Série/ True Blood (l’intégrale): critique

Publié par Guillaume Ménard le 19 septembre 2014
Alexander Skarsgard, Anne Paquin, Stephen Moyer - True Blood - HBO

Alexander Skarsgard, Anne Paquin, Stephen Moyer – True Blood – HBO

 

Avec douze épisodes de près d’une heure par saison, l’histoire s’enchaîne très rapidement, en partie grâce à la dizaine de personnages. Par leurs intrigues secondaires, ils se rattachent (presque) toujours au fil rouge de chaque saison qui dévoile constamment un nouveau Nemesis à vaincre. L’imaginaire de True Blood en est presque étourdissant. On y croise des vampires, principalement, mais aussi des loups-garous, des Ménades (nymphes grecques incarnant la nature), des sorcières, des fées et des métamorphes. Si la première saison sert surtout à exposer les protagonistes et à confronter Sookie à son premier ennemi, la suite relie les connections entre les nouvelles créatures. Ainsi, le personnage de la serveuse télépathe, dont la romance avec Bill est un véritable pilier au début de la série, finit par multiplier les conquêtes et créer une dynamique de triangles amoureux. Procédé qui va pourtant desservir la série à partir de la cinquième saison, marquant par-là même le départ du showrunner, Alan Ball.

 

Ce qui a ravi les esprits dans la première moitié de la série, c’est une fraicheur et une inventivité hors-pair de la mise en scène sur un sujet fantastique. HBO a misé sur les vampires avec des moyens indéniables (trois millions de dollars par épisode), des effets spéciaux sanguinolents et des décors à couper le souffle. Avant la saga Twilight, Vampire Diaries et autres bluettes adolescentes, True Blood a surpris par son ton résolument plus adulte sans rien perdre de sa candeur, à la différence de Buffy, qui assumait son statut de série B. Car si le show de Joss Whedon renversait le rôle de l’héroïne blonde désarmée en chasseuse impitoyable de vampires, elle jouait dans une gamme composée exclusivement de second degré, propre à une mythologie américaine via le lycée de Sunnydale.

 

Welcome to Bontemps - True Blood - HBO

Welcome to Bontemps – True Blood – HBO

 

Dans True Blood, le cadre géographique de la Louisiane joue un rôle crucial dans l’histoire de cette bourgade perdue au milieu des marais. De l’origine des familles – nommées Bellefleur, Herveaux ou Merlotte – ou de l’importance de la gastronomie dans la série (du bar-restaurant aux tartes de la grand-mère de Sookie), le spectre de la colonisation française plane au-dessus du Bayou. Historiquement, les flashbacks des vampires se focalisent essentiellement sur un passé européen (à l’exception de Bill, soldat pendant la guerre de Sécession), avec des épisodes en Scandinavie, dans l’Angleterre ou l’Espagne du XIIème siècle en passant par la France. Et de tous les repères chronologiques, le plus difficile à saisir est celui de la temporalité fictive. Les actions sont si nombreuses et les ellipses si rares que les sept chapitres ont l’air de défiler à la vitesse de la lumière. De plus, les dernières minutes de chaque saison, qui servent de passerelle temporelle à la suivante, en accouchant d’un traditionnel cliffhanger, deviennent de plus en plus lassantes.

 

A partir de la cinquième saison, le ton change, les scènes d’actions se font plus badass, à grand renfort de vestes en cuir, d’explosions superfétatoires et de ralentis indigestes. En opposition à ce dernier procédé, les images accélérées, illustrant la rapidité des mouvements des vampires, commencent à prendre une allure désuète. Le sentiment que les personnages arrivent en bout de course se fait de plus en plus sentir, au détriment d’une photographie toujours soignée qui alterne avec brio les scènes surexposées et celles nocturnes. Elle font référence au romantisme allemand du XIXème siècle qui cite Friedrich sur le rapport de l’homme face à la nature, le retour au mysticisme et à la démesure de la folie médiévale. Par cette grille de lecture inhérente à la peinture et à la littérature, on perçoit dans le comportement de certains protagonistes un attrait pour la bestialité, comme Sookie au travers de ses relations avec un métamorphe ou un loup-garou. Ou encore Jason, violé par une bande de filles souhaitant le voir se transformer en panthère-garou. Cette tendance est incarnée visuellement par la transformation de l’animal en homme, lequel se métamorphosant pour devenir l’icône nue, providentielle et sexy.

 

Alexander Skarsgard, Lucy Griffiths, Rutina Wesley dans True Blood - HBO

Alexander Skarsgard, Lucy Griffiths, Rutina Wesley dans True Blood – HBO

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