Dix personnages, dix quartiers de New York : en plein été, alors qu’une vague de chaleur transforme la ville en zone tropicale, se rejoue l’éternelle ronde des amours où chacun croit dominer son désir et n’est que le jouet du destin et des pulsions…
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30 Beats sonne l’approche et l’arrivée du printemps ! Si le soleil sous la fraîcheur du mois de mars est actuellement au rendez-vous dans la capitale parisienne, Alexis Lloyd nous plonge ici dans un New York envahi par une vague de chaleur lourde et enivrante. Le cinéaste français, qui signe ici son premier long-métrage, conte dans une succession de saynètes les aventures de dix personnages, qui semblent liés les uns aux autres, dans leurs désirs amoureux et sexuels. Ce petit film indépendant américain s’inspire très librement de La Ronde du viennois Arthur Schnitzler, qui fut en l’occurrence porté à l’écran par Max Ophüls. A la base de certains arguments de la pièce de théâtre, il explore dans une version contemporaine les multiples jeux de la séduction et des préliminaires, sans jamais mettre en scène l’acte sexuel ni la nudité, hormis le sein de la comédienne française Vahina Giocante (99 francs), d’une figurante ou le corps sensuel de Paz de la Huerta (Enter the Void) cependant vêtue d’une lingerie fine. Tour à tour, on suit un homme et une femme qui se connaissent, se rencontrent, s’attirent ou se découvrent pour se laisser submerger par leur désir et leurs pulsions, avec la volonté insistante d’Alexis Loyd de toujours laisser les femmes ouvrir la danse entre virginité, voyance, bondage, tendresse, blessure, névrose et blind date.
30 Beats débute sur une jeune femme afro-américaine (Condola Rashad) marchant dans les rues ensoleillées de la grosse pomme qui rejoint un trentenaire blanc plutôt bobo (Justin Kirk) dans son loft new yorkais. Ils se connaissent. Leur échange est bref. Les yeux dans les yeux, elle lui révèle qu’elle est toujours vierge mais elle l’a choisi pour franchir le cap crucial… maintenant. Il semble à la fois mal à l’aise, perplexe et fier. Leurs peaux dégoulinent sous la chaleur accablante et le ventilateur peine à les rafraîchir. Puis il met en route un disque sur sa platine, fait quelques pas de danse et s’approche d’elle en la déshabillant. La saynète suivante se poursuit toujours avec lui cette fois dans ses relations, notamment avec Jennifer Tilly (Bound) – que l’on n’avait pas vu au cinéma depuis un moment – dans le rôle d’une medium, et ainsi de suite pour enfin revenir et se terminer comme une boucle sur celle qui a ouvert cette ronde moite des corps. Si le jeu des acteurs, très souvent en roue libre, avec des dialogues insignifiants et une voix intérieure sans intérêt de Vahina Giocante, restent la grande faiblesse de ce film confidentiel, Alexis Lloyd enchaîne malgré tout avec fluidité des histoires interceptées dans le flot de cette canicule urbaine, en dressant d’une certaine façon, une peinture de la jeunesse de la population new yorkaise actuelle, issue de toutes origines (ou presque). Au final, cette première oeuvre, souvent maladroite, trouve un rythme grâce à l’excellente bande son blues-rock qui donne un peu souffle à l’attraction électrique des corps dans cette exploration de la sexualité physique et cérébrale…
30 BEATS écrit et réalisé par Alexis Lloyd en salles le 21 mars avec Jennifer Tilly, Paz de la Huerta, Vahina Giocante, Jason Day, Ingeborga Dapkunaite, Justin Kisk, Ben Levin, Lee Pace, Condola Rashad, Thomas Sadoski. Producteurs : Molly Conners, Carl Ford, Alexis Lloyd. Montage : Xavier Loutreuil, Roberto Silvi. Musique : CC Adcock. Son : Leslie Shatz, Denis Haggerty. Distribution : Studio 37/Latitude 49. Durée : 1h28.
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