Résumé : Ce livre raccorde un chemin d’écriture sur le cinéma à une enfance et à un amour perdus, tous deux placés sous le signe des loups, de la mélancolie, des métamorphoses, des corps doubles. Les loups-garous ont accompagné l’auteur, sous une forme ou une autre, toute sa vie, surtout à travers de nombreux films (de George Waggner à John Landis ou Michael Mann, de Terence Fisher à Eugène Green, de Jacques Tourneur à Alain Resnais, Philippe Grandrieux, Apichatpong Weerasethakul, Éric Rohmer, Ridley Scott, et bien d’autres). Après L’Homme invisible de James Whale. Soties pour une terreur figurative (2015) et L’Étrange Créature du lac noir de Jack Arnold. Aubades pour une zoologie des images (2017), le dernier livre d’une trilogie fantastique inspirée par la Universal.
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Au-delà des Confessions de Rousseau auquel le sous-titre de cet ouvrage semble nous convier, c’est aux Pensées pascaliennes que le lecteur devra se référer. C’est en effet à travers une unité délicieusement éparse que Jean-Michel Durafour, agrégé de philosophie, professeur en cinéma à l’université d’Aix-Marseille et déjà auteur d’un certain nombre d’ouvrages consacrés au Septième art (dont les excellents Brian De Palma. Épanchements : sang, perception, théorie, et Cinéma et cristaux. Traité d’éconologie), clôture sa trilogie placée sous le signe de l’étrange et de la théorie des images. Après L’Homme invisible (Rouge Profond, 2015) et L’Étrange créature du lac noir (Rouge Profond, 2017), c’est donc le loup-garou qui constitue l’ossature de ce troisième opus. La figure fantastique détermine l’écriture de Durafour qui considère son propre écrit comme un « loup », soit « un masque (…), une expérience d’abandon, une trace délaissée, mais de « qui ne se prend jamais comme un sujet pour lui-même ». C’est ici qu’intervient la principale originalité de cet ouvrage et de sa structure a(na)tomique. Chaque réflexion prend la forme d’un monceau de pensée qui se rattache à un plus vaste ensemble, sorte d’organisme en perpétuelle mutation. Cette figure hybride qui rejoint donc la nature de la créature lupine telle que fantasmée par le cinéma d’horreur (mais pas seulement) offre au lecteur la liberté de circuler librement au sein de son développement composite. Entre passé et présent, exploration subjective et analyses de films, Durafour propose un parcours emboîté et riche de sensations. Esthétique, anthropologie, histoire et psychologie sont conjointement convoqués pour interroger l’identité d’un loup-garou dont l’altérité se rapporte toujours à notre propre rapport aux images et à l’imaginaire qu’elles ont contribué à façonner. Assortie d’un cahier iconographique particulièrement fourni, l’étude se réclame d’une démarche dont l’originalité n’enlève rien à la clarté du propos. On se plaît ainsi à retourner au cÅ“ur de cette meute de mots et de plans nés d’une pensée définitivement mobile.
- NOUS RESTERONS, POUR VIVRE ET MOURIR, AVEC LES LOUPS-GAROUS. CONFESSION THÉORIQUE
- Auteur : Jean-Michel Durafour
- Éditions; Rouge Profond
- Collection : Débords
- Date de parution : 4 avril 2019
- Format : 171 pages
- Tarif : 19 €