Synopsis : 1977 : trois jeunes anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. En pleine émergence punk, ils découvriront l’amour, cette planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée…
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Sélectionné hors compétition au 70e du Festival de Cannes l’année dernière, How to talk to girls at parties est l’adaptation par John Cameron Mitchell d’une nouvelle toute personnelle de Neil Gaiman. C’est alors la rencontre entre un auteur britannique à succès qui a couché sur papier une histoire fortement inspirée de sa jeunesse adolescente à Croydon et celle d’un réalisateur qui partage une passion pour les musiques alternatives et l’excentricité. How to talk to girls at parties est un film OVNI à l’instar de son sujet qui met en scène la romance entre Enn (Alex Sharp), un fan de punk en plein courant insurrectionnel et Zan, une extra-terrestre en visite sur la Terre durant le Jubilé de la reine Elisabeth II en 1977. Le crime de lèse-majesté des Sex Pistols n’est pas loin avec la sortie de God Save the Queen et l’ambiance se fend des contrastes qu’offrent une situation économique et sociale en crise. Enn a 48 heures pour faire découvrir à Zan (Elle Fanning) ce qu’est le punk, dans l’esprit et l’expérience, avant que celle-ci ne rentre dans sa colonie avec son code de conduite rigoriste et aseptisé. Si l’ensemble peut déconcerter de part son ADN quelque peu bizarroïde, cultivé comme une patte du réalisateur -semblant en osmose avec l’auteur de l’oeuvre source- , on passe un bon moment.
How to talk to girls at parties fonctionne par son esthétique réelle et son naturalisme au renfort de grands noms de la technique. À commencer par la costumière Sandy Powell, trois fois oscarisée pour Shakespear in love de John Madden, Aviator de Martin Scorsese et The Young Victoria de Jean-Marc Vallée. Elle dynamite ici l’image d’une Nicole Kidman lisse et bourgeoise en grande prêtresse du punk, Brodicea reine celtique “première punk de l’Histoire”. Les décors signés Hannah Spice sont immersifs, au travers des grandes cités héritées du brutalisme qui tiennent pour lieu de vie et repère d’Enn et ses amis et couleurs faussement vives du QG des extra-terrestres. Enfin le casting se révèle très juste et permet à Elle Fanning de découvrir une palette loufoque et drôle en donnant la réplique à des adolescents la langue pendante devant l’opportunité d’enfin pouvoir parler à une fille.
Le fossé touchant entre garçons et filles -qui peuvent effectivement paraître extra-terrestres pour les jeunes garçons- se trouve comblé par l’amour de la musique et du désordre dans l’obscurité des pubs clandestins. On peut y sentir l’odeur de bière et le sentiment d’extrême liberté qui habite chacun des personnages, tandis qu’ils se libèrent de manière cathartique durant les concerts. John Cameron Mitchell et Frank G. DeMarco -qui réalise la photographie- oscillent entre une patine rétro-brute faite de grain et vignettage et images psychédéliques tout droit sortie de l’esthétique science-fictionnelle pour une dualité d’ambiance filée tout du long.
How to talk to girls at parties est un film empirique et frais, dont on ressort nostalgique de ses premiers émois et de cette fibre contestataire propre à l’adolescence. C’est aussi l’occasion d’écouter une bande-originale énergique et pertinente.
- HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES
- Sortie salles : 20 juin 2018
- Réalisation : John Cameron Mitchell
- Avec : Elle Fanning, Nicole Kidman, Alex Sharp, Tom Brooke, Ruth Wilson…
- Scénario : Philippa Goslett , Neil Gaiman, John Cameron Mitchell
- Production : Iain Canning, Howard Gertler, Emile Sherman, John Cameron Mitchell
- Photographie : Frank G. DeMarco
- Montage : Brian A. Kates
- Décors : Hannah Spice
- Costumes : Sandy Powell
- Musique : Nico Mulhy, Jamie Stewart
- Distribution : ARP Selection
- Durée : 1h42