Synopsis : Claire Bennett va mal. Il n’y a qu’à voir ses cicatrices et ses grimaces de douleur dès qu’elle fait un geste pour comprendre qu’elle souffre physiquement. Elle ne parvient guère mieux à dissimuler son mal-être affectif. Cassante et parfois même insultante, Claire cède à l’agressivité et à la colère avec tous ceux qui l’approchent. Son mari et ses amis ont pris leurs distances avec elle, et même son groupe de soutien l’a rejetée. Profondément seule, Claire ne peut plus compter que sur la présence de sa femme de ménage Silvana, qui supporte difficilement de voir sa patronne accro à l’alcool et aux tranquillisants. Mais le suicide de Nina, qui faisait partie de son groupe de soutien, déclenche chez Claire une nouvelle fixation. Tout en s’intéressant à la disparition de cette femme qu’elle connaissait à peine, Claire en vient à s’interroger sur la frontière ténue entre vie et mort, abandon et souffrance, danger et salut. Tandis qu’elle se rapproche du mari de Nina et de leur fils, Claire trouvera peut-être un peu de réconfort…
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Entre justesse et retenue, Jennifer Aniston joue ici probablement son meilleur rôle à ce jour, qui lui a valu en outre de recevoir une nomination aux Golden Globes et au SAG. Elle nous impressionne, grâce en partie au travail du scénariste Patrick Tobin. Les dialogues de ce récit, qui évite soigneusement l’écueil du mélodrame et du tire-larmes, sont en effet savoureux et mémorables. Il n’y a donc rien d’étonnant à savoir que Cake figurait dans la Black list de 2013 des meilleurs scénarios non produits. L’ex-Rachel de Friends porte ce drame sur ses frêles épaules, soutenue par une sympathique distribution comme Felicity Huffman (Desperate Housewives) et Anna Kendrick (THE VOICES – notre critique). Cette dernière, vitale au récit, nous permet de comprendre progressivement ce qui se trame réellement dans la tête de l’héroïne, Claire Bennett, qui établit des conversations imaginaires avec cette défunte. Le rythme bat ainsi aux mouvements du cœur de cette femme irascible qui ne veut plus se souvenir ni ressentir de douleur en avalant pléthore de médicaments. La musique douce et peu perceptible nous aide à la suivre dans sa trajectoire initiatique jusqu’au final émouvant. Le générique de fin qui reprend Halo de Beyoncé par Gary Lightbody (chanteur de Snow Patrol) nous maintient encore quelques minutes dans cette atmosphère. La mise en scène de Daniel Barnz, qui signe son quatrième long métrage, adopte souvent les gros plans pour accentuer l’expression de ces personnages déchirés de l’intérieur. Leurs cicatrices émotionnelles jaillissent ainsi en chacun d’eux à travers seulement un regard ou un soupir. L’ensemble est emporté visuellement par les choix esthétiques surprenants de la directrice de photographie Rachel Morrison. Chaque plan est une splendeur baignée de couleurs célestes. Ainsi, bien que Cake semble être un drame mineur en apparence, il tire toutefois son épingle du jeu grâce à un scénario touchant et à une actrice principale étonnante qui parvient à gommer quelque peu l’ombre de Rachel qui planait sur sa carrière cinématographique.
- CAKE réalisé par Daniel Barnz en salles le 8 avril 2015.
- Avec : Jennifer Aniston, Adriana Barraza, Anna Kendrick, Sam Worthington, Felicity Huffman, Marnie Gummer, William H. Macy, Chris Messina, Alma Martinez, Britt Robertson, Lucy Punch, Camille Mana, Camille Guaty …
- Scénario : Patrick Tobin
- Production : Ben Barnz, Mark Canton, Kristin Hahn, Courtney Solomon
- Photographie : Rachel Morrison
- Montage : Kristina Boden, Michelle Harrison
- Décors : Joseph T. Garrity
- Costumes : Karyn Wagner
- Musique : Christophe Beck
- Distribution : Warner Bros
- Durée : 1h42
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