Synopsis : Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie au porte-à -porte, dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression depuis que le propriétaire de l’appartement où vit toute sa famille a choisi la manière forte pour récupérer les loyers en retard. Joseph a plus que jamais besoin de son fils, mais Micka rêve en secret d’une autre vie. Loin des arnaques, loin de son père…
♥♥♥♥♥
Comme des rois est le cinquième long-métrage du cinéaste Xabi Molia, qui fut révélé par 8 fois debout en 2010. Ici, il met en scène le quotidien, pas toujours rose, d’un père, Joseph, qui entraîne son fils, Micka, dans sa vie de petit escroc, avec parfois quelques accrocs. La figure paternelle tente de préserver le domicile familial tout en se livrant à des arnaques. Kad Merad trouve ici l’un de ses meilleurs rôles, entre gravité et drôlerie. Il nous livre une prestation proche de celle de Je vais bien, ne t’en fais pas pour lequel il avait obtenu un César en 2007. Il incarne un personnage de voleur au grand coeur, avec l’intention louable de tenir le gouvernail de son cercle le plus intime pour qu’il ne prenne pas l’eau. Il tient à sauver un appartement, écrin de toute sa famille. Son grief principal est également d’entraîner dans ses combines son fils, joué avec crédibilité par le jeune débutant Kacey Mottet Klein. Sa femme, Val, campée par Sylvie Testud, ne cesse de le lui reprocher, car c’est lui dérober son libre arbitre. Micka aspire en effet à autre chose. Ne plus jouer avec la crédulité des autres, en marchant sur les pas de son père, et monter sur les planches. Joseph, qui oscille entre incompréhension totale et amour étouffant, s’y refuse. Micka tente d’imposer son choix. Car comme toujours, il faut, tôt ou tard, tuer le père -au sens figuré- pour s’émanciper. Comme des rois s’inscrit à la fois dans la filiation des comédies italiennes, comme Le pigeon de Lorenzo Gabriele, et le cinéma social de Ken Loach. Le tout avec la patte singulière de Xabi Molia, également scénariste, et son bagage de normalien, agrégé de lettres, avec plusieurs romans publiés. Il oscille avec subtilité et habilité entre l’humour et l’âpreté des conditions sociales. Son choix pour Kad Merad fut l’évidence. Le cinéaste de 40 ans a été emballé par sa prestation dans la série politique Baron Noir. Il est parvenu à le convaincre en seulement 24 heures. Pour Kad Merad, ce récit lui rappelait l’une des pages de ses jeunes années où il avait provisoirement fait du porte-à -porte à la limite de la légalité. Coutumier des histoires de familles, bien assaisonnées, comme le burlesque Les Conquérants en 2013, Xabi Molia, signe ici une histoire touchante sur une relation père-fils rimant à la fois avec complicité et complexité. À seulement 18 ans, Kacey Mottet Klein s’impose, formant avec Kad Merad un duo génial qui fait mouche. Entre adolescence et âge adulte, il se montre hésitant encore mais ose tout de même s’affirmer pour voir son rêve d’acteur éclore.
Eric Françonnet
- COMME DES ROIS
- Sortie salles : 2 mai 2018
- Réalisation : Xabi Molia
- Avec : Kad Merad, Kacey Mottet Klein, Sylvie Testud, Tiphaine Daviot, Clément Clavel, Amir El Kacem
- Scénario : Xabi Molia, Frédéric Chansel
- Production : Christine Molia et Marielle Duigou
- Photographie : Martin ChabaneixÂ
- Montage : Thomas Marchand
- Décors : Pascale Consigny
- Costumes : Hanna Sjödin
- Musique : Lullatone
- Distribution : Haut et Court
- Durée : 1h24