Synopsis : Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l’avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.
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Rien de pire qu’une promesse non tenue. « Vous allez adorer Terminator Genisys » a déclaré un James Cameron pris en flagrant délit de mensonge. Voici l’exemple type d’un blockbuster de producteur à équation : franchise Terminator + retour de Schwarzenegger = succès garanti sur le papier. Mais qu’en est-il à l’écran ? Les années 80 font à nouveau l’actualité. Après JURASSIC WORLD (notre critique) et MAD MAX FURY ROAD (notre critique), voici le retour du Terminator. Face aux franchises de l’univers Marvel, le cinéma hollywoodien cherche une supposée bouffée d’air frais en recyclant les succès de jadis. Si le premier a rendu hommage à ses pairs en retrouvant la recette du divertissement que l’on croyait perdue, le second, le meilleur, a su renouveler une saga à  tous les niveaux. Malheureusement, Terminator est à la traîne derrière, en dépit d’une multitude de bonnes idées mais rarement transformées. Son échec, face aux deux autres icônes du cinéma populaire, est dû au fait que ce n’est pas une franchise extensible. Son univers est clos, ses personnages inamovibles et figés dans le marbre de l’espace-temps. Ils ont fini depuis longtemps d’épuiser le filon créé par James Cameron, qui a réalisé une œuvre définitive avec Terminator 2. On ne peut s’empêcher de penser à lui ici, tant il manque aux images. Ensuite, Arnold Schwarzenegger peine à se renouveler. Au bout du rouleau métallique, il s’autoparodie, comme Charles Bronson, justicier sans fin dans la ville. La peur a disparu en même temps qu’apparaît la lassitude.
Lorsque le Terminator faisait de l’humour dans Terminator 2 avec la légendaire citation ‘Hasta la vista, baby’, il renforçait son charisme. Ici, nos rires révèlent le pathétique des situations. Aucune réplique culte ne nous a d’ailleurs été octroyée. Dans une séquence forte, Schwarzenegger, en très mauvaise position, dit à Kyle Reese (Jai Courtney) : « prends soin de ma Sarah ». Si ce passage est assez réussi émotionnellement, il va cependant à contresens d’une machine qui n’en éprouve aucune. Le Terminator n’est plus le héros mais le faire-valoir. C’est bien l’une des faiblesses majeures de ce cinquième épisode. Si Arnold Schwarzenegger semble faire encore illusion quant à ses capacités physiques, il s’en serait mieux tiré en traînant sa gueule et son accent impossibles comme chef de clan plutôt que de se niveler aux batailles de rue.
Le réalisateur Alan Taylor ne paraît d’ailleurs jamais diriger ses acteurs qui restent en surface, déclamant leur texte de manière immuable. Mais la mâchoire serrée n’a jamais fait une carrière et il est étonnant de constater à quel point Emilia Clarke, si charismatique et sublime dans GAME OF THRONES (notre critique saison 5), est ici mal mise en valeur et à l’étroit dans un personnage mal construit. Idem pour Kyle Reese. Jai Courtney, qui reprend le rôle de l’excellent Michael Biehn, était déjà présent dans le pire et dernier opus de la saga Die Hard de John Moore. Si l’on apprécie la subtilité du scénario aux multiples voyages dans le temps, ceux-ci empêchent aussi de construire en profondeur les personnages, désormais perdus au point de ne plus savoir qui ils sont. Plutôt que de prendre l’ascenseur du temps, on eut préféré qu’il emprunte ses couloirs et nous montre un univers parallèle à la Fringe.
Terminator Genisys s’adresse donc en priorité aux initiés de la franchise. Paradoxalement, cette même histoire racontée de Sarah et John Connor contre les machines, nous renvoie à  Resident Evil qui recycle à l’envi les mêmes thèmes auxquels on ne croit plus tant ils ont été étirés. Terminator Genisys se révèle dès lors comme un film souvenir, qui nous rappelle combien nous avions aimé Terminator 2. Alan Taylor, cinéaste de 50 ans avec cinq productions à son actif, dont le décevant Thor : Le Monde des Ténèbres, mène de manière mécanique son équipe de robots, sans proposer une quelconque leçon du cinéma. Il semble regarder les scènes d’action sans jamais les filmer vraiment. Elles n’innovent pas, l’image est médiocre et la musique industrielle. Au final, Terminator Genisys est un techno-thriller qui manque d’entrain et dont le happy end (avant la surprise à la Marvel révélée dans le générique de fin) laisse malheureusement augurer une nouvelle suite.
- TERMINATOR GENISYS d’Alan Taylor en salles depuis le 1er juillet 2015.
- Avec : Arnold Schwarzenegger, Jason Clarke, Emilia Clarke, Jai Courtney, Bryung-Hun Lee, Matt Smith, JK Simmons, Dayo Okeniyi, Courtney B. Vance, Michael Gladis….
- Scénario : Laeta Kalogridis, Patrick Lussier d’après les personnages créés par James Cameron et Gale Anne Hurd
- Production : Dana Goldberg et David Ellison
- Photographie : Kramer Morgenthau
- Montage : Roger Barton
- Décors : Neil Spisak, Jay Hart
- Costumes : Susan Matheson
- Musique : Lorne Balfe
- Distribution : Paramount Pictures
- Durée : 2h06
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