La Marche de Nabil Ben Yadir: critique

Publié par CineChronicle le 6 novembre 2013

En 1983, dans une France en proie à l’intolérance et aux actes de violence raciale, trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes lancent une grande Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, de plus de 1000 km entre Marseille et Paris. Malgré les difficultés et les résistances rencontrées, leur mouvement va faire naître un véritable élan d’espoir à la manière de Gandhi et Martin Luther King. Ils uniront à leur arrivée plus de 100 000 personnes venues de tous horizons et donneront à la France son nouveau visage.

 

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La Marche affiche teaserLa Marche est le second long-métrage de Nabil Ben Yadir, qui s’était précédemment fait remarquer avec son sympathique et réussi Les Barons dans lequel on retrouvait déjà Nader Boussandel. Il signe ici une comédie dramatique, historique et sociale à la croisée du road movie et du film choral. Ces dernières années, on a assisté à de nombreuses tentatives infructueuses – voire désastreuses – d’œuvres populaires françaises. A quelques exceptions près, toutes furent des échecs artistiques, critiques et financiers. Au point qu’on en était presque venu à bannir une comédie française à l’affiche. Nabil Ben Yadir pourrait bien inverser la tendance. La grande réussite de La Marche, basée sur une histoire vraie évoquant un mouvement important dans les années 1980 pour l’égalité et contre le racisme, tient dans la description de ce groupe hétéroclite, dont les relations entre les membres, évoluent tout au long de leur parcours. Les personnages soigneusement caractérisés et attachants sont formidablement interprétés par des acteurs tous talentueux. On retient en particulier Olivier Gourmet, qui prête son jeu solide et ses traits rassurants au personnage de Dubois, le curé parrain de l’aventure. Mais aussi Lubna Azabal et Vincent Rottiers, les deux fortes têtes du groupe qui, complètement habités par leurs rôles, livrent deux des meilleures performances d’acteurs qu’on ait vues dans le cinéma français cette année. Puis Jamel Debbouze, ici très drôle et touchant dans un rôle secondaire, qui se «fond» harmonieusement dans le groupe.

 

 

La Marche de Nabil Ben Yadir

 

Les autres qualités de La Marche résident dans certains choix artistiques faits par le cinéaste pour recréer de manière crédible la France de 1983. La direction artistique, les costumes et les coiffures capturent excellemment bien l’esprit de ce que furent les premières années de l’ère Mitterrand. Le choix judicieux du support 35mm contribue, quant à lui, à donner une belle patine vintage aux images. Ainsi le film de Ben Yadir oscille entre la revendication, incarnée par Lubna Azabal et Vincent Rottiers, et la réconciliation, représentée par Tewfik Jallab et Olivier Gourmet (citant souvent Ghandi), chacun d’entre eux collant parfaitement à leur cause. D’ailleurs, du moins initialement, le déroulé dans les actions ambigües des autorités à l’égard des héros, montre bien la façon dont les marcheurs sont perçus par les gens. Si au départ ils suscitent la méfiance de leur entourage et de la population, ils finissent par remporter l’adhésion du plus grand nombre en allant sans cesse vers les autres dans leur élan d’égalité.

 

La Marche de Nabil Ben Yadir

 

La Marche n’est cependant pas exempt de défauts, notamment dans le premier acte un peu brouillon. L’ellipse entre la blessure de Mohammed et son retour à la maison est malvenue, car c’est à l’hôpital que germe l’idée de la marche et jamais on n’assiste à ce moment pourtant crucial. De la même manière, l’arrêt à Dreux, qui dès le début est annoncé comme LA ville difficile du parcours, est traité en surface presque de manière anodine. Ces quelques anicroches scénaristiques n’empêchent toutefois pas le récit d’atteindre son but : nous faire marcher et adhérer au défi relevé par ce petit groupe aux grandes ambitions. Car si dans sa forme La Marche, dont l’action se déroule dans le passé, peut désormais être qualifié de ‘film historique’ – oui déjà -, le cinéaste n’oublie pas pour autant d’ancrer son œuvre dans une réalité qui fait bien évidemment écho à la situation politique de la France de 2013. Trente ans se sont en effet écoulés depuis ces événements et lorsque la salle se rallume, il est difficile de ne pas se demander ce qu’il s’est passé depuis. La situation a-t-elle empiré ? S’est-elle améliorée ? Ben Yadir se garde judicieusement de faire un bilan ou un constat qui aurait alourdi son propos et préfère parler de l’impact immédiat de l’évènement pour finir sur une note optimiste.

 

Nicolas Christian

 

 

LA MARCHE de Nabil Ben Yadir en salles le 27 novembre 2013 avec Olivier Gourmet, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers, M’Barek Belkouk, Lubna Azabal, Nader Boussandel, Charlotte Le Bon, Hafsia Herzi, Philippe Nahon et Jamel Debbouze. Scénario : Nabil Ben Yadir en collaboration avec Ahmed Hamidi, Nadia Lakdar. Producteurs : Hugo Sélignac. Photographie : Danny Elsen. Compositeur : Stephen Warbeck. Montage : Damien Keyeux. Décors : Johann George. Costumes : Emmanuelle Youchnovski. Distribution : EuropaCorp. Durée : 2h.

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