Série/ True Blood (l’intégrale): critique

Publié par Guillaume Ménard le 19 septembre 2014
Loup-garou - True Blood - HBO

Loup-garou – True Blood – HBO

 

La mutation, thème central de la série, ne concerne pas que les loups-garous, mais aussi les métamorphes, humains ayant la capacité de se changer en n’importe quel animal ou homme. Cet effet miroir, qui révèle la dualité des personnages, renvoie à la persona de Jung, visant à exprimer la dissociation de la conscience, et de la place de l’homme dans la société. En parlant à travers le masque dont il se revêt pour se plier au conformisme social – ici, la ville de Bontemps -, il ne sait plus qui il est. C’est le cas d’un des héros les plus intéressants de la série, Sam Merlotte (Sam Trammell). Dépassé par son pouvoir, il vit une crise identitaire dénonçant la pression sociale devant le concept de la métamorphose de l’individu, emblème de la différence sociale. Il en est de même pour la mutation des humains en vampires. Après avoir été mordus et bu le sang de leur nouveau géniteur, ils sont déposés dans une fosse creusée dans la terre par le vampire « créateur ». La notion de transformation est ici intimement liée à celle de la contamination, déjà relevée dans le Dracula de Coppola, parabole des années Sida. Les êtres vivants sont donc tous inhérents à la nature, propre à tout changement physique et psychologique. Le surnaturel vient à ce moment légitimer les mutations, rapprochant la civilisation du monde animal et végétal et de leurs pulsions les plus primitives.

 

Hélas, l’exhibition des corps est tellement répétitive que chaque scène à connotation sexuelle se banalise jusqu’à frôler l’ennui le plus total. A force de trop montrer, de multiplier les enjeux des personnages qui n’en méritent plus, et de parfaire sa notion de romantisme, True Blood s’enfonce dans ses propres travers. Dès la sixième saison, les acteurs donnent l’impression de ne plus s’impliquer. La faute à un scénario étriqué et sans ambition véritable qui finit par installer Sookie et Tara sur le gibet de potence télévisuelle. La septième et ultime partie de la série sombre définitivement dans le pathos, à grands coups de théâtre malheureusement prévisibles, dans laquelle le reste du casting tente tant bien que mal de sauver un final navrant malgré le destin assumé et jusqu’au-boutiste d’un des personnages principaux.  En témoignent les audiences qui passent de plus de 5 millions de téléspectateurs pour les saisons 3 à 5 (contre moins de 2 millions pour la saison 1), à 4 millions pour la septième saison.

 

Evan Rachel Wood dans True Blood - HBO

Evan Rachel Wood dans True Blood – HBO

 

En dépit de cette baisse de qualité, True Blood regorge néanmoins de points positifs. A commencer par la diversité des thèmes abordés, comme l’addiction (au V et à l’alcool), la guerre en Irak (le cousin du shérif Bellefleur hanté par les combats), et la religion (la confrérie du Soleil ou la bigoterie des habitants de Bontemps). A noter aussi, les interprétations mémorables d’Evan Rachel Wood en reine des vampires de Louisiane, et de Rutger Hauer en homme-fée. Quant à la bande originale de Nathan Barr, elle devient indissociable de cet état du sud, avec des partitions à cordes impressionnantes de maîtrise, où le violon oscille entre terreur et passion rocambolesque. Pour le reste, les titres musicaux, résolument plus rock, assignent Black Rebel Motorcycle Club, Cat Power, Ryan Adams ou encore Lynyrd Skynyrd.

 

Mais la palme de la série revient définitivement à son générique extraordinaire, qui dépeint l’histoire de la Louisiane avec un flot d’images marquantes, dont une partie tirée d’archives. Il montre des arrestations racistes, des images de chanteuses de Gospel, du Ku Klux Klan, d’animaux tués, en décomposition, entrecoupées de danseuses au rythme lancinant.   Le tout, dérangeant, est contrebalancé par la musique Bad Things, diablement enjouée de Jace Everett. Ainsi, True Blood, en terminant sur une note malheureuse, enterre son statut de série culte qu’elle s’était faite dans ses premières années mais n’en demeure pas moins une œuvre qui a eu le mérite de l’audace, le pouvoir de fasciner son public et lui faire croire encore au merveilleux.

 

 

 

  • Série Américaine TRUE BLOOD diffusée sur HBO du 7 Septembre 2008 au 24 Août 2014.
  • Créateurs et Scénaristes : Alan Ball, Mark Hudis, Brian Buckner, Alexander Woo, Raelle Tucker…
  • Casting : Anna Paquin, Stephen Moyer, Sam Trammell, Ryan Kwanten, Rutina Wesley, Chris Bauer, Nelsan Ellis, Alexander Skarsgard, Rachel Evan Wood…
  • Producteurs: Alan Ball, Brian Buckner, Bruce Dunn, Christina Jokanovich, Alexander Woo…
  • Cinq Saisons de 12 épisodes de 55 minutes et deux Saisons de 10 épisodes de même durée.
  • Diffusion en France sur OCS et sur NT1 depuis le 23 Décembre 2008.

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Source: CBO Box office

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