L’un des écrivains les plus influents et prolifiques de sa génération s’est éteint dans son appartement de Brooklyn, laissant derrière lui un héritage littéraire marqué par son style unique et ses explorations des complexités de l’existence humaine.
Paul Auster, né en 1947 à Newark, New Jersey, de parents d’origines juives issus de familles européennes, se retrouve très vite plongé dans le monde des livres par l’intermédiaire d’un oncle traducteur.
À l’âge de douze ans, il commence ainsi à écrire, tout en développant un intérêt pour le baseball. Un thème qui deviendra récurrent dans ses romans.
Pendant ses études à Colombia, il s’immerge dans les littératures française, italienne et anglaise et se lance également dans la traduction d’auteurs français et découvre Paris. Après avoir évité le service militaire au Vietnam, il retourne en France pour tenter sa chance dans le cinéma, mais finit par abandonner cette voie pour se consacrer à l’écriture.
Les années qui suivent sont marquées par des difficultés financières. En 1979, après un divorce et des échecs éditoriaux, la mort de son père lui apporte un héritage financier, lui permettant de reprendre pied.
Il commence sa carrière d’écrivain avec un premier ouvrage qui capte rapidement l’attention du microcosme littéraire : L’invention de la solitude (1982), une réflexion poignante sur le deuil et la mémoire, inspirée par la perte de son père. Dans les années qui suivent, Paul Auster publie plusieurs Å“uvres et explore différents genres littéraires.
C’est de 1985 à 1987, avec sa Trilogie new-yorkaise, qu’il consolide sa réputation d’auteur à suivre. Composée de Cité de verre, Revenants et La chambre dérobée, cette série de romans policiers métaphysiques l’établit comme un maître du genre, utilisant les conventions du polar pour explorer des thèmes existentiels profonds, tels que l’identité, la solitude et la quête de sens dans un monde en mutation.
Au fil des décennies, il continue de passionner les lecteurs avec une série d’Å“uvres diverses, allant de la fiction à l’autobiographie en passant par l’essai. Des romans tels que Moon Palace (1989), Leviathan (1992), Le Livre des illusions (2002) ou plus récemment 4 3 2 1 (2017) confirment son statut d’écrivain polyvalent et innovant.
Comme le souligne Deadline, l’influence de Paul Auster ne se limite pas à la littérature. Bon nombre de ses ouvrages ont été adaptés en longs-métrages. Il a également laissé sa marque sur le monde du cinéma en tant que scénariste et réalisateur.
Son scénario pour Smoke (1995), réalisé par Wayne Wang, a remporté l’Independent Spirit Award du meilleur premier scénario, tandis que sa collaboration avec Wang sur Brooklyn Boogie (Blue in the Face, 1995) et Le Centre du monde (The Center of the World, 2001) a élargi son champ d’expression artistique et lui a permis d’explorer de nouveaux horizons créatifs.
Paul Auster a par ailleurs influencé des cinéastes comme Jim Jarmusch (une empreinte particulièrement visible dans Patterson) ou Wong Kar-Wai, avec qui il partage un style minimaliste et une profonde méditation sur l’identité, la solitude et le destin. L’exploration de la vie quotidienne des personnages, noyaux récurrents chez ces deux réalisateurs, rappellent également les thèmes de l’absurdité et de l’isolement présents dans ses romans.
Tout au long de sa carrière, Paul Auster a été salué pour sa prose élégante et évocatrice, sa capacité à capturer l’essence de l’expérience humaine avec une profondeur et une sensibilité inégalées. Son décès laisse un grand vide dans le monde de la littérature et du cinéma, qui restera à jamais imprégner par l’essence de l’auteur new-yorkais.
Christophe Laurent