Synopsis : August Pullman est un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de coeur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure extraordinaire d’Auggie finira par unir les gens autour de lui.
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Adaptation du roman à succès de RJ Palacio, Wonder donne plus que ce qui paraît au premier abord. Le feel good movie familial est un style populaire mais difficile à manier dans les détails. August Pullman (Jacob Tremblay), Auggie pour les intimes, entre pour la première fois à l’école à dix ans à cause d’une malformation génétique. Comme la plupart des récits d’école, l’endroit est un rite de passage, une initiation à la communauté. Très simplement mis en scène, toute la bonté du réalisateur et des personnages transparaît dans cet univers où les évènements n’ont d’épreuve que le nom. Un proviseur aux petits soins et au nom drolatique, un professeur bienveillant, des couloirs intacts et immaculés, heureusement que les enfants apportent de l’agrément à cet ensemble. C’est surtout à ses semblables qu’Auggie devra prouver sa valeur, et comme tout marginal il sera dorénavant le centre de l’attention, en bien comme en mal. Si la thématique de l’acceptation sociale est tire-larme elle parvient à se faire oublier rapidement, notamment grâce à l’astucieuse séparation en chapitres. La première partie du film se consacre à Auggie et ses premiers jours à l’école, et donc son accès à l’indépendance puisque jusqu’ici il suivait des cours chez lui avec sa mère (Julia Roberts). Le chapitre suivant est consacré justement à sa mère qui apprend à lâcher son enfant et acquiert un autre rôle que celui de mère. Enfin, la dernière partie se focalise sur Olivia (Izabela Vidovic), la sœur d’Auggie, qui entre au lycée et qui elle aussi doit affronter ses propres problèmes. Le père, interprété par Owen Wilson, n’a pas le droit à son chapitre puisqu’il est relégué au rang de personnage secondaire. Son absence est parfaitement justifiée, mais on regrette tout de même de ne pas voir plus de séquences de complicité entre lui et Jacob Tremblay.
L’histoire bénéficie d’une jolie métaphore visuelle et narrative avec l’utilisation de l’espace et de la tenue de cosmonaute dans laquelle se réfugie Auggie. L’espace est passionnant et terrifiant, tout comme le monde social l’est pour Auggie. Des petites séquences déguisées apportent la légèreté nécessaire au récit pour ne pas s’affaisser dans l’auto-complaisance. Cette passion pour l’espace se matérialise aussi sous la forme de l’adoration d’Auggie pour Star Wars : combat de sabre laser et discussion fantaisistes. Le moment où Auggie se compare à Chewbacca avec l’intervention de ce dernier est amusant. Malgré tout, la voix-off moralisatrice agace. D’autant plus qu’Auggie n’est pas la victime qu’il paraît être. Une discussion avec sa sœur révèle qu’il peut être antipathique. Celle-ci se confie à lui pour lui faire part de ses tourments actuels, et ce dernier lui répond d’un ton agressif que ce qu’elle vit n’est rien en comparaison de ce que lui a vécu. D’après lui sa sœur est illégitime à se plaindre parce que ses problèmes à lui ont plus d’envergure. Cette remarque ne trouvera pas d’autre écho dans le film laissant cette question sur ce point a priori définitif et sans nuance. Chacun des personnages principaux évolue dans son arc jusqu’à la fin de l’année scolaire, les variations sont légères mais les émotions sont assénées au burin. Les bonnes intentions ne font pas de bons films, mais celui-ci tire parti d’une agréable candeur et de quelques propositions qui le sortent du lot.
Alexandre Pierzak
- WONDER
- Sortie salles : 20 décembre 2017
- Réalisation : Stephen Chbosky
- Avec : Julia Roberts, Jacob Tremblay, Owen Wilson, Izabela Vidovic, Mandy Patinkin, Daeev Diggs, Danielle Rose Russell, Nadja Jeter,…
- Scénario : Steven Conrad, Jack Thorne, Stephen Chbosky, d’après l’oeuvre de R.J. Palacio
- Production : David Hoberman, Todd Lieberman
- Photographie :Â Don Burgess
- Montage : Mark Livolsi
- Décors : Kalina Ivanov
- Costumes : Monique Prudhomme
- Musique : Marcel Zarvos
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h51