My Week with Marilyn : critique

Publié par Nathalie Dassa le 25 mars 2012

Au début de l’été 1956, Marilyn Monroe se rend en Angleterre pour la première fois. En pleine lune de miel avec le célèbre dramaturge Arthur Miller, elle est venue tourner LE PRINCE ET LA DANSEUSE, le film qui restera célèbre pour l’avoir réunie à l’écran avec Sir Laurence Olivier, véritable légende du théâtre et du cinéma britanniques, qui en est aussi le metteur en scène. Ce même été, Colin Clark, 23 ans, met pour la première fois le pied sur un plateau de cinéma. Tout juste diplômé d’Oxford, le jeune homme rêve de devenir cinéaste et a réussi à décrocher un job d’obscur assistant sur le plateau. Quarante ans plus tard, Clark racontera ce qu’il a vécu au fil des six mois de ce tournage mouvementé dans son livre, « The Prince, the Showgirl and Me ». Mais il manque une semaine dans son récit… Son second livre, « Une semaine avec Marilyn », relate la semaine magique qu’il a passée, seul, avec la plus grande star de cinéma du monde.

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L’annonce en 2010 du projet cinématographique sur Marilyn Monroe était tout aussi excitante que risquée car la déesse iconique glamour, qui a disparue il y a maintenant 50 ans, reste encore omniprésente et toujours sous les feux de l’actualité. Le cinéaste britannique Simon Curtis – qui tire son expérience de téléfilms et de miniséries sur la BBC – signe ici son premier long-métrage sur grand écran et capture étonnamment l’essence, l’émotion et l’esprit de cette magnifique blonde platine irradiante. Doux, tendre et extrêmement fragile : tels sont les termes qui caractérisent cette ode à la star, merveilleusement portée par une Michelle Williams resplendissante, malgré un corps trop mince pour ce rôle, qui lui a valu d’être nommée à l’Oscar. La réalisation mise au service du scénario d’Adrian Hodges, adapté des deux livres mémoires de Colin Clark, laisse encore planer les effluves d’une fascination pour la célébrité de My Week with Marilyn quelques temps après son visionnage. Le film retrace du point de vue de Colin Clark (Eddie Redmayne), fils de l’historien d’art Kenneth Clark, l’épisode intime qu’il a vécu avec Marilyn Monroe, alors au sommet de sa carrière, tandis que Sir Laurence Olivier réalise la comédie Le Prince et La Danseuse, tirée de la pièce The Sleeping Prince de Terence Rattigan, dans les fameux studios de Pinewood. Les premières scènes s’intéressant au jeune homme âgé de 23 ans qui, motivé pour travailler dans l’industrie du cinéma, décide de se rendre chaque jour dans les bureaux de la société de production de Laurence Olivier dans l’espoir de voir un poste se libérer et s’impose en aidant bénévolement. Entre détermination et persuasion, il décroche l’opportunité rêvée avec Le Prince et la Danseuse.

 

D’abord simple observateur à l’arrivée de Marilyn sur le sol anglais, fraîchement mariée à Arthur Miller (Dougray Scott), il devient le troisième assistant réalisateur de Laurence Olivier. La force du récit tient dans le fait qu’il ne se limite pas à raconter les quelques instants de la relation particulière entre Marilyn et Colin, mais reconstitue également le tournage houleux et chaotique de cette comédie à succès, qui fut illuminée par la seule présence de Marilyn. Pour Laurence Olivier – marié à Vivien Leigh (Julia Ormond) – qui espérait ‘reprendre en main une carrière chancelante’, ce tournage se transforme en un conflit d’égos entre lui – acteur réputé – qui veut revenir au premier plan, et Marilyn – superstar mondiale à la production de son premier film – qui veut être reconnue comme une véritable actrice. Simon Curtis réalise alors une intéressante mise en abîme où se mêle drame et comédie. L’équipe du film se divise alors face au manque de ponctualité et à l’absentéisme réputés de Marilyn, protégée par sa coach Paula Strasberg (Zoë Wanamaker), et à l’impatience mêlée aux remarques cinglantes de Laurence Olivier insensible et vindicatif. Si l’interprétation de Kenneth Branagh est moins puissante qu’habituellement et parfois trop dans l’imitation, il garde cependant l’approche shakespearienne de cette figure légendaire, dont il est le digne héritier. Dans ce tournage cauchemardesque, que d’autres réalisateurs ont également vécu avec l’imprévisible Marilyn sur les plateaux tels John Huston (Les Désaxés), Billy Wilder (Certains l’aiment chaud) ou encore George Cukor (Something’s got to give inachevé), Colin Clark gagne sa confiance, sert de médiateur pendant les heurts et se rapproche d’elle, balayant rapidement sa relation-flirt avec une jeune assistante costumière (Emma Watson).

 

Michelle Williams – qui avait déjà démontré ses talents notamment dans BLUE VALENTINE (notre critique) – est extrêmement convaincante et exploite avec une grande retenue les souffrances et les fêlures émotionnelles de l’âme fracturée d’une Marilyn instable, vulnérable, affaiblie et terrifiée par l’abandon. L’excellent score Marilyn’s theme d’Alexandre Desplat vient renforcer le jeu tout en nuances de l’actrice. Simon Curtis n’hésite pas à la filmer au plus près pour mieux capturer son regard perdu et évanescent dont les pupilles sont dilatées par l’excès de médicaments. Si la mise en scène satinée reste trop classique, superficielle et sans réelle personnalisation, My Week with Marilyn renvoie cependant comme une image fantomatique toute la fragilité et l’authenticité émotionnelle de cette star mythique exceptionnelle, étincelante et sensuelle entre réalité, souvenirs et fantasmes…

 

 

 

 

 

MY WEEK WITH MARILYN de Simon Curtis en salles le 4 avril avec Michelle Williams, Kenneth Branagh, Eddie Remayne, Julia Ormond, Toby Jones, Dominic Cooper, Judi Dench, Emma Watson, Dougray Scott, Karl Moffatt. Scénario : Adrian Hodges d’après les livres de Colin Clark ‘The Prince, The Showgirl and Me’ et ‘My Week with Marylin’. Producteurs : David Parfitt, Harvey Weinstein. Directeur de la Photographie : Ben Smithard. Décors : Donal Woods. Monteur : Adam Recht. Musique : Conrad Pope. Score Marilyn’s theme : Alexandre Desplat. Coiffures et Maquillage : Jenny Shircore. Distribution : StudioCanal. Durée : 1h42.

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