Déchaîné est en partie le titre du dernier film de Quentin Tarantino sorti en ce début d’année, Django Unchained. Il se présente, aussi dans cet ouvrage collectif, comme une invitation à regarder l’œuvre du réalisateur américain différemment. Cinéphilie et citation ne sont plus légion, et dix spécialistes, critiques de cinéma, philosophe ou encore anthropologue, amènent à s’interroger sur l’art du recommencement et l’évolution formelle, politique et historique qui nourrissent le travail de l’un des plus grands cinéastes de ces vingt dernières années.

 

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Quentin Tarantino Un Cinema DechaineC’est ce qui s’appelle une sortie à point nommé. Publié ce 17 janvier, soit le lendemain de l’arrivée sur les écrans de DJANGO UNCHAINED (notre critique), Quentin Tarantino, un cinéma déchaîné revient sur les huit longs-métrages qui ont fait de QT l’un des réalisateurs américains les plus importants des deux dernières décennies. Même le dernier-né suscité compte parmi les neuf textes qui se succèdent dans cet ouvrage de 176 pages disponible pour 18 euros. A chaque film – ou diptyque dans le cas de Kill Bill – son ou ses analyses, toutes étant opérées par des spécialistes et dépassant le simple cadre du septième art. L’ensemble du livre collectif est en ce sens d’autant plus intéressant que les points de vue sont de natures diverses, de l’analyse purement cinématographique du critique Hervé Aubron sur Jackie Brown à celle, historico-politique, de la chercheuse en littérature Marie Gil et du philosophe Patrice Maniglier sur Inglourious Basterds. Cette diversité des regards n’empêche pas les liens entre eux, et permet au contraire de constater à quel point Quentin Tarantino a su se renouveler en plus de se réapproprier ses propres références, outrepassant ce qualificatif d’œuvre ultra codée auquel on l’a parfois réduit. L’étourderie intrinsèque du Vincent Vega de Pulp Fiction, évoquée par Pascal Bonitzer dans ‘De la distraction’, précède ainsi l’étourderie feinte de Pam Grier/Jackie Brown, citée par Hervé Aubron dans ‘La déesse de la fatigue’. Victimes, personnages violents et danger de mort reviennent sans ‘s’auto-citer à l’intérieur de la citation de cinéma’, de même que ces personnages propres au cinéma de genre s’avèrent pourtant à nuls autres pareils dans leur fonctionnement, leur personnalité. Jules et Vincent restent des tueurs à gages à l’ancienne par leur ‘coolitude’ et cependant plus prolixes et imprévisibles que les gangsters types des films noirs auxquels Pulp Fiction fait parfois penser.

 

Django Unchained7

 

Surtout, les dix auteurs font fi des évidences plus ou moins lisibles, préférant par exemple opposer Tarantino et Hitchcock dans leur mise en place du suspense plutôt que de citer leurs points communs, tels les caméos ou le fétichisme liés à la femme via les pieds chez le premier ou la blondeur chez le second. Certes, certaines affirmations en laisseront plus d’un ou une perplexe, comme celle de Nicolas Vieillescazes au début de ‘Recommencer’ (« Les deux premiers films de Quentin Tarantino sont superficiels, clinquants, bref ratés ») et certains passages demandent de la concentration de par le vocabulaire pointu utilisé et les interrogations soulevées. Mais le souhait des passionnés de cinéma et amoureux du cinéaste de relire Django Unchained, Quentin Tarantino, un cinéma déchaîné pourra n’en être que plus grand. Deux textes en particulier doivent être appréhendés avec recul : celui de Corinne Rondeau sur Boulevard de la mort (‘Surface et polarités’) et celui du duo Gil/Manglier sur Inglourious Basterds (‘L’image vengeance, Tarantino face à l’Histoire’). Ce qui peut apparaître dans leurs cas comme une réhabilitation condescendante au premier abord est en vérité une occasion de reconsidérer les deux films en question que beaucoup considèrent (les critiques y compris) comme les moins bons de leur auteur. Gil et Manglier expliquent notamment que le final du septième long-métrage du metteur en scène ne constitue pas une réinvention nihiliste de la tragédie vécue par les Juifs mais un moyen plus efficace encore de ramener au présent la réalité historique connue du plus grand nombre. Quant à ceux qui auront déjà vu DJANGO UNCHAINED (notre critique), le texte d’Emmanuel Burdeau qui conclut l’ouvrage, intitulé ‘Vers sa destinée’, devrait leur donner envie de retourner en salles, et d’élargir leur vision sur cette dernière aventure qui permet à Tarantino de « s’affranchir du cinéma lui-même ». De quoi donner envie, également, de revivre le parcours d’un conteur de génie pour mieux en mesurer toute la richesse et le bouleversement qu’il a su opérer sur notre condition de spectateur.

 

Hélène Sécher

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QUENTIN TARANTINO : UN CINÉMA DÉCHAÎNÉ écrit par un collectif (Hervé Aubron, Pascal Bonitzer, Jean Narboni, Eric Chauvier, Noémie Luciani, Corinne Rondeau) sous la direction de Emmanuel Burdeau et Nicolas Vieillescazes. Une coédition Capricci/Les Prairies ordinaires. En librairie le 17 janvier 2013. 176 pages. 18€

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