Une jeune femme devient la maîtresse d’un riche banquier. Il lui offre un revolver, elle une combinaison en latex. Lorsqu’il promet un million de dollars et le mariage, il ne se doute pas qu’elle va lui rappeler son engagement. Ils démarrent une curieuse relation passionnelle, faite de domination et de dépendance mutuelle.

 

♥♥♥♥♥

 

Une Histoire d'amour affiche« Les histoires d’amour sont des planètes privées. Elles obéissent à des lois inconnues du reste de l’univers. On nous jugera au nom de lois qui n’étaient pas les nôtres au moment des faits. » Cette voix-off rocailleuse qui inaugure le film c’est celle, bien reconnaissable, de Richard Bohringer. En témoin de l’évènement ici raconté, ce dernier s’impose directement comme le narrateur et spectateur impuissant de la romance malsaine qui se noue entre Benoît Poelvoorde et Laetitia Casta. Une histoire d’amour même, puisque c’est le titre qu’Hélène Fillières a choisi pour son premier long-métrage, adapté du roman de Régis Jauffret, Sévère, lui-même inspiré d’un fait divers. Drôle d’amour en vérité, et bienvenue à celui ou celle qui saura trouver ledit sentiment dans ce récit étrangement désincarné. Car si de fait réel il s’agit, la cinéaste a choisi une réalisation exempte de toute authenticité, sans aller jusqu’au bout de cette orientation en évitant les clichés. Le pire, c’est que rien n’échappe à cette volonté d’artificialité. Les jeux d’ombres et de lumières et le manque de couleurs, inévitables, insistent sur les dualités du couple central, moitié victime-moitié coupable. Les voitures et les décors exagérément clinquants et proprets ne manquent pas non plus à l’appel, évoquant centimètre par centimètre la condition sociale du protagoniste incarné par Benoît Poelvoorde, un riche banquier. Et puis l’absence de référence concrète à l’actualité et à une vie sociale permet d’avancer que cette histoire de crime passionnel aurait pu se dérouler à n’importe quelle époque. La prédominance des plans larges lors des scènes de sexe apporte quant à elle une distance évitant le jugement comme l’empathie péremptoire pour ce monstre à deux têtes. Tous ces éléments et ce parti pris classieux et glacial étaient déjà adoptés dans Choses secrètes (2002), autre conte atemporel axé sur la dépendance amoureuse, ses liens avec le pouvoir et la manipulation. Sauf que l’ensemble fonctionnait beaucoup mieux dans le film de Jean-Claude Brisseau, dont la théâtralité baroque et l’aspect romancé étaient poussés dans leurs derniers retranchements, au risque de choquer ou déplaire. Ici, Hélène Fillières semble hésiter constamment entre observation clinique et mise en image fantasmagorique.

 

Une histoire d'amour

 

Les intentions sont pourtant là en ce qui concerne les personnages, l’absence de noms et prénoms servant à les déshumaniser. Le personnage de Laetitia Casta tente par exemple de charmer un voisin d’avion tout à fait ordinaire. Mais elle finira, en tant que personnalité extrême, par revenir vers ces deux entités opposées auxquelles Poelvoorde et Bohringer prêtent leurs traits. Le premier dévoile une fragilité presque infantile et une nature volcanique. Le second, dans le rôle du compagnon légitime de Laetitia Casta, est une sorte de négatif via son abnégation, son côté paternel et sa passivité silencieuse. Le psychanalyste et le ministre joués respectivement par Jean-François Stévenin et Philippe Nahon ne sont par contre pas suffisamment développés pour apporter plus de matière, et sont simplement utilisés pour refléter l’impuissance du banquier. Heureusement que le magnétisme des deux interprètes principaux retient un peu l’attention, même si l’on a connu Benoît Poelvoorde plus inspiré et insondable devant la caméra d’Anne Fontaine. La réalisatrice de Coco avant Chanel (2009) demeure justement la seule à ce jour à avoir su exploiter toutes les nuances dramatiques de l’acteur belge avec Entre ses mains (2005). Les divers talents ici présents restent ainsi sous exploités, la faute sans doute à ce script répétitif malgré la durée assez courte du long-métrage (1h20). Scènes de repas intimidantes, personnages figés devant les vérandas de leurs salons, regards évasifs face aux vitres des voitures, scènes sadomasochistes reposant sur la dualité dominant-dominé… En somme, rien d’original dans cette première oeuvre qui offrait pourtant un large potentiel…

 

Hélène Sécher

 

 

UNE HISTOIRE D’AMOUR d’Hélène Fillières en salles le 9 janvier 2013 avec Benoît Poelvoorde, Laetitia Casta. Richard Bohringer, Reda Kateb, Jean-François Stévenin, Philippe Nahon. Scénario et dialogues : Hélène Fillières, d’après le roman Sévère de Régis Jauffret. Producteurs : Matthieu Tarot et Jani Thilges. Coproducteur : Diana Elbaum. Image : Christophe Beaucarne. Musique : Etienne Daho. Décors : Inbal Weinberg. Montage : Philippe Bourgueil. Costumes : Laurent Struz. Distribution : Wild Bunch Distribution. Durée : 1h20.

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