Synopsis : Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes – de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…
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Avec deux films à Cannes, Jim Jarmusch, lauréat du Grand Prix pour Broken Flowers (2005) et de la Caméra d’or pour Stranger Than Paradise (1984) est décidément toujours aussi cool. Très cool. Trois ans après Only lovers left alive, pour lequel il a raflé le prix Cannes Soundtrack, cette figure du cinéma indépendant est revenu en lice pour la Palme d’or en mai dernier sur la croisette. Paterson, qui garde toujours le même ton drôle, tendre et décalé de sa filmographie, est un peu un succulent mélange entre Coffee and Cigarettes, Smoke de Wayne Wang – voire même sa suite Brooklyn Boogie coréalisée par Paul Auster –, et Un jour sans fin d’Harold Ramis, à travers cette idée de comique de répétition. On est ainsi plongé durant sept journées dans l’existence immuable et bien ordonnée de Paterson, chauffeur de bus et poète à ses heures, dans la ville de Paterson, New Jersey. Jarmusch nous livre ici une chronique de vie, où ce trentenaire ordinaire côtoie différents personnages, tous bien sympathiques, qu’il retrouve aux mêmes heures dans les mêmes lieux (le bus, le bar) pour parler de choses et d’autres. Il ne s’agit pas tant de leur faire jouer des saynètes que de les faire se rencontrer. Car personne ici n’est bénéficiaire d’un quelconque changement dans leur caractérisation ; Paterson trouvant seulement un peu d’inspiration auprès d’une toute jeune poétesse et d’un homme de passage qui lui parle de William Carlos Williams. Dans cette comédie dramatique, divisée donc en sept chapitres journaliers, démarrant chaque matin vers 6h, caméra en plongée, sur le couple au réveil, Jarmusch rend la routine et la banalité du quotidien agréables, frivoles et poétiques, tout en célébrant cette ville dite « des poètes » pour ceux qui y ont vécu ou séjourné. Mais aussi à son ami Iggy Pop, qu’il met d’ailleurs en lumière dans l’excellent documentaire Gimme Danger (en salles le 1er février). Sa mise en scène reste toujours enlevée, laissant juste apparaître en surimpression la prose que Paterson rédige sur son carnet de notes. Adam Driver incarne sobrement cet individu calme et nonchalant qui aime la folie douce de sa compagne, sans vraiment toujours la comprendre, accompagnée de son bouledogue. Cette artiste perchée, portée par la beauté lunaire de Golshifteh Farahani, ne conçoit en effet son existence (sa garde-robe, son appartement, sa voiture, ses objets…) qu’en noir et blanc avec des motifs circulaires. Ainsi, Jarmusch signe avec Paterson une ode à la vie qui a pour véritable intention de faire vibrer tout ce microcosme le temps d’une semaine, au rythme des musiques cool et immersives de Sqürl.
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- PATERSON écrit et réalisé par Jim Jarmusch en salles le 21 décembre 2016.
- Avec : Adam Driver, Golshiftedh Farahani, Kara Hayward, Trevor Parham, Luis Da Silva Jr. Jaden Michael, Sophia Muller…
- Production : Joshua Astrachan, Carter Logan
- Photographie : Frederick Elmes
- Décors : Mark Friedberg
- Costumes : Catherine George
- Son : Robert Hein
- Musique : Sqürl
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 1h53
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