Pour la première fois de son histoire, le comité d’organisation du Festival de Cannes va décerner une Palme d’Or d’honneur collective à un studio de cinéma. Un choix audacieux pour récompenser les centaines d’artistes qui travaillent depuis près de quarante ans à façonner d’inoubliables mondes animés.
Le Château dans le ciel (1986), Mon voisin Totoro (1988), Porco Rosso (1992), Princesse Mononoké (1997) ou encore plus récemment Le vent se lève (2013), autant de chefs-d’Å“uvre qui auront marqué des générations entières, et provoqués de fortes émotions contraires (et que vous pouvez retrouver en intégralité sur Netflix, dont les droits de diffusion viennent d’être prolongés).
Ghibli, c’est une touche inimitable, des récits reconnaissables entre mille et une multitude d’artistes divers aux manettes, incarnés par les réalisateurs stars Hayao Miyazaki et Isao Takahata.
Au fil de plus d’une vingtaine de longs métrages, le Studio Ghibli a su captiver avec des Å“uvres où se mêlent poésie et engagements humanistes et écologiques, transportant les spectateurs du monde entier dans des univers à la fois singuliers et universels. Récompensé à maintes reprises, le Studio a reçu l’Oscar du meilleur film d’animation en 2002 pour Le Voyage de Chihiro (coiffant au poteau Lilo & Stitch de Disney), et plus récemment cette année pour Le Garçon et le Héron (2023).
L’Å“uvre du studio est souvent citée comme une source majeure d’inspiration pour des figures emblématiques de l’industrie de l’animation, comme John Lasseter du studio Pixar. Fervent admirateur de l’animation en 2D et du film Le Voyage de Chihiro, les inspirations de l’artiste américain se révèlent notamment dans Vice-Versa (2015), récit initiatique tumultueux d’une jeune fille confrontée à un déménagement familial. Les thématiques explorées dans le Disney-Pixar résonnent avec celles de l’œuvre de Myazaki, offrant une perspective similaire sur le voyage intérieur et les défis de la fin de l’enfance.
« Je suis vraiment honoré et heureux que le studio reçoive la Palme d’or d’honneur, déclare Toshio Suzuki, co-fondateur du Studio Ghibli, dans ces propos recueillis sur le site de cette 77e édition. « J’en remercie le Festival de Cannes du fond du cÅ“ur. Il y a quarante ans, Hayao Miyazaki, Isao Takahata et moi-même avons créé le Studio Ghibli avec le désir de proposer des films d’animation de haut niveau et de grande qualité aux enfants et aux adultes de tous âges. […]. »
Le Festival de Cannes s’est intéressé très tôt au cinéma d’animation, avec la présentation de courts métrages de Walt Disney dès 1946 et de Dumbo l’année suivante. Mais jusque-là , aucun film du Studio Ghibli n’avait été récompensé sur la Croisette. Cela sera maintenant chose faite, et avec les honneurs.
L’attribution de cette Palme d’or d’honneur revêt une signification profonde et est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du cinéma d’animation et du 7e Art dans son ensemble.
En honorant le Studio Ghibli, le Festival reconnaît non seulement l’excellence de ses réalisations, mais aussi son rôle crucial dans l’évolution du paysage cinématographique mondial.
Christophe Laurent