Pionnier de la Nouvelle Vague française dans les années 60, le réalisateur derrière À bout de souffle, Pierrot le fou ou encore Le Mépris, s’est éteint en ce mardi 13 septembre à Rolle, en Suisse, à 91 ans.
Membre fondateur de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard emporte avec lui un morceau de cinéma français. D’abord critique aux Cahiers du cinéma avec François Truffaut, Éric Rohmer et Jacques Rivette, aujourd’hui tous disparus, il milite pour un cinéma français qui sort de l’adaptation de romans et des studios.
Connu pour ses œuvres radicales et politiques, Jean-Luc Godard figure parmi les réalisateurs les plus acclamés de sa génération. Son premier long-métrage, À bout de souffle, suit la fuite de Jean-Paul Belmondo, pourchassé par la police, et sa liaison avec une étudiante américaine (Jean Seberg) à Paris.
Né à Paris en 1930, le cinéaste grandit entre la capitale et la Suisse. N’éprouvant aucun intérêt pour l’école, il fréquente les ciné-clubs où il retrouve François Truffaut, Jean Gruault, Jacques Rivette et Claude Chabrol. Ils alimentent ensemble La Gazette du cinéma dans laquelle Jean-Luc Godard publie ses premières critiques à l’âge de 19 ans.
C’est ensuite en 1951 qu’il rejoint la rédaction des Cahiers du cinéma avec ses amis du ciné-club. Il y prône un cinéma d’auteur qui ne se contente pas d’une simple transposition d’un roman sur grand écran, très à la mode à l’époque. Fervent défenseur d’Alfred Hitchcock et Howard Hawks, il se lance, avec les autres jeunes cinéphiles des Cahiers, la réalisation et bouleverse le paysage cinématographique français.
Durant les années 60, Jean-Luc Godard réalise sept films avec sa première épouse Anna Karina et marque les esprits avec Le Mépris. Réalisée en 1963, l’histoire suit un écrivain de théâtre et sa femme à Cinecitta afin de négocier un contrat avec un producteur dans le but de remanier le scénario d’un film basé sur l’Odyssée et mis en scène par Fritz Lang. Porté par l’icône de l’époque Brigitte Bardot, le long-métrage est salué par la critique et reste l’un des grands classiques du cinéaste.
Auteur d’une centaine de films en plus de soixante-dix ans de carrière, Jean-Luc Godard a reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2010, le prix du jury au Festival de Cannes en 2014 pour Adieu le langage, ainsi que la Palme d’or, il y a quatre ans, pour Le Livre d’image, un film expérimental consacré au monde arabe.
Emilie Bollache