Résumé : Le cinéma est l’un des grands mythes du XXe siècle. Pour l’auteur de cet ouvrage, la puissance et la diversité du cinéma résultent du rapport contradictoire entre magie de l’image et révélation de la réalité. Il ne s’agit pas de « nommer » beaucoup de réalisateurs et de films. Mais de « dire le tout », de donner une vision d’ensemble à la fois analytique et synthétique du cinéma, d’un point de vue historique et esthétique depuis la formation de l’expression cinématographique jusqu’au cinéma contemporain.
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Originellement publié en 2006 chez Farrago, réédité cette année aux éditions Verdier assorti d’un chapitre supplémentaire, Le cinéma par Youssef Ishaghpour, essayiste français d’origine iranienne sur plusieurs livres sur Luchino Visconti, Orson Welles ou encore Abbas Kiarostami, annonce dès son sous-titre son ambition première. Histoire et Théorie se complètent à travers des perspectives différentes. L’approche synthétique de la première profite du parcours balisé de la chronologie, tandis que la seconde emprunte le chemin plus tortueux de la pensée esthétique. D’où l’inégalité flagrante des deux parties. Car si l’étude historique présente un intérêt pédagogique indéniable, celle-ci manque de prolongements qui aurait permis d’éviter la redondance de quelques lieux communs (l’opposition du cinéma des frères Lumière à celui de Méliès apparaît comme sa base essentielle). On préfère ainsi les quelques études de cas (Renoir, Welles, ou une cinématographie en particulier) qui rehaussent l’originalité de l’ensemble. L’intérêt de l’ouvrage tient en fait à sa seconde partie. Empruntant tout à la fois à la pensée de Bazin, de Deuleuze et de Morin, l’analyse théorique se déploie à travers deux notions-clés, « La réalité de l’image » et « l’image de la réalité », décrites comme les deux pôles constitutifs de l’art cinématographique. Brillante, la réflexion d’Ishaghpour se rapproche de celle de Jacques Aumont ou de Jean-Louis Comolli dans sa capacité à concilier la nature technique du dispositif envisagé aux problématiques suscitées par son mécanisme de projection. Le chapitre supplémentaire proposé par cette réédition, « Le cinéma menacé par la prolifération des images », actualise les interrogations de l’auteur à la lumière des avancements plus contemporains. L’image du cinéma au péril de l’imagerie médiatique ? La proposition d’Ishaghpour manque de nuances. Espérons qu’une prochaine édition vienne compléter son propos. Les indexes des films et des noms répondent à l’appel, ainsi qu’un glossaire adressé aux néophytes. La bibliographie, plutôt succincte, répond quant à elle, à la cruelle absence de notes en bas de page qui auraient pu ainsi préciser les références employées par l’auteur.
- LE CINÉMA : Histoire et Théorie par Youssef Ishaghpour, disponible dès le mois d’octobre 2015 aux Éditions Verdier dans une nouvelle édition revue et augmentée dans Collection « Verdier/poche ».
- 176 pages
- 8,50 €