jeune orphelin, Philip est persuadé que sa mystérieuse cousine Rachel est responsable du meurtre de leur cousin Ambroise. Alors que Philip prépare sa vengeance, il tombe peu à peu sous le charme de sa cousine.

 

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My Cousin Rachel - affiche

My Cousin Rachel – affiche

Déjà porté sur grand écran en 1952 par Henry Koster – ce qui avait valu à son actrice, Olivia de Havilland, d’être nommée aux Golden Globes -, My Cousin Rachel revient sous l’impulsion de Roger Michell, qui dépeint ici un film angoissant et voluptueux. Tirée de l’œuvre littéraire du même nom signée par Daphné Du Maurier en 1951, l’histoire d’une apparente vengeance se fait finalement récit d’une éducation sentimentale torturée pour un épilogue dérangeant. « Est-elle innocente ? Est-elle coupable ? ». Telle est l’introduction faite par le héros qui se meut en tourment et finit par nous obséder à mesure que les éléments sont distillés. Car My Cousin Rachel est finalement un thriller romantique dont le principal atout est son scénario efficace qui manie plusieurs genres. Il est fait d’une intrigue noueuse qui mène à revoir notre jugement, tantôt en condamnant la cousine homicide, tantôt en la lavant de tout soupçon. Le récit s’ouvre sur les falaises superbes et dangereuses des Cornouailles au bord desquelles on ne serait pas étonné d’y croiser quelques héroïnes d’Austen. Les grands espaces clairs et limpides contrastent avec le trouble dont les personnages deviennent les proies et se fait l’oxymore de dialogues entretenus dans des lieux clos, pur produit de catharsis. Le film est fait d’un clair-obscur filé qui glisse jusqu’à la personnalité même des protagonistes dont l’écriture est soignée. Rachel (Rachel Weisz) est aussi mystérieuse que Philip (Sam Claflin) est facile à déceler. Orphelin, l’homme de 25 ans a été élevé par son cousin Ambroise, loin des femmes pour lesquelles il ne conçoit pas réellement d’intérêt. Ayant grandi sans mère, il est donc aisé de comprendre sur quelle corde la nouvelle cousine va jouer, si tant est qu’on la considère duplice. Nul n’est alors dupe sur la violence et énergie qu’il met à souhaiter se venger avant même de l’avoir rencontrée. Plus il est proche de la haine, plus l’amour sera aisé à le surprendre, tant la fureur est forme de passion. Il n’est donc pas étonnant de voir son animosité s’évaporer comme neige au soleil (peut-être trop facilement quand on aurait aimé plus de résistance) au profit d’un ravissement adolescent. 

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My Cousin Rachel

My Cousin Rachel

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En opposition, la part belle est faite au personnage féminin de Rachel dont la rencontre se fait languir. Elle n’est pas encore là que son ombre plane, produit des fantasmes de tous, privés de la vision de cette cousine. On doit alors se la figurer au moyen de paroles rapportées ou par le biais épistolaire. Un procédé qu’on avoue très efficace et qui permet à Michell de ménager la surprise avec talent. On peint mentalement un portrait d’une coupable idéale pour finalement réviser notre jugement au vu de la partition ambivalente de Weisz, à qui le réalisateur aurait demandé de ne pas lui révéler quelle vérité du personnage elle avait choisi d’interpréter. Rachel fait peur. Elle paraît tellement brumeuse et insondable qu’il faut l’avoir dans le viseur.

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Ainsi tout au long du film « Où est Rachel ? » reste une question lancinante tandis qu’elle continue d’errer dans nos hypothèses. Les chiens de chasse lui sont dévoués mais les jacinthes ne repoussent plus après son passage. Le personnage est si complexe, qu’il se pare en plus de considérations féministes. On sent poindre chez cette cousine une volonté émancipatrice comme moteur de ses crimes qu’on lui comprendrait presque, tant la dépendance législative et maritale des femmes face aux hommes est dépeinte avec subtilité. La mise en scène force le malaise, avec une composition des plans, au ton parfois ironique, qui tient presque de double narration. On sort alors de My Cousin Rachel perturbé. Le film présente un thriller en apparence simpliste mais tourmenté par l’incertitude. Un tourment qui continue d’étreindre Philip jusqu’à la fin et qui porte pour Ambroise comme pour lui, le nom de Rachel.

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  • MY COUSIN RACHEL réalisé par Roger Michell en salles le 26 juillet 2017.
  • Avec : Rachel Weisz, Sam Claflin, Iain Glen, Holliday Grainger, Pierfrancesco Favino, Simon Russell Beale, Andrew Havill, Poppy Lee Friar
  • Scénario: Roger Michell D’après l’oeuvre de Daphné Du Maurier
  • Production : Kevin Loader
  • Photographie : Mike Eley
  • Montage : Kristina Hetherington
  • Décors : Alice Normington
  • Costumes : Dinah Collin
  • Musique : Rael Jones
  • Distribution : Sophie Dulac Distribution
  • Durée : 1h46

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