Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences… Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route ?

 

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L’univers magique du pays d’Oz, vu par le cinéaste d’Evil Dead et de la trilogie Spider-Man, était non seulement l’un des projets les plus enthousiasmants – qui a exalté les fans de l’histoire et du réalisateur pendant plus de deux ans sur la toile – mais aussi l’un des plus attendus de ce début d’année. L’attente était d’autant plus grande que le génial Sam Raimi revient derrière la caméra quatre ans après Jusqu’en Enfer, présenté hors compétition à Cannes en 2009. Si ce prequel en live-action 3D respecte admirablement dans sa texture et son esprit l’œuvre cinématographique de Victor Fleming de 1939, elle-même adaptée du roman populaire classique de L. Frank Baum, force est de constater que quelque chose manque à sa réussite globale espérée (voire présupposée) dans sa conception. C’est bien là toute la problématique du film de Sam Raimi visuellement et artistiquement sublime, aéré et lumineux qui parvient parfaitement à se démarquer d’Alice au pays des Merveilles aux tonalités plus sombres de Tim Burton. Les grands noms de la technique sont pourtant bien au rendez-vous pour la conception des décors, des costumes et de la photographie, particulièrement dans le travail sur le passage du noir et blanc en 4:3, aux couleurs saturées en format panoramique. Les images de synthèse sont aussi notablement remarquables dans l’exécution des personnages du singe ailé Finley (voix de Zach Braff) et de la poupée de porcelaine China Girl (voix de Joey King). Cette dernière de 45 cm de haut s’impose d’ailleurs à l’écran et vole littéralement la vedette à tous les personnages humains dans chacune de ses apparitions. Sam Raimi parvient à créer une formidable interaction entre tous les protagonistes réels et virtuels.

 

Le Monde Fantastique d'Oz5

 

L’interprétation et la réalisation de Sam Raimi honorent donc magnifiquement le style de la version originale dans ces dimensions multiples, mais le récit de Mitchell Kapner (Mon Voisin le Tueur) et de David Lindsay-Abaire (RABBIT HOLE – notre critique), dans lequel le cinéaste distille saveur et humour, exercera-t-il pour autant une emprise comparable sur la nouvelle génération ? Car tout ce décorum somptueux est par moments gaspillé par une certaine candeur, omniprésente et souvent agaçante, et un manque d’envolée et d’émotion dans la narration. Si Michelle Williams incarne Glinda la gentille sorcière avec force, charme et intelligence, on aurait espéré davantage d’imagination, d’intensité et de bouillonnement dans la caractérisation des personnages des méchantes sorcières Evanora (Rachel Weisz) et Theodora (Mila Kunis) dans l’exercice de leurs pouvoirs de sorcellerie. Pourtant au final, Le Monde Fantastique d’Oz, dont la suite est déjà en développement chez Disney, parvient à fonctionner. Sam Raimi offre au spectateur un tel ravissement des pupilles dans ce divertissement familial qu’il est quasiment impossible d’être totalement réfractaire, ce qui se démontre par les premiers résultats du box office américain depuis sa sortie ce week-end. De la gigantesque tornade, à la spectaculaire Cité d’Émeraude en passant par la célèbre Route de Briques Jaunes, le cinéaste parvient à dépasser les attentes raisonnables du public et laisse agir une certaine magie agréable dans ce voyage, qui a fait du charlatan Oscar Diggs du Midwest, convenablement incarné par James Franco, le fameux Magicien d’Oz dans l’imaginaire collectif.

 

 

 

LE MONDE FANTASTIQUE D’OZ (Oz the Great and Powerful) de Sam Raimi en salles le 13 mars avec James Franco, Rachel Weisz, Michelle Williams, Mila Kunis et Zach Braff. Scénario : Mitchell Kapner, David Lindsay-Abaire d’après une histoire de Mitchell Hapner et des personnages crées par L. Frank Baum. Producteurs : Joe Roth. Photographie : Peter Deming. Décors : Peter Stromberg. Costumes : Gary Jones, Michael Kutsche. Compositeur : Danny Elfman. Montage : Bob Murawski. Effets Visuels : Scott Stokdyk. Maquillage : Greg Nicotero, Howard Berger. Marionnettiste : Philip Huber. Accessoiriste : Russell Bobbitt. Distribution : Walt Disney Pictures. Durée : 2h07

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