Synopsis : Quelques années après les événements du premier film de 1979, un groupe de jeune colons se retrouve face à la créature la plus dangereuse et terrifiante de l’univers, le Xénomorphe, alors qu’ils fouillent une station spatiale abandonnée.
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Après sept ans, la saga culte d’horreur et de science-fiction revient pour un septième volet avec le défi d’apporter un vent de fraîcheur. En effet, Alien 3 de David Fincher (1992) et Alien Resurrection (1997) de Jean-Pierre Jeunet n’avaient pas forcément convaincu à leurs sorties. Quant à Prometheus (2012) et à Alien : Convenant (2017), ces deux prequels réalisés par Ridley Scott n’ont pas fait non plus l’unanimité auprès du public et ont même été rejetés par certains. Il était donc important pour Disney, propriétaire du studio Fox depuis 2019, d’effectuer un retour aux sources et de renouer avec le matériel originel, à savoir Alien : le huitième passager (1979) de Ridley Scott et sa suite Aliens, le retour (1986) de James Cameron. Au départ, la volonté de Scott était de conclure sa trilogie entamée par Prometheus. La production devait commencer en 2018 et avait un titre, Alien : Awakening. En parallèle, il était question de lancer le projet d’un Alien 5 avec le retour de Sigourney Weaver, dans le rôle d’Ellen Ripley, et Walter Hill, producteur et scénariste de la saga, à l’écriture. Finalement, le studio a décidé de prendre une nouvelle direction et a lancé la production d’un long-métrage qui situerait son histoire entre les événements des deux premiers films. Ridley Scott cède ainsi sa place à Fede Alvarez derrière la caméra, tout en restant attaché au projet en tant que producteur. Le réalisateur uruguayen, grand fan de la franchise, est un habitué de l’horreur avec le remake d’Evil Dead en 2013, mais surtout avec Don’t Breathe (2016). Ce film d’ambiance en huis clos l’a fait connaître au grand public et lui a même permis de rencontrer Scott avec lequel il a pu partager sa vision d’un film Alien.
Alien : Romulus se déroule donc quelques années après les événements tragiques du Nostromo et nous plonge au cœur d’une colonie minière appartenant à la société Weyland-Yutani. Dans cette vie sans espoir, des jeunes colons décident de prendre leur destin en main et de partir fouiller une station spatiale abandonnée en orbite afin d’obtenir la liberté qui leur a toujours été refusée.
La première chose à souligner est l’ambiance générale. La direction artistique est magnifique, avec une photographie et des décors qui nous plongent au cœur de ce monde rétrofuturiste. On y retrouve des vaisseaux spatiaux usés et des technologies datées. Le film tire son inspiration d’autres œuvres de science-fiction, telles que Blade Runner pour la partie sur la colonie, mais aussi des jeux vidéo comme Dead Space et Alien : Isolation pour celle sur la station spatiale.
Le filtre vieilli de la caméra nous immerge davantage et apporte une continuité notable avec les deux premiers Alien. Les codes couleurs sont également choisis avec soin : la teinte orange nous plonge dans une angoisse pesante et permanente, quand le rouge annonce un danger imminent. Le film alterne ainsi parfaitement les effets pratiques et numériques. Notamment avec la ceinture d’astéroïdes impressionnante d’un blanc pure.
Et la réalisation d’Alvarez n’est pas en reste. S’il doit respecter une saga codifiée, il parvient à délivrer des idées de mises en scène inédites. À l’exemple des séquences sous zéro gravité dans lesquelles la caméra flotte avec les acteurs, des scènes brutales dans l’espace sans le moindre son, des courses-poursuites de facehuggers dans des pièces étroites. Son histoire rend hommage à l’ensemble de la saga et installe des nouveautés bienvenues. On regrettera des redites de dialogues et de mises en scène, ainsi qu’une trop grande ressemblance de son personnage principal à Ellen Ripley. La tonalité peut également perturber, passant de l’horreur angoissante à une action décomplexée assez rapidement.
Pour autant, ce qui porte véritablement le film, c’est ce groupe de jeunes colons dépeint comme une jeunesse abandonnée et oppressée par un certain libéralisme. Ils sont les seuls présents à l’écran et les acteurs qui les interprètes font tous un excellent travail. Mention spéciale à Cailee Spaeny (Priscilla, Civil War, dans le prochain À couteaux Tirés), convaincante en Ripley bis. Mais surtout à David Jonsson, qui interprète une version d’un androïde assez inédite dans la saga. Plus humain et touchant que ses prédécesseurs.
Alien : Romulus réussit ainsi son pari de renouer avec les bases du succès de la franchise, tout en y apportant du sang neuf. Entre hommages, redites et nouveautés, ce nouvel Alien s’intègre parfaitement dans l’univers. On regrettera toutefois de ne pas avoir été « horrifié », mais cela peut se comprendre après 45 ans d’Alien.
Florian Rouaud
- ALIEN : ROMULUS
- Sortie : depuis le 14 août 2024
- Réalisation : Fede Alvarez
- Avec : Cailee Spaeny, David Jonsson, Archie Renaux, Isabela Merced, Spike Fearn, Aileen Wu, Rosie Ede, Soma Simon, Bence Okeke, Viktor Orizu, Robert Bobroczkyi, Trevor Newlin, Annemarie Griggs
- Scénario : Fede Alvarez, Rodo Sayagues
- Production : Walter Hill, Micheal Pruss, Ridley Scott
- Photographie : Galo Olivares
- Montage : Jake Roberts
- Décors : Naaman Marshall
- Costumes : Carlos Rosario
- Musique : Benjamin Wallfisch
- Distribution : 20th Century Studios
- Durée : 1 h 59